lundi 22 octobre 2018

Permis de conduire


A l’époque où j’ai passé mon permis de conduire je ne savais pas que c’était un test que j’allais continuellement passer chaque jour de ma vie et ce jusqu’au restant de mes jours.

Je me rappelle quand j’étais plus jeune, j’avais une peur insurmontable en voiture au point de rendre ma mère folle. Du coup quand j’ai eu 14 ans elle a décidé de commencer à me donner des cours de conduite elle-même pour essayer de dompter cette peur avant de devoir passer le permis. J’ai eu des cours avec elle tous les jours, sur des routes proches de notre village, des routes qui passent par plusieurs zones montagneuses avec des chaussées étroites, des courbes, des contre-courbes, des montées et des pentes au tracé sinueux.

Ma mère était une pro du volant, elle avait une concentration irréprochable, une position de conduite professionnelle et connaissait les règles de sécurité par cœur notamment celle des 2 secondes. Même si elle avait du mal à respecter les limitations de vitesses, les autres usagers de la route et la courtoisie au volant, elle connaissait parfaitement son véhicule, son fonctionnement et ses limites.

Vu que mon père était souvent absent pour son travail, c’était ma mère qui nous conduisait à l’école, en vacances, chez la famille un jour de pluie, chez les amis un jour de soleil et parfois aux abris sous les bombardements. Elle ne laissait passer aucune occasion pour nous rappeler, à mes frères et moi, qu’elle avait fait une cascade avec une petite fiat rouge lors d’un rallye quand elle était jeune, qu’elle a roulé sur 2 pneus et que surtout la conduite, pour elle, est un vrai plaisir, le plaisir de faire crisser les pneus, démarrer en trombe et faire des dérapages au frein à main.
Je ne peux pas nier que je n’aurais jamais rêvé avoir un meilleur moniteur pour apprendre à conduire et passer mon permis dès la première fois (petit clin d’œil à ma meilleure lectrice/éditrice qui se reconnaitra en lisant cette phrase)

Depuis l’obtention de mon permis et les cours de conduite avec ma mère, je n’ai jamais cessé d’apprendre et de m’améliorer, que ce soit avec les copains d’archi passionnés de formule 1 qui passait des enregistrements de voitures rapides en boucle lors de nos charrette, ou avec les copains motards qui sillonnent les routes périlleuses de la France, la route 40 de l’Argentine et les gorges du Dades au Maroc ou avec mon mari-idéal adepte des émissions auto-moto, turbo et de la chaine AB moteur, qui deux mains sur le volant et deux fesses sur le baquet me raconte souvent l’évolution de modèles automobiles mythiques.

Si toutes ces discussions, émissions, échanges et la peur de la perte de points sur le permis de conduire me poussent à appréhender la conduite en respectant les limitations de vitesse, les interdictions, les dangers, les règles de stationnement etc. ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde.

Tous les matins à l’heure où je dépose mes enfants et les après-midi à l’heure de la sortie de l’école, j’ai l’impression de repasser mon permis de conduire, de tester mes connaissances sur les limites de mon véhicule et de réviser les règles du code de la route.
Il m’arrive aussi de tester ma patience et ma courtoisie envers les autres conducteurs, parents, chauffeurs ou nounou, venant déposer ou récupérer des enfants.
Il m’arrive d’engueuler des chauffeurs qui insistent pour se garer dans un demi-emplacement très étroit entre 2 voitures et qui te niquent la voiture pour pouvoir ouvrir leur portière et descendre!
Il m’arrive aussi d’halluciner devant ces chauffeurs qui se garent du coté opposé par rapport à l’école et qui traversent la route nationale avec les enfants pour éviter de marcher 5 min dans le parking, vive la sécurité et la bonne conscience.
Il m’arrive parfois de vouloir donner des cours à madame qui ne sait pas différencier entre stationnement et arrêt, deux notions très différentes, qui n’a peut-être jamais lu le code de la route mais qui roule en berline de luxe. Madame, qui croit, vu le prix de la scolarité, avoir financé la construction et la survie de l’école, veut se garer en priorité devant la porte d’accès, dans une zone non réservée au stationnement et bloquer par-dessus le marché le passage des autres véhicules ajoutant son grain de sel à tout le bordel que nous avons déjà sur la zone de parking de l’école.
Bordel de parking dans lequel on trouve plusieurs écoles : ceux qui touchent au créneau, ceux qui foirent lamentablement, parfois de manière spectaculaire et ceux qui ont décidé de ne pas trop se laisser emmerder et se garent comme des merdes sans pression.
Il m’arrive parfois de vouloir expliquer à certain que conduire est un privilège et non un droit qu’il faut respecter en adoptant une conduite professionnelle dans le respect des consignes de sécurité sur la route, dans le parking et surtout devant une école.

Quel bel exemple ces gens donnent à la future génération ! Un tour dans le parking résume tout !

Alors, pour conclure je dirais à tout ceux qui clament que la conduite à Marrakech est une véritable catastrophe ou défi, à ceux qui disent que les marrakchis ne conduisent pas mais ils se déplacent,  je veux dire venez faire un tour dans le parking devant l’école de mes enfants !