samedi 15 octobre 2016

Une waiting liste à la libanaise


Tous les ans, avant mon retour au pays, vers la mi-juin, il y a un attentat à la bombe dans une des régions déstabilisant un calme précaire voire annonçant mon arrivée. Un signe qui rappelle à ma meilleure amie mon arrivée imminente!

Tous les ans, après mon retour au pays, je réalise que rien n'a changé, qu'il n'y a toujours pas le courant électrique 24/24, qu'il n'y a toujours pas une connexion internet en permanence, que les groupes électrogènes font des pauses toutes les 5 heures de fonctionnement car selon la mentalité générale un groupe électrogène se "fatigue" si il fonctionne trop souvent, un concept à exporter car les créateurs de ces derniers ne l'ont précisé que sur les manuels d'utilisation envoyé spécialement au Liban.

Il y a de quoi pleurer et surtout s'inquiéter car depuis ma petite enfance j'attends l'arrivée du bateau important du fuel au port de Beyrouth, une arrivée promettante car c'est l'espoir d'avoir l'électricité 24/24 et jusqu'à aujourd'hui ce bateau n'est toujours pas arrivé à quai. C'est 38 ans d'attente, 38 ans d'espoir, 38 ans de suspense!

Heureusement que dans mon pays natal il y a des histoires qui me font encore pleurer de rire, des histoires incroyables qui ne peuvent arriver que dans ce pays atypique.

L'autre jour, mes cousins viennent  nous rendre visite. Nous avons ressuscité le passé et tous nos souvenirs d'enfance, nos souvenirs de guerre et de jeunesse insouciante et innocente, l'inquiétude de parents en période de guerre et de fausse interprétation des faits.
Parmi les anecdotes, ma cousine nous racontait son périple avec une employée de nationalité Éthiopienne. Elle avait décidé d’embaucher la fille pour l’aider dans la garde d’enfants à la crèche qu’elle gère et donc elle la convoque à un entretien d’embauche afin de se mettre d’accord. Le moment venu ma cousine se rend compte que la fille n’avait pas son passeport car, monnaie courante dans certains pays, l’ex-employeur avait gardé le passeport de cette dernière et ne l’a jamais rendu depuis.
Ma cousine décide d’entrer en contact avec l’ex-employeur afin de récupérer le passeport, la personne au bout du fil lui confirme qu’elle rendra le passeport en question à la personne concernée si cette dernière se présente elle-même pour le récupérer. Un rdv a été pris !
Éthiopienne va au rdv comme prévu sauf que a sa grande surprise son ex-employeur avait contacté la police en même temps et sont venu eux aussi au rdv. Ils commencent de long interrogatoires et se rendent compte que la fille n’a pas volé ou casse ou commis un acte illégale, elle a juste fuit un emploi avec une personne qui la maltraitait. Dans un cas comme celui-là, la fille qui a fugué de son emploi avec une carte de résidence au nom de son ex-employeur doit faire 3 jours de prison avant d’être mise dans le premier avion en direction de son pays d’origine.
Elle a été emmené au poste et les policiers ont commencé à lui expliquer que les prisons au Liban sont bondées de monde, qu’elle ne peut pas avoir de place immédiatement et donc sans liquider son séjour ils ne peuvent pas l’expulser, qu’elle restera en situation illégale dans le pays mais toujours sous leur surveillance, elle ne peut pas travailler légalement et doit attendre qu’ils la rappellent.
Elle est sur la liste d’attente pour aller en prison !!!

Je sais qu’il y a une liste d’attente souvent car l’offre est inférieure à la demande, que ça peut concerner différentes situations comme par exemple la gestion des avions au décollage, des passagers sur un vol, des administrés aux guichets mais je n’aurais jamais imaginé une liste d’attente pour aller en prison.

Reste à savoir si des cas pareils relèvent de l’ironie de sort ou cas classique dans un pays atypique et déconcertant ?

Sur une note un peu plus politique je termine en levant le rideau sur les lacunes d’un système pénitentiaire défectueux mais qui blâmer ? La désuétude d‘une législation libanaise ? la violation dans l’application de la loi ? ou le laisser-aller de nos politiciens qui affirment que tout va bien dans le meilleur des mondes ?

jeudi 13 octobre 2016

Le mystère de Marrakech



Ce matin j'avais une envie de jus de grenade. Il faut dire que j'attends avec impatience la saison, j'adore ce fruit, ou baies plus précisément, un véritable concentré de bienfaits santé et de saveurs.
En épluchant mes fruits, travaille méticuleux et long, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer la vulnérabilité de certains pépins, il y a ceux qui s'accrochent et ceux qui sont  tenu par un fil, à peine on ouvre le fruit ils tombent direct. Mon esprit n’a pas eu besoin d’effort pour aller vagabonder dans mes pensées en observant ces grenades qui, depuis des temps immémoriaux, sont le symbole de la vie, de la fertilité, de la puissance, de l’amour et de la sexualité.

La semaine dernière la bande était de sortie à Marrakech, on a rejoint notre copain le surnommé régulier du vendredi avec 3 de ses copains casablancais pour faire la fête. Pendant la soirée un des potes casablancais m’approche, lance une discussion et me demande comment on fait pour vivre à Marrakech une ville en pleine explosion mais aussi la ville de tous les excès et des festivités? Il faisait allusion au fait qu’il passe un bon moment en boite, il danse, il consomme et il est entouré de filles sur leur 31 qui ne cherchent qu’un simple « contact visuel » pour commencer une aventure nocturne. Il est vrai que soir-là, bizarrement, il y avait beaucoup de filles célibataires, sur leur 31, seins refaits, décolleté plongeants, « des étudiantes » (prostituées en jargon local) qui entourent notre table.
J’ai été surprise par sa réflexion mais je n’ai pas eu le courage de répondre car il est passe à un autre sujet avec une vitesse pas croyable, il a commencé à commenter le problème de mon pays natal, le Liban, du proche orient et puis honnêtement ce n’est pas le sujet qui me passionne le plus, un sujet que les puissances mondiales n’ont pas pu résoudre depuis bientôt 100 ans et surtout pas à minuit avec 220db dans les oreilles !

Pas plus tard que ce matin, j’ai pris un café avec les habitués du meeting après le dépôt des enfants à l’école dans notre seul et unique café qui n’est autre que la station d’essence la plus proche de l’école, nous avons parlé des relations, des mariages, des infidélités, des idées reçues que peuvent avoir les habitants de Marrakech sur les couples, les liaisons, les séparations surtout quand on entend des histoires incroyables régulièrement. Car dans la ville ocre on croise toute sorte d’étrangers-résidents-expatriés, de la femme au foyer italienne fraichement reconvertie dans la décoration ou l’évènementiel au vieux d’artistes-peintres américains tombés amoureux du Maroc lors d’une antécédente visite, le rénovateur espagnol de Riad, le coach sportif anglais spécialisés dans les cours de yoga ultra tendance.
Il y a ceux qui viennent vivre car ils ont eu un bon poste avec une super qualité de vie pour leur famille et un temps qui fait rêver loin des pluies et ciels nuageux d’Europe mais qui ne pensent qu’au bienêtre temporaire que peut assurer ce confort à leur tribu. Et, il y a ceux qui n’ont pas eu une vie avant Marrakech et viennent s’éclater, revivre leur adolescence car grâce à l’euro, n’importe quel chômeur européen peut venir travailler au Maroc et monter son affaire dans l’hôtellerie. Ils tombent vite dans les excès, l’alcool et dans les bras de jeunes filles/mecs qui eux tombent vite dans leurs bras, brisant des couples, des familles et des rêves.

Je ne vais pas parlé des pervers sexuels, des vieux pédophiles et vendeurs de hachich, les faits divers abondent  dans ce sens. Mais je veux raconter la dernière info du jour, l’histoire d’un directeur d’un restaurant branché de Marrakech, qui après l’ouverture officielle de son restaurant accorde une interview à une journaliste pour faire parler du lieu et faire la publicité dans le but de lancer son dernier bijoux, bijoux pour lequel il a quitté son pays d’origine, son boulot pour venir gérer ici entrainant femme et enfants dans une nouvelle aventure avec tout ce que cela peut avoir comme poids lourd à gérer.  L’entretient, bien arrosé, avec la journaliste se termine dans les chiottes du restaurant, a l’écoute des services de sécurité qui n’avait pas le droit de filmer dans un endroit pareil.
Bilan de tout cela, une infidélité qui a couté son job au directeur, son couple et son séjour à Marrakech.

Mon ami marocain m’a envoyé hier une blague qui disait : « puisqu’on vit au Maroc, on doit recevoir un courrier de félicitation tous les ans car nous avons passé l’épreuve avec brio ! » je ne sais pas ce qu’il insinuait mais dans le vagabondage de mes pensées et l’ère du temps ça m’a fait rire.  


Reste à savoir qui peut passer, avec excellence, le test Marrakech. Un test de l’état amoureux, de l’union éternelle, de la stabilité des couples, de la résistance à l’épreuve du temps. Marrakech nourrit elle des attentes inexistantes ?  Serait-elle la ville de toutes les tentations ou une simple bombe à retardement?