samedi 28 février 2015

PARIS, Avec un peu de retard,…





Sur le fronton de mon école au Liban, à l’inverse des écoles en France, il n’était pas gravé « Liberté, Egalité, Fraternité ». N’ayant pas conscience de leur importance, nous les avons jamais compris, nous n’avons jamais disserté sur ses 3 mots s’ils ne faisaient pas partie des textes de Molière, Voltaire ou autre grand écrivains du cursus, mais nous les vivons seulement !

Et pourtant, en 1990 j'avais 13 ans, je me baladais avec un copain dans les rues de mon village natal et on discutait de tout et de rien. Ce copain qui avait à peu près le même âge, était engagé depuis sa naissance avec un parti politique comme tous les membres de sa famille et essayait de me convaincre de les rejoindre. Il faut dire que j'étais parmi les rares au village à ne pas être de leur avis et qui avait sur sa table de nuit le livre « Les chemins de la liberté » de Jean-Paul Sartre pour vous aider à imaginer mon personnage !
Je me souviens très bien, comme si c'était hier, de ma phrase en réponse à ses arguments: "Aucun parti politique ne peut me représenter, ni aucun chef de parti ne peut me dicter mes pensées, moi j'ai mon avis personnel et ma seule arme sera mon crayon!"

C'était les valeurs que m'avais inculqué mon père libre-penseur. On n'avait jamais trop discuté ensemble, il était absent pour son travail et quand il revenait il devait partager son temps avec tous les membres de la famille. Mais il m'a toujours parlé de l'importance de l'éducation, de la culture et des valeurs à travers les histoires de son père aussi libre-penseur.
Ma mère de son coté, était fière de son cousin Charles Malik et ne pouvait pas s’empêcher de me rappeler leur lien de parenté à chaque fois que l’occasion se présentait. J’ai enfin fini par comprendre que dans mes veines coulait le même sang que ce diplomate, homme politique et universitaire libanais, le même sang que celui qui est un des rédacteurs de la « Déclaration universelle des droits de l’homme ».

Depuis l’âge de 5 ans, je rêvais de Paris, de la France et puis dès que j'ai eu la possibilité de partir, j'ai choisi la France comme pays d'adoption.  Le 7 Janvier 2015, une partie de l’équipe « Charlie Hebdo » est assassinée, ainsi que d’autres hommes et femmes, brigadier ou agent de maintenance. Et d’autres, plus tard. Sidération. Colère. Désolation. Impossibilité d’accepter ces morts qui ont pensé, dessiné, défendu la liberté et son pouvoir jusque quelques minutes plus tôt. Plein d’émotions dans les rues de Paris, beaucoup de désespoir sur le visages des français.

Depuis cet attentat j'ai clairement compris pourquoi cet amour pour la France. C'était comme mettre un visage sur un nom! Nous partageons beaucoup d'idéologies, en particulier la liberté profonde, la liberté de pensée, la liberté d'expression tellement chère à la France et à son histoire!!!
Depuis quatre jours je me balade dans Paris perdue, inquiète et mal dans ma peau. Aujourd’hui, je la quitte, blessée par l'infidélité, trahie par un amant qui n'a pas était au rendez-vous. Ce janvier, à l'inverse des janviers précédents, Paris a manqué à l'appel. Elle était perturbée, poignardée, sanglante, vidée de son énergie, sans son âme vivante....

On dit souvent que chaque personne a son âme sœur et durant sa vie une personne peut croiser son âme sœur ou pas. Moi mon âme sœur c'est Paris et quand elle va mal, je vais mal.