lundi 7 mai 2012

Au nom de la mode

Il y a 5 mois, défiler dans les rues de Paris, faire les magasins, voire la dernière collection à la recherche de la pièce phare à suspendre dans le dressing et boire un café en terrasse n’étaient pas un luxe mais un quotidien.
Il y a 5 mois, j’observais les tenues des working girls en traversant les Champs-Elysées tous les jours pour aller travailler.
J’étais contente de reconnaitre la marque des sacs à main, de la robe ou des chaussures grâce à ma notion générale nourrie régulièrement dans les magazines ou en vitrines.
Il y avait le plaisir de voir les autres filles habillées dernier cri ou tout simplement resplendissante en tenue casuel.  
Mais il y avait aussi le plaisir partagé de se déhancher en robe, jupe ou jean slim avec des stilletos ou ballerines en fonction du programme de la journée : bureau ou chantier.
Rien ne m’empêchait de choisir une belle tenue le jour de chantier et de troquer mes stilletos contre des bottes de chantier dans la voiture sur le parking avant la réunion. Ca prenait 5 minutes mais ça valait le coup !
A Paris, il y avait une charte officieuse qui circulait entre nous obligeant toutes les femmes à se faire belles, à avoir une tenue correcte digne des plus grandes enseignes, dénichée dans un temple de la mode ou chez le petit chinois rue de Belleville !
Aujourd’hui le décor a changé, exit Paris pour une nouvelle destination. Une destination ou les femmes se promènent en « Abaya », tenue traditionnelle que je respecte, rien à dire.
La « Abaya » est portée au-dessus des autres vêtements non imposés. Il y en a des très belles et de toutes les couleurs ! Ce n’est pas le sujet.  Ce qui attire mon attention c’est les variétés de chaussons que les femmes portent dans la rue. Je ne peux m’empêcher de me demander si c’est juste par manque de temps qu’elles ne les troquent pas contre de vraies chaussures ou simple mode locale ?
A ma connaissance les chaussons c’est des chaussures d’intérieurs pour un usage domestique de confort mais ils sont tellement confortables que les femmes les portent dans la rues. Il y a un défilé de chaussons de toutes les couleurs et les textures. Les jours de pluie elles sortent les chaussons en plastiques ou fourrés.
Le jour des courses, une autre tenue fait surface, celle du survêtement ! Ici, le jour des courses est un jour de sortie nationale. Toute la famille sort faire les courses. On y voit l’homme et la femme, les enfants même de bas âge mais surtout les grands-parents, parfois tellement fatigués de marcher qu’ils attendent sagement sur les bancs devant la grande surface pendant que le père de famille paie sa facture.
Le point comment de toute la famille est le survêtement avec les baskets.
Il y a 5 mois, porter des chaussons dans la rue n’était pas envisageable.
Il y a 5 mois, voire toute la famille dans une grande surface n’était qu’une illusion.
Il y a 5 mois, voire une femme stylée en pantalon moulant avec de belles chaussures n’était pas impossible.
Il y a 5 mois, lire le texte datant du 16 brumaire de l'an IX (7 novembre 1800), pris pour contrer le mouvement révolutionnaire des "sans culottes" en France, qui interdit aux femmes de porter un pantalon et qui les incite à demander l'autorisation à la police pour pouvoir se couvrir les jambes dans la capitale, n’était pas sans provoquer de fort fou rires.
Je ne peux que hurler très fort qu’ « au nom de la mode, les femmes doivent être des hors la loi et ça vaut le coup ! »