jeudi 3 novembre 2016

Ma fille et les princesses Disney


Ce matin je prenais mon bon petit café chaud dans le salon pour me réveiller mais en même temps faire disparaître ma gueule de bois après une soirée arrosée la veille!On a changé d'heure cette nuit et c'était l'occasion de gagner une heure de sommeil mais dans le langage de notre bande c'était l’occasion de gagner une tournée de shots!
 Bref au café ce matin, ma petite méduse collante et adhésive, qui déteste qu'on l'appelle la petite princesse, jouait à côté de moi avec sa Barbie et ses amis fictifs. J'écoutais ce qu'elle disait et la regardais jouer. Sa Barbie inerte est morte et allongée dans un lit spécial. Ma puce faisait tout ce qu’elle pouvait pour la réanimer et la faire revivre, elle a tout essayé en vain mais il lui restait une seule et unique option qui n’est d’autre que le fameux "true love kiss" ou un pur baiser d'amour pour se réveiller. Comment faire, il faut trouver le meilleur candidat sauf qu’il y avait plusieurs prétendants qui faisaient la queue pour embrasser la Barbie morte mais ça ne marchait pas, ce n’était pas vrai, pas pur, pas du fond du cœur aux yeux de la puce!Je l'écoutais mais n'avait pas la force de discuter avec elle alors cet aprèm j'ai décidé de lui écrire car sa pauvre Barbie n’a pas eu l’occasion de trouver son prince afin de vivre heureuse jusqu’à la fin des temps ! La petite est bercée par les premiers films Disney avec les douces voix des belles princesses, leurs folles aventures et leurs beaux princes charmants. Ces films comme Cendrillon, la belle au bois dormant, Blanche Neige qui reflètent la société aux alentours des années 1937 ou les douces, soumises, gracieuses, rêveuses, romantiques et naïves femmes ne font pratiquement que subir leur destin, même lorsqu’il y a un changement dans leur vie, ce n’est pas par une décision de leur part, mais à cause d’une personne ou d’un fait extérieur. De même, elles ne s’en sortent pas par leurs propres moyens mais sont toutes sauvées par un prince.
 Et puis viennent les méchantes de Disney ayant les traits d’une femme forte, pas seulement au sens où elles représentent une menace pour le héros ou l’héroïne du film comme tout méchant qui se respecte mais une femme qui représente un danger pour l’homme car soit elle domine l’homme soit elle est complètement indépendante ! Elles s’opposent donc aux héroïnes qui sont soumises aux hommes ou du moins dépendantes sur le plan physique et affectif. Car en bonne princesse Disney, elles obéissent au personnage masculin, sont sauvées par lui et finissent dans ses bras avec un beau mariage de princesses qui fait rêver toutes les jeunes filles. Donc une fille bien est une fille soumise et dépendante sur tous les plans et inversement une fille indépendante et qui a du pouvoir est une méchante qui n’a pas trouvé l’homme qu’il lui fallait, devient aigrie, frigide, délurée et mal baisée.Il y a deux catégories de méchantes, les pas assez féminines reconnaissables à leur air hautain et froid, à leur ton sec et autoritaire ainsi qu’à leur vêtements serres qui recouvrent l’intégralité de leur corps, comme la reine de Blanche-Neige, la marâtre de Cendrillon, ou Maléfique dans La belle au bois dormant.Et celles qui sont trop féminine, elles sont « hystériques », des « putes », ou autres « nymphomanes ». Celles-ci sont facilement reconnaissables à leur exubérance : elles parlent beaucoup et fort, s’habillent avec mauvais goût, se trémoussent de manière vulgaire. En bref, elles en font toujours trop et ne savent vraiment pas se tenir comme là Médusa dans Les Aventures de Bernard et Bianca, Ursula dans La petite sirène ou Cruella dans Les 101 dalmatiens. Tout cela me ramène aux années passées chez les bonnes sœurs, au cour de civisme donne par une bonne sœur, au jour où elle nous avait expliqué l’attitude que nous devons avoir envers nos futurs maris. Il fallait préparer le souper en avance, le soir précédent s’il le faut, afin qu’un délicieux repas l’attende à son retour du travail. C’est une façon de lui faire savoir que nous avons pensé à lui et que nous nous soucions de ses besoins. Aussi, il fallait prendre 15 minutes pour nous reposer afin d’être détendue lorsqu’il rentre. Retoucher notre maquillage, mettre un ruban dans nos cheveux et être fraiche et avenante. S’il a passé une journée en compagnie de gens surchargés de soucis et de travail, sa journée a besoin d’être égayée et c’est notre devoir de faire en sorte qu’elle le soit ! Sacrée bonne sœur, elle a passé son enfance à regarder les premiers films Disney et nous faire comprendre ultérieurement que le seul destin d’un être humain dote d’un utérus est de devenir une femme, celle qui rigole bêtement lorsqu’un homme ouvre la bouche, trouve toutes ses idées géniales, le comprend, le pardonne et l’aime envers et contre tous. Je ne sais pas pour la bonne sœur, mais Disney a évolué avec le temps, nous offrant par un virage radical une belle adaptation à la société actuelle. Ma fille peut se mettre à regarder en boucle la Princesse des neiges avec une héroïne libérée et délivrée qui n’a pas besoin du baiser du prince mais d’un amour fraternel pour dénouer la situation ou Ariel, la petite sirène, qui va décider seule de prendre son destin en main en faisant le choix de se rendre chez Ursula, afin de découvrir le monde des humains et retrouver Éric, ceci contre l’avis de son père.
Les nouvelles princesses sont maintenant des jeunes femmes qui ont du caractère et n’hésitent pas à le montrer. Elles savent ce qu’elles veulent, et peu importe si cela ne correspond pas à ce que les autres attendent d’elles. Heureusement que les femmes ont évolué, car coté homme ce n’est pas toujours le cas, comme le stéréotype masculin que j'ai croisé hier en boite lors de ma sortie avec mari idéal, le régulier du vendredi devenu pour l'occasion le régulier du vendredi et du samedi soir, et 2 copains djeuns. Il y avait à la table devant nous 3 mecs venus comme nous faire la fête, a un détail près, et draguer des filles. L’un d’eux abordait les filles pour demander un briquer afin d’allumer sa clope et sa flamme si ça match. Nous avons sympathisé un peu et le régulier du vendredi lui a trouvé un briquet pour lui éviter l’effort de quémander toutes les 2 minutes à quoi il a répondu que ça va l’empêcher de draguer.Un autre a trouvé sa proie, une belle blondinette qui fait 1.70m, il a dansé avec elle le tango, la dance de l’amour, sur un air de « Aicha » et l’embrassant dès qu’il le pouvait. De retour avec ses amis, il était fier, intouchable et arrogant. Il n'avait plus assez de sang pour irriguer son cerveau, son focus s'est fait sur une partie génitale de survie, il s'est pris pour le roi de la jungle, Alexander le grand, le conquéreur de tous les temps avec un taux de testostérones au max.La danse avec la blondinette aurait titillé le bonhomme, elle a nourri le besoin de conquête et accru l’intérêt amoureux et a permis à la tension de tomber, a la quête de prendre fin puisqu’il est parvenu à ses fins. Mais au moment où notre régulier du vendredi lui prend des bonbons de sa poche il lui fait un doigt d'honneur, il était perdu et agressif. La réalité, ma fille, est loin des stéréotypes du rêve Disney ou les hommes peuvent rouler une pelle aux filles quand elles sont endormies, peuvent séquestrer une fille, enlever son père, l’insulter comme un ouvrier en manque sur un chantier mais se la taper à la fin quand même s’ils sont assez beaux, virils et riches, ou contre l’homme parfait, viril, actif, associe à la vie publique et aux responsabilités, puissance et respect, la femme est, elle, à double facette : idéalement belle, bonne, passive, au foyer, mère et épouse potentielle ou maléfiques, laides, jalouses, cruelles et magiques !   

samedi 15 octobre 2016

Une waiting liste à la libanaise


Tous les ans, avant mon retour au pays, vers la mi-juin, il y a un attentat à la bombe dans une des régions déstabilisant un calme précaire voire annonçant mon arrivée. Un signe qui rappelle à ma meilleure amie mon arrivée imminente!

Tous les ans, après mon retour au pays, je réalise que rien n'a changé, qu'il n'y a toujours pas le courant électrique 24/24, qu'il n'y a toujours pas une connexion internet en permanence, que les groupes électrogènes font des pauses toutes les 5 heures de fonctionnement car selon la mentalité générale un groupe électrogène se "fatigue" si il fonctionne trop souvent, un concept à exporter car les créateurs de ces derniers ne l'ont précisé que sur les manuels d'utilisation envoyé spécialement au Liban.

Il y a de quoi pleurer et surtout s'inquiéter car depuis ma petite enfance j'attends l'arrivée du bateau important du fuel au port de Beyrouth, une arrivée promettante car c'est l'espoir d'avoir l'électricité 24/24 et jusqu'à aujourd'hui ce bateau n'est toujours pas arrivé à quai. C'est 38 ans d'attente, 38 ans d'espoir, 38 ans de suspense!

Heureusement que dans mon pays natal il y a des histoires qui me font encore pleurer de rire, des histoires incroyables qui ne peuvent arriver que dans ce pays atypique.

L'autre jour, mes cousins viennent  nous rendre visite. Nous avons ressuscité le passé et tous nos souvenirs d'enfance, nos souvenirs de guerre et de jeunesse insouciante et innocente, l'inquiétude de parents en période de guerre et de fausse interprétation des faits.
Parmi les anecdotes, ma cousine nous racontait son périple avec une employée de nationalité Éthiopienne. Elle avait décidé d’embaucher la fille pour l’aider dans la garde d’enfants à la crèche qu’elle gère et donc elle la convoque à un entretien d’embauche afin de se mettre d’accord. Le moment venu ma cousine se rend compte que la fille n’avait pas son passeport car, monnaie courante dans certains pays, l’ex-employeur avait gardé le passeport de cette dernière et ne l’a jamais rendu depuis.
Ma cousine décide d’entrer en contact avec l’ex-employeur afin de récupérer le passeport, la personne au bout du fil lui confirme qu’elle rendra le passeport en question à la personne concernée si cette dernière se présente elle-même pour le récupérer. Un rdv a été pris !
Éthiopienne va au rdv comme prévu sauf que a sa grande surprise son ex-employeur avait contacté la police en même temps et sont venu eux aussi au rdv. Ils commencent de long interrogatoires et se rendent compte que la fille n’a pas volé ou casse ou commis un acte illégale, elle a juste fuit un emploi avec une personne qui la maltraitait. Dans un cas comme celui-là, la fille qui a fugué de son emploi avec une carte de résidence au nom de son ex-employeur doit faire 3 jours de prison avant d’être mise dans le premier avion en direction de son pays d’origine.
Elle a été emmené au poste et les policiers ont commencé à lui expliquer que les prisons au Liban sont bondées de monde, qu’elle ne peut pas avoir de place immédiatement et donc sans liquider son séjour ils ne peuvent pas l’expulser, qu’elle restera en situation illégale dans le pays mais toujours sous leur surveillance, elle ne peut pas travailler légalement et doit attendre qu’ils la rappellent.
Elle est sur la liste d’attente pour aller en prison !!!

Je sais qu’il y a une liste d’attente souvent car l’offre est inférieure à la demande, que ça peut concerner différentes situations comme par exemple la gestion des avions au décollage, des passagers sur un vol, des administrés aux guichets mais je n’aurais jamais imaginé une liste d’attente pour aller en prison.

Reste à savoir si des cas pareils relèvent de l’ironie de sort ou cas classique dans un pays atypique et déconcertant ?

Sur une note un peu plus politique je termine en levant le rideau sur les lacunes d’un système pénitentiaire défectueux mais qui blâmer ? La désuétude d‘une législation libanaise ? la violation dans l’application de la loi ? ou le laisser-aller de nos politiciens qui affirment que tout va bien dans le meilleur des mondes ?

jeudi 13 octobre 2016

Le mystère de Marrakech



Ce matin j'avais une envie de jus de grenade. Il faut dire que j'attends avec impatience la saison, j'adore ce fruit, ou baies plus précisément, un véritable concentré de bienfaits santé et de saveurs.
En épluchant mes fruits, travaille méticuleux et long, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer la vulnérabilité de certains pépins, il y a ceux qui s'accrochent et ceux qui sont  tenu par un fil, à peine on ouvre le fruit ils tombent direct. Mon esprit n’a pas eu besoin d’effort pour aller vagabonder dans mes pensées en observant ces grenades qui, depuis des temps immémoriaux, sont le symbole de la vie, de la fertilité, de la puissance, de l’amour et de la sexualité.

La semaine dernière la bande était de sortie à Marrakech, on a rejoint notre copain le surnommé régulier du vendredi avec 3 de ses copains casablancais pour faire la fête. Pendant la soirée un des potes casablancais m’approche, lance une discussion et me demande comment on fait pour vivre à Marrakech une ville en pleine explosion mais aussi la ville de tous les excès et des festivités? Il faisait allusion au fait qu’il passe un bon moment en boite, il danse, il consomme et il est entouré de filles sur leur 31 qui ne cherchent qu’un simple « contact visuel » pour commencer une aventure nocturne. Il est vrai que soir-là, bizarrement, il y avait beaucoup de filles célibataires, sur leur 31, seins refaits, décolleté plongeants, « des étudiantes » (prostituées en jargon local) qui entourent notre table.
J’ai été surprise par sa réflexion mais je n’ai pas eu le courage de répondre car il est passe à un autre sujet avec une vitesse pas croyable, il a commencé à commenter le problème de mon pays natal, le Liban, du proche orient et puis honnêtement ce n’est pas le sujet qui me passionne le plus, un sujet que les puissances mondiales n’ont pas pu résoudre depuis bientôt 100 ans et surtout pas à minuit avec 220db dans les oreilles !

Pas plus tard que ce matin, j’ai pris un café avec les habitués du meeting après le dépôt des enfants à l’école dans notre seul et unique café qui n’est autre que la station d’essence la plus proche de l’école, nous avons parlé des relations, des mariages, des infidélités, des idées reçues que peuvent avoir les habitants de Marrakech sur les couples, les liaisons, les séparations surtout quand on entend des histoires incroyables régulièrement. Car dans la ville ocre on croise toute sorte d’étrangers-résidents-expatriés, de la femme au foyer italienne fraichement reconvertie dans la décoration ou l’évènementiel au vieux d’artistes-peintres américains tombés amoureux du Maroc lors d’une antécédente visite, le rénovateur espagnol de Riad, le coach sportif anglais spécialisés dans les cours de yoga ultra tendance.
Il y a ceux qui viennent vivre car ils ont eu un bon poste avec une super qualité de vie pour leur famille et un temps qui fait rêver loin des pluies et ciels nuageux d’Europe mais qui ne pensent qu’au bienêtre temporaire que peut assurer ce confort à leur tribu. Et, il y a ceux qui n’ont pas eu une vie avant Marrakech et viennent s’éclater, revivre leur adolescence car grâce à l’euro, n’importe quel chômeur européen peut venir travailler au Maroc et monter son affaire dans l’hôtellerie. Ils tombent vite dans les excès, l’alcool et dans les bras de jeunes filles/mecs qui eux tombent vite dans leurs bras, brisant des couples, des familles et des rêves.

Je ne vais pas parlé des pervers sexuels, des vieux pédophiles et vendeurs de hachich, les faits divers abondent  dans ce sens. Mais je veux raconter la dernière info du jour, l’histoire d’un directeur d’un restaurant branché de Marrakech, qui après l’ouverture officielle de son restaurant accorde une interview à une journaliste pour faire parler du lieu et faire la publicité dans le but de lancer son dernier bijoux, bijoux pour lequel il a quitté son pays d’origine, son boulot pour venir gérer ici entrainant femme et enfants dans une nouvelle aventure avec tout ce que cela peut avoir comme poids lourd à gérer.  L’entretient, bien arrosé, avec la journaliste se termine dans les chiottes du restaurant, a l’écoute des services de sécurité qui n’avait pas le droit de filmer dans un endroit pareil.
Bilan de tout cela, une infidélité qui a couté son job au directeur, son couple et son séjour à Marrakech.

Mon ami marocain m’a envoyé hier une blague qui disait : « puisqu’on vit au Maroc, on doit recevoir un courrier de félicitation tous les ans car nous avons passé l’épreuve avec brio ! » je ne sais pas ce qu’il insinuait mais dans le vagabondage de mes pensées et l’ère du temps ça m’a fait rire.  


Reste à savoir qui peut passer, avec excellence, le test Marrakech. Un test de l’état amoureux, de l’union éternelle, de la stabilité des couples, de la résistance à l’épreuve du temps. Marrakech nourrit elle des attentes inexistantes ?  Serait-elle la ville de toutes les tentations ou une simple bombe à retardement?

mardi 17 mai 2016

Un fauteuil




En mars dernier, mon papa est venu me rendre visite à Marrakech. Il n’était pas encore venu me voir depuis que j’ai posé mes valises dans la ville rouge.

J’avais longuement insisté pour qu’il vient et ceci pour deux raisons : la première est que je voulais qu’il voyage, qu’il prend l’avion, qu’il bouge car depuis qu’il a eu son AVC, il y a deux ans, il n’a plus remis les pieds dans un avion, il s’est mis à la retraite forcée et prétexte ne pas être au top de sa forme pour faire quoique ce soit. La deuxième raison, qui rejoint un peu la première, est que depuis toujours il a négligé sa santé, son poids et son diabète, encore plus depuis la mort de maman et depuis son AVC.
Donc je considérais ce voyage comme une sorte de cure pour son corps avec un régime surveillé par mes soins et une cure pour le moral avec cette incitation au voyage, à l’autonomie et une motivation pour le reste de sa vie, de quoi lui prouver que la perte de l’équilibre et marcher avec une canne ne sont pas un obstacle, ne peuvent pas empêcher une personne de profiter de la vie, de vivre tout cour.

L’expérience était une réussite, tout c’est super bien passe, il a profité, il a perdu du poids, il a fait du sport matin et en fin de journée et il a découvert la ville rouge rajoutant par cela une nouvelle ville sur sa liste de villes africaines déjà visitées.

De mon côté, j’ai beaucoup insiste pour qu’il prend l’avion tout seul, pour qu’il vient me voir mais ce que je n’ai jamais avoue c’était la peur au ventre que j’avais en préparant ce voyage avec lui et mon frère. Je flippais car mon enthousiasme endormait la vision de la réalité, ma raison s’est réveillée une fois les billets réservés. Et s’il lui arrive un malaise ? Et s’il n’arrive pas à se débrouiller tout seul comme il n’est pas à 100 pour 100 autonome ? Et si les services d’assistance à personnes à mobilité réduites ne sont pas fiables, pas compétents ? Et si, et si….
Je voulais des réponses avant l’heure alors j’ai commencé mes recherches sur internet, j’ai cherché les avis des internautes ayant utilisés les services au Maroc car ayant utilisés ces mêmes services au Liban l’été dernier je savais à quoi m’attendre et aussi car j’appréhendais tout le service médical ici.
Les avis étaient tous négatifs, les expériences étaient toutes mauvaises, les internautes parlaient de fauteuil roulants dégradés et en mauvais état, d’un service catastrophique, que la prise en charge des personnes a mobilité réduite est tout simplement catastrophique, non seulement à cause du matériel qui est sale et défectueux mais aussi très dangereux pour la sécurité des voyageurs.

La recherche n’a fait qu’ajouter plus de stress à ma détresse. Le jour du voyage est arrivé, papa fut pris en charge au Liban comme prévu, tout allait bien. Puis à l’atterrissage au Maroc, papa fut pris en charge avant de quitter l’avion par les hôtesses de l’air en attendant l’arrivée du service spécialisé. Une personne très aimable,  souriante et professionnelle a transporté papa depuis l’avion jusqu’aux arrivées, l’aidant à récupérer ses bagages. Cette personne a utilisé son téléphone portable pour appeler mari-idéal qui avait une minute de retard à cause d’un trafic inhabituel dans le parking de l’aéroport. Au retour c’était le même service impeccable, souriant et aimable, papa est parti heureux et bien pris en charge.

La plupart des matins, après avoir déposé les enfants à l’école, on se retrouve en bande d’amis pour prendre un café dans le restaurant de la station d’essence la plus proche de l’école, devenu notre lieu de rencontre matinal avant de se séparer pour nos taches habituelles. On parle de tout et de rien, de la chirurgie esthétique, des problèmes de l’école, on planifie nos évènements, nos soirées poker et on échange les dernières découvertes. L’autre jour, un copain installe au Maroc depuis bientôt 17 ans, me disait qu’il fait complètement confiance au service médical marocain, que toutes les expériences qu’il a eu ici étaient d’une réussite irréprochable. Ça m’a redonné confiance.

Puis, il y a deux jours, ce même ami, emmène sa famille, son frère et un ami pour un trekking à vélo en montagne. Au moment de la descente, en s’arrêtant l’ami s’est tordu la cheville, rien de grave a première vue mais il a été escorté en voiture à l’hôpital le plus proche. On lui a fait le nécessaire en attendant de l’envoyer à l’hôpital à Marrakech. Mais ce qui a marqué les esprits dans toute cette aventure c’était le fauteuil roulant utilisé. De quoi pleurer, éclater de rire et admirer l’ingéniosité des gens pour se tirer d’affaire. Les locaux ont improvisé et inventé un fauteuil roulant, voire une chaise roulante, à l’aide des chaises de plastique de jardin et des pièces de vélo.

Parfois dans le pire cauchemar qui peut nous arriver, on ne peut que s’incliner face à l’ingéniosité de certains bricoleurs qui par la force de leur imagination et le manque de moyens ont réussi à créer des objets pour l’utilisation courante.


mercredi 4 mai 2016

Xanax, une histoire d’amour…




IL y a des amis que l’on voit une fois tous les 10/15 ans et on a l’impression qu’on venait de se quitter la veille, que pendant 10 ans rien n’a changé à part une ride sur le visage ou deux kilos sur  les hanches. Evidemment aujourd’hui avec nos vies assez publiques sur les réseaux sociaux, on arrive à suivre le dernier régime de nos copines, les dernières vacances, l’arrivée du nouveau-né et l’opinion politique des grands-parents des amis.

Il y a deux jours, ma cousine était à Marrakech car étant une jeune poète - romancière elle était une invitée d’honneur du salon du livre et de poésie en langue arabe. J’ai profité pour la voir et passer un peu de temps avec elle pour rattraper les 11 ans qu’on a passé loin l’une de l’autre. On avait eu beaucoup d’aventures ensemble, aventures des plus bizarres et hors norme, rien qu’en y pensant 20 ans après on éclate de rire. Mais pas que !

Le hasard ou le manque de communication 12 ans en arrière ont fait que l’on s’est marie le même jour chacune de son côté. On n’a pas pu assister à nos mariages respectifs. On vivait toutes les 2 à l’étranger et on a organisé nos mariages avec les moyens disponibles et l’aide d’amis très fidèles et parents motivés puis on s’est rendu compte de la date quand on a échangé nos faire-part de mariage.

Il y a 3 ans, on a vécu, chacune de son cote, une tragédie qui nous a marque a jamais, on a perdu chacune un être cher a une semaine d’intervalle. Dans deux pays différents, au moment où moi je perdais ma mère, ma cousine perdait son fils, les deux à cause du cancer.
Ne pas être là l’une pour partager le bonheur de l’autre dans les événements heureux c’est compréhensible mais ne pas être là pour une amie pendant un moment difficile c’est inconcevable. Ceci nous est reste à travers la gorge jusqu’à notre rencontre hier ou nous avons pu discuter, nous avons pu faire un point, nous avons pu partager nos histoires et limite faire un deuil ensemble.

Nous avons raconté nos histoires, s’arrêtant sur les petits détails, les impressions que nous avons eues, les sentiments, la douleur et les peines. Nous avons parlé des amis qui étaient présents, de la famille et des personnes qui faisaient semblants de pleurer et de ceux qui t’ont toujours mal traité de ton vivant et qui pleurent à ton enterrement.
Mais l’enterrement d’un être cher est un moment de transe totale, d’état d’exaltation, d’angoisse et d’anxiété. Pour tenir le coup, des membres de ma famille m’ont obligé à prendre du Xanax dès l’annonce de la mort de ma mère et ceci pour tenir le coup. Novice en la matière j’ai accepté. Je n’étais pas au courant de la tendance du moment dans mon pays natal. Il a fallu une expérience douloureuse, quelques mois d’angoisse et ma meilleure amie pour m’expliquer.

Le plus choquant était à un certain moment clé de l’enterrement quand je suis partie en live dans les bras de mon cousin et que une vingtaine de membre de ma famille sont venu m’aider, tous penche au-dessus de ma tête me coupant l’air et entrain de hurler. Une petite partie de moi a réussi a se détacher et observait l’ambiance générale. Je me souviens de ma tante qui demande aux femmes autour d’elle si quelqu’un avait du Xanax et d’une façon très spontanée les femmes ont commencé à fouiller dans les sacs à main. Le geste était d’un naturel que si quelqu’un observait la scène de loin, il aurait cru que les dames cherchaient un mouchoir, le xanax n’étant pas un indispensable que l’on garde sur soi !

Ma cousine de son coté, est arrivée à l’aéroport sous xanax, suivie par le corps rapatrié de son fils afin de l’enterrer dans son pays natal. Les membres de sa famille étaient en pleure à l’aéroport, elle essayait de les calmer comme elle était en état second grâce aux cachets elle avait oublié sa peine pour quelques minutes.
Puis elle me raconte qu’elle a été introduite à ce tranquillisant suite à la mort de son fils juste comme moi, pour une petite parenthèse de 3 jours, pour traiter le trouble panique ou les troubles d’anxiété a l’inverse de la voisine de ma cousine qui est fière de raconter qu’elle réduit les cachets de Xanax en poudre et les sert dans la sauce de la salade à tous les membres de la famille confondu afin de les rendre tranquilles pour la journée !

Il est vrai que dans mon pays natal, une grande majorité avale du Xanax ou du Lexotanil quotidiennement et sans modération pour oublier le stress de la vie de tous les jours, les poubelles étalées dans les rues, les odeurs puantes des ordures, la circulation, les politiciens et leurs promesses, les talk-shows télévisés et les risques de guerre. Ajoutons à cela la vie de famille pas toujours facile, la gestion des enfants, de l’école, du mari/la femme pas souvent idéal, des beaux-parents, ….
Il est vrai qu’il y a de quoi faire une chute de tension, une apoplexie ou une crise cardiaque. Le pire est que les médecins prescrivent ceci à tout le monde pour le moindre petit stress ou la petite anxiété du quotidien et ils oublient qu’une bouffée d’oxygène, un émerveillement devant un beau ciel et un superbe coucher du soleil derrière une mer bleu, applaudir à un concert sous le ciel étoilé des artistes locaux et étrangers, rire aux éclats, savourer un bon vin local, faire du sport, une bonne alimentation, de l’amitié et de l’amour sont le secret d’une bonne forme mentale et physique sans dépendance à un produit addictif.

Je ne veux pas dire par là que la dépression clinique soit un effet de mode. Dans les années 1990 comme aujourd'hui, il y a toujours eu des personnes véritablement déprimées, au sens médical du terme et qui ont accueilli avec soulagement le réconfort que le Prozac pouvait leur procurer. Mais au-delà de ça, les réalités modernes justifient-elles une dépendance accrue au Xanax?

Nous sommes désormais dans l’ère du Xanax, cet emblème de l’humeur nationale et avec lequel nous vivons aujourd’hui une histoire d’amour.

mercredi 13 avril 2016

Des parents architectes


Chaque matin j’aime démarrer ma journée par un bon café et une bonne lecture, seule au lit pendant que tout le monde dort. Puis ce matin, je tombe sur un article sommaire sur la vie avec des architectes et je commence à rigoler toute seule, je me retrouve. Si vivre avec un architecte peut s’avérer pénible, je me demandais comment mes 2 enfants vivent avec une mère ET un père architecte.
Quelle influence a-t-on sur eux, que fait-on de différents ?

En allant réveiller mon petit pour l’école, sa collection de Lego architecture, bien alignée sur sa table de chevet et à laquelle personne n’a le droit de toucher, me saute aux yeux. Il a une belle collection de monuments allant du Burj Khalifa à Dubaï à la Willis Tower à Chicago en passant par la tour Eiffel à Paris, pour ne citer que quelques un, un tour du monde de miniatures de grandes architectures.
En juin 2011, j’ai assisté au lancement de la gamme architecture de Lego au Bon marché à Paris et je me souviens des maquettes inédites qui étaient exposées, de véritables reproductions à grande échelle de certains modèles de la gamme : l’Empire state building ou le Guggenheim Museum mais ma préférée était et restera la Falling water, je me souviens que je suis restée un long moment en admiration devant cette maquette rêvant du jour où je construirais ces lego avec mes enfants.
Il est arrivé à mon fils de passer plus ou moins des nuits blanches pour construire ses maquettes, tout comme un grand professionnel ou un architecte en herbe.

Il est vrai que les premiers jouets qu’il a reçu et a transmis à sa petite sœur furent les jeux de construction en bois, car maman-papa étant architectes ils rêvent de construire, compiler, aligner et superposer des cubes, des cylindres, des briques et des triangles pour faire des tours ou des créations rigolotes avec une imagination sans limite.
Le jeu de Kapla est un grand classique à la maison  ou en cadeau à offrir aux amis. Un jeu imposé par des parents architectes car le but étant de favoriser l’apprentissage de la géométrie, de la physique et de la technologie tout en initiant l’enfant au monde de l’art, la création, l’univers des formes et des volumes.

Mais pour construire les maquettes, mon fils travail sur un bureau personnalisé, à hauteur réglable, créé par sa maman qui grandit avec lui, tandis que ma petite fille a un bureau en demi-cercle et un siège à 3 pieds accompagné par la théorie de l’équilibre que je lui explique au quotidien pour ne pas perdre pieds tout ça vient du faible qu’ont les architectes pour le mobilier design (parfois dangereux pour les petits) et du souhait d’en posséder quelques un, la chaise longue à réglages régulier du Corbusier, la chaise Barcelona de Mies Van der Rohe ou la lounge chair des Eames.
Ça ne se limite pas au mobilier, les tissus et les couleurs jouent un rôle important. Le choix des vêtements le matin et la coordination des couleurs est un apprentissage pour nous, l’occasion de parler du cercle chromatique, qui présente en général les couleurs sous forme discontinue, des arcs de cercles égaux étant consacrés à chacune des nuances que nous avons appris en première année d’archi et des couleurs primaires couleurs qui ne peuvent pas être reproduites par un mélange d’autres couleurs. Alors les enfants ne peuvent que demander s’il est bon de mixer du rouge vermillon avec du bleu cyan, du magenta ou du taupe afin de ne pas être traité de « sapin de noël déambulant » quand ils croisent maman le matin !

L’amour de la précision et de la perfection se transmet aussi mais parfois c’est génétique. Aimer aligner les objets sur la table de chevet, placer la chaise dans un sens pas dans un autre, caler son assiette dans l’axe de son corps ou même trier les livres par ordre, passer des heures pour ranger sont aussi nos qualités et nos défauts.
Il m’arrive, parfois, d’entendre des commentaires du genre « ton fils plie son linge sale avant de le mettre dans le panier à linge » ou « elle met beaucoup de temps pour faire ses dessins en classe car elle cherche la perfection dans l’exécution » en accentuant le ton « défaut ».

L’autre jour, nous avons reçu une amie de mon fils pour un déjeuner et un après-midi avec nous, nous avons fait beaucoup d’activités ensemble et nous avons terminé par un jeu de société qui s’appelle « Tic, Tac, Boom ». C’est un jeu de rapidité qui consiste à associer des mots à un thème proposé     avant que la bombe explose. Quand  le thème « sur un chantier » est arrivé, mon fils a sorti son vocabulaire de chantier : la grue, la peinture, un pilote, une tractopelle, un lexique bien fourni qui fait référence à une certaine expérience dans le domaine. Mais le mot le plus intéressant de la liste fut « Ma maman ! »

Si je fais la liste de ce que nous deux architectes transmettons indirectement à nos enfants je ne sors pas avec que des qualités, loin de là. Certaines qualités sont un fardeau dans la vie de tous les jours surtout avec des amis qui ne partagent pas les mêmes notions au point de devenir des défauts pour l’entourage ou même un manque de laisser aller à force de chercher la perfection.


Mais, en résumé et en tant qu’architecte, j’ose espérer qu’un jour mes enfants auront une culture architecturale par leur parent, une culture humaniste ou l’homme est au centre de la pensée !

samedi 9 avril 2016

Je me comprends


Depuis la mort de ma petite maman, assister à des enterrements ou des funérailles était devenu un calvaire pour moi. Jusqu’à il y a une semaine, je n’avais assisté qu’à un seul enterrement celui de la tante d’un ami très proche et j’avais chialé comme si c’était mon propre enterrement !

La semaine dernière j’ai appris la mort du père d’une amie/âme sœur, je rentrais d’une semaine de vacances à Séville ou j’avais assisté avec ma famille à la semaine sainte.
Pour ceux qui, comme moi, ont fait la messe buissonnière, la semaine sainte est depuis le Moyen-âge la célébration religieuse la plus importante d’Espagne. Durant ces 8 jours dédiés à la passion du Christ, j’ai vécu avec un grand nombre Sévillans, d’Espagnols, d’étrangers, de croyants et de non croyants au rythme des processions.
J’ai vécu une intensité esthétique et spirituelle unique en son genre grâce à un phénomène religieux et artistique, sérieux et joyeux, simple et voluptueux. Pendant cette ouverture émotionnelle, apprendre la mort d’un proche ou la souffrance d’une amie peut réveiller les plus profonds des sentiments.

Les 3 jours précédents les funérailles, je n’ai pas dormi, j’ai pleuré et j’appréhendais le moment. Je suis arrivée à la cérémonie dans tous mes états. La douleur de la perte que j’ai vécue il y a 3 ans est toujours là, la souffrance est à la hauteur de la perte et le temps n’a pas effacé la plaie.
Puis, en garant la voiture dans le parking de l’église, mon homme-idéal et moi, nous tombons sur le Don Juan du groupe, venant aussi de loin pour soutenir la famille du défunt dans un moment difficile. Fidèle à lui-même, Don Juan fait l’éloge de ma beauté en guise de bonjour mais je l’arrête tout de suite car je lui explique que « moi moche et méchant » je ne voyais pas la beauté de laquelle il parlait. Alors il me secoue avec la vérité, il me dit que je me sous-estime beaucoup, que je suis très jolie, que ce corps qui me dégoûte est juste canon, que mon mari-idéal devait me le dire tous les jours et que si je n’étais pas mariée il me sauterait tout de suite, la sur le parking et enfin, tout en mordant sur la main, il me dit « je me comprends ».
Venant d’un homme d’expériences, un homme au style particulier et loin de l’harcèlement sexuel, Je me sens flattée, ça fait plaisir d’entendre cela quand on est au fond du trou, ça remonte le moral, caresse l’ego et ça donne un fou rire euphorique dans des moments inappropriés pareils.

Puis hier, à l’occasion de l’anniversaire de mari-idéal, la bande s’est retrouvée autour d’un déjeuner, un dîner et un after. La bande de copain est composée de restaurateurs et hommes du bâtiment. Des hommes de tout âge et de toutes les expériences argumentent des discussions autour des cèpes, des moules, du camembert, des saveurs diverses, des cerveaux en ébullitions, des quantités de sangs insuffisantes pour irriguer tous les organes sollicités par la nourriture, les discussions et l’imagerie mentale et des « je me comprends ».
A la fin de la journée, les noms de code sont dévoilés très naturellement, les dormeurs assis sont photographiés, les caresses sur la tête ou sur les jambes deviennent de plus en plus flagrantes et les jeux de mots du plus silencieux deviennent encore plus créatifs et hallucinants pour terminer avec des turbo en marche de plus en plus bruyants et des corps allongés dans tous les coins de la maison squattant le salon, les chambres et la terrasse.

Je me retrouve très souvent en tant seule femme de la bande, ça m’amuse ! Issue du monde du bâtiment je suis vaccinée alors j’écoute, je rigole,  je prends notes et j’alimente mon blog.
Je me sens bien, dans mon élément, pas de chichi, pas d’effort d’intégration et pas de moments ennuyeux. Ils ne manquent pas de respect à mon égard et ne me considèrent pas invisible.
Je sais que souvent ils s’excusent pour les dépassements en présence d’une femme mais ça ne les empêche pas de remettre le couvert, de déconner encore plus après, de terminer la journée à l’aube par un fou-rire comme seul remède antipsychotique !

A la question : «  depuis quand date ton dernier fou rire ? Celui qui secoue ton ventre, te fait virer rouge tomate, te fait pleurer, te tordre et gesticuler dans tous les sens… le vrai, l’euphorisant, l’irrépressible fou rire ? »

Je réponds: Hier !

samedi 20 février 2016

La ferme à Kech


Je me souviens de cet extrait d’un film français où une chef dans un restaurant étoilé parlait de la cuisine française avec un chef fraichement débarqué d’Inde. Elle lui apprenait les bases de la cuisine française à commencer par les 5 sauces : la béchamel, le velouté, la hollandaise, la tomate et l’espagnole.
Il lui demande : « tu trouves ça dans les livres ? » et elle lui répond : «  Oui, mais elles servent à rien dans les livres, tu dois les mettre dans ton cœur puis dans ta casserole »
J’adore cette réplique, elle résume tout le processus d’apprentissage, appliquer ce qu’on apprend tout en y mettant son cœur comme dirait Pestalozzi «  apprendre avec la tête, avec le cœur  et avec les mains ».

Depuis peu, la petite miss, en moyenne section à l’école américaine du coin, a commencé son unité d’apprentissage sur les animaux. On en parle tous les jours, on prévoit tous les jours après l’école des moments ludiques autour de ses films préférés et des promenades pédagogiques aux écuries du domaine où on habite pour voir et toucher les chevaux et surtout pour en discuter.
Les animaux font partie de notre quotidien, les chiens des voisins, les chats dans notre jardin, la sourie sur le t-shirt du grand frère, les chèvres qui nous donnent du lait pour le petit déjeuner, les poules et les œufs beldi…. Tout est bon pour apprendre et mettre en pratique une gymnastique d’éducation entre travaux théoriques et pratiques. Il faut dire que le sujet est facile aussi.

Ce matin nous avons fait un « art Project » comme on l’appelle dans notre jargon familial, avec les moyens du bord ainsi que beaucoup d’imagination et nous avons créé des animaux avec de la colle, des cuillères en plastiques et du papier. Nous avons discuté de la forme du coq, la couleur des abeilles, la tête d’un lion, c’était ludique et un super moment mère-fille pour lui faire oublier le « field-trip » de l’école hier !




Depuis 4 jours je suis clouée au lit par un virus de grippe et je suis assommée par des doses de corticoïdes afin de pouvoir reprendre mes fonctions au plus vite possible car notre frigo est vide et les enfants sont, sans le vouloir, laissés à l’abandon.
J’étais KO hier après-midi, shootée par les médicaments, suspendue entre rêve et réalité quand la petite miss est rentrée de l’école toute excitée car elle avait une sortie scolaire à la ferme et voulait tout me raconter. Elle devait visiter une ferme avec sa classe et voir des animaux pour comprendre et mettre en pratique ce qu’elle apprend à l’école.

Elle arrive avec une boite métallique au nom de 2 filles et remplie de chocolat et de bonbons puis me raconte que la musique était trop forte et qu’elle a pleuré un peu. Bon moi je suis shootée mais j’arrive encore à faire une différence entre ce qu’elle me racontait et la ferme, une exploitation agricole et d’élevage d’animaux que j’avais en tête. Une ferme qui transforme et commercialise des produits fermiers tels que le fromage, les produits laitiers, les œufs, les fruits, les légumes mais pas les bonbons et chocolats kinder et autre que ma petite miss avait en main.
Et puis la musique ???? Quelle musique dans une ferme ??? Ce n’est pas Disney world qu’elle devait visiter mais une ferme…. Elle doit me parler de bruitages d’animaux de la ferme, tous les cris et sons caractéristiques des vaches, cochons, moutons, du cheval, des ambiances de bassecour, d'écurie, d'étable et de bergerie...  

Mais la petite miss insiste devant ma surprise et me parle de piscine, de mickey, de buffet, de gâteau et danse…..
J’ai vite compris, que ce que l’école nous avait vendu en « field-trip » éducatif pour visiter une ferme et voir les animaux n’était qu’une sortie organisée par une famille locale pour faire un anniversaire géant à leur fille avec des enfants de l’école en tant que extra figurines car ils doivent se douter que s’ils invitaient pour un anniversaire ils risquaient de ne pas avoir grand monde. Ils avaient mis tous les moyens dont ils disposaient avec des animations, de la musique, des châteaux gonflables, un énorme buffet le long de la piscine non protégée et des invités de la famille qui ne sont même pas à l’école.  

Depuis hier, je suis indignée face à une école qui me vend un rêve et une théorie à 10000euros l’année, une éducation qui me coute un bras, une sécurité de nos enfants quasi nulle puisqu’ils partent en bus à une ferme sans avoir envoyé un éclaireur en avance vérifier le programme, le lieu ni même le site dans un pays classe alerte rouge par les hauts dirigeants.


Je ne peux que me demander si la culture se transmet d’une génération à la suivante à la façon d’un héritage, j’ai mal choisi ma destination !


samedi 13 février 2016

La Fête à Kech


Je suis sortie hier faire la fête et je suis rentrée à 06h du matin. J'ai dû dormir 2hr car les obligations de maman m'ont sortie très tôt du lit. Je n'arrive pas à rassembler mes idées pour écrire tout ce que j'ai en tête tellement j'ai des histoires à raconter.
J'ai fait la fête avec 4 hommes, mon mari et 3 de ses copains. Des copains avec qui la soirée est toujours au-delà de nos espérances, des copains qui savent faire la fête, des copains qui savent nous faire rire avec des expériences hors pair.

Nous étions les 3  réguliers de la bande des soirées marrakchi, un ami électricien qui a le don de faire  passer le courant pour une soirée inoubliable avec toute délicatesse et un 5ème qu'on n'a pas vu depuis un bail car aujourd'hui il vit la vie incroyable de la haute société en jet privé de Paris à New York et jusqu'à l'Afrique du sud pour faire des soirées avec l'élite fortunée dans des palaces, les carnavals, les courses de chevaux et les ventes aux enchères de voitures de collection. Une nouvelle vie dans laquelle il baigne par amour et qu'il dit avoir besoin parfois de vendre un rein pour pouvoir suivre le rythme.

Entre Beyrouth, Londres, Vegas, Ibiza et Paris j'ai réussi à faire la fête dans les plus belles et les plus extravagantes boîtes de nuit du monde mais je n’ai jamais halluciné comme à Marrakech. Une fois dans ma vie, un inconnu m'a touché les fesses en allant seule aux toilettes et c'était inhabituel et déplacer. A Marrakech limite j'ai un garde du corps quand je veux quitter la table pour aller au petit coin. Je ne dis pas que ce genre de choses n’arrive pas à l'étranger mais c'est moins flagrant qu'ici! 
Hier, les filles/femmes étaient déchaînées, nous ne pouvons ne pas distinguer les mariées des non mariées, les dragueuses des étudiantes (pour désigner les putes en jargon local) sans poser des questions ou sans les aborder. 

Une fille a attiré toute notre attention, elle était vêtu d'un petit chiffon, les mecs pariaient qu'elle n'avait pas de culotte, se déchaînait sur scène offrant un spectacle extravagant, provoquant et sexuel à toute l'audience que les managers l'ont laissé sur scène, acte interdit d'habitude. Puis nous avons découvert un homme d'un certain âge la filmer avec son portable et il s'est avéré être son mari. Les serveurs, les agents de sécurité et tous les mecs n'avaient de yeux que pour elle avec des grimaces qui foutait la honte à toute la gente féminine. Au point qu'un homme à côté de moi me sort: "j'ai envie de lécher sa chatte, c'est ma spécialité!!"

Puis en offrant quelques coupes de champagne à droite et à gauche on s'est retrouvé avec 4 filles sur notre table.
Une des filles m'a dit "boit un petit verre pour pouvoir t'amuser" comme si je ne termine pas la bouteille je ne vais pas profiter du moment, comme si je ne me saoule pas à fond je ne vais pas m'amuser!!!! Les limites n'existent pas. Comme pour ses 2 anglaises qui sont venues profiter d'une soirée marrakchi entre elles, qui ont finies à notre table et qui ont terminé complètement ivre, dormant debout ou écroulée sur la banquette les vêtements dans tous les sens exhibant des parties de leur anatomie mais qui ont eu la chance de tomber sur notre groupe avec des mecs respectueux et gentleman qui les ont aidé à sortir de boîte avec tous leurs effets personnels et mis dans un taxi en direction de leur hôtel. 


Mais ma grande découverte était le langage du monde de l'hôtellerie et de la restauration. Moi qui croyait avoir tout entendu dans le monde du bâtiment avec un langage cru, j'ai découvert qu'en cuisine on parle de "manger des moules car les huitres coupent la langue et que les moules sont trop bonnes et à effet relaxant même si elles sentent le poisson car elles ne peuvent en aucun cas sentir la truffe et que je ne peux jamais comprendre"