mercredi 21 avril 2021

Le 21 Avril

Ce matin au réveil, j’ai trouvé une « notification » de Facebook sur l’écran de mon téléphone me rappelant l’anniversaire de deux amis que j’apprécie beaucoup.

Deux amis que j’ai connu dans deux phases différentes de ma vie, un à Paris l’autre à Marrakech, un dans le milieu professionnel l’autre dans mon cercle social. C’était deux rencontres intéressantes, deux rencontres qui ont eu un impact sur mon parcours professionnel et personnel, Si ces deux rencontres sont spéciales c’est parce que ces deux rencontres qui ont été de grandes inspirations pour ce blog et ont fait couler beaucoup d’encre. Les deux personnages ont eu leur part dans mes articles, mes soirées, mes discussions.

Je parle souvent de ma famille, de mes amis, de mes rencontres, des évènements que j’ai eus, de mes traumatismes, de mes questions existentielles mais aujourd’hui j’ai voulu, par le biais de cet article, marquer le coup de cette date importante qui est l’anniversaire de deux personnes que tout oppose mais que l’univers a envoyé le même jour avec 10 ans d’écart.

Tous mes amis ont une place dans mon cœur, toutes les personnes que je connais ont un impact sur ma vie d’une façon ou d’une autre et je vous aime tous. Mais ceux-là, ont inspiré des articles, anime des discussions et en plus ne le même jour, quelle coïncidence !!!

 Il y a des expériences que j’ai envie d’oublier, des expériences qui me rendent insomniaque à chaque fois que je pose ma tête sur l’oreiller, il y a des gens que j’ai envie de rayer, il y a des soucis, des tromperies, des deuils et des déceptions mais heureusement en face il y a la joie, l’amour, l’honnêteté et les amis aussi fous que moi !

G et A, vous êtes tous les deux disjonctes, animateurs de soirées, conteurs d’histoires, excentriques et uniques. Ne changez Rien !!!

Joyeux anniversaire de la part de votre working mom la plus fanatique !

vendredi 16 avril 2021

Vilain tour

Je voulais reprendre, ce matin, la lecture du livre de Daniel Goleman sur l’intelligence émotionnelle quand je suis tombée sur mes notes en guise de marque-pages.

Ce livre sur l’intelligence émotionnelle, la capacité d’identifier ses émotions, de les comprendre, de les contrôler ou les ajuster en fonction des circonstances, est assez compliqué du coup je le lis en pointillé, un peu quand j’ai la patience et le temps. C’est un livre très intéressant, que je conseille d’ailleurs, il est écrit par un psychologue journaliste et a été un véritable électrochoc : pour la première fois, l’écrivain démontrait au grand public que l’être humain est doté d’une autre intelligence, aussi importante pour la vie quotidienne que l’intelligence logico-mathématique et verbale, à la base du fameux Q.I. Cette autre forme d’intelligence est la capacité à percevoir, maîtriser et exprimer ses sentiments et ses émotions ainsi que ceux d’autrui. Elle influe sur notre self-control, notre motivation, notre intégrité mais aussi sur nos relations avec les autres.


Bref, J’ai commencé à lire ce livre il y a 2 ans environ et j’étais en train de le lire quand j’étais à l’hôpital aux côtés de mon papa d’amour. C’était une période douloureuse pour moi, une période pleine d’émotions, de tristesse et d’incompréhension. J’avais écrit :

 « Tu as toujours adoré les blagues, les écouter, les raconter.

Tu as toujours rigolé quand on te racontait des blagues, des pas drôles même.

Tu as toujours rigolé quand TU racontais des blagues, même si tu le faisais pour la énième fois et que tu connaissais la blague par cœur.

Tu n’as jamais compris comment une personne pouvait être insensible aux blagues, qu’il existait une personne pourvue d’humour, qu’une histoire plaisante imaginée pour amuser ne faisait aucun effet.

Aujourd’hui, ta vie se termine par une blague qui pour le moment te laisse accroché entre vie et mort au grand désarroi de tes enfants, à la grande stupéfaction de chaque âme qui te connait ou qui t’a rencontré.

Une blague incomprise qui a eu une résonance à travers notre monde, mon monde ! »

 Papa est tombé sur la tête, il a refusé au début d’aller voir un médecin, mais avec sa force de conviction, mon frère cadet a réussi à le persuader d’aller faire un tour aux urgences pour avoir le cœur net. Sur le chemin de l’hôpital, on a réussi à discuter un peu de choses sérieuses au début mais vite la discussion a changé car l’hémorragie dans le cerveau de papa faisait son effet. Les propos de papa étaient tellement mélangés de sérieux, de futilité, d’insouciance, de désinvolture que mon frère et moi étions dans le désarroi total, ne sachant pas si nous devions rigoler, pleurer ou juste s’étonner.

Sur le chemin de l’hôpital où papa est rentré dans un coma artificiel pour rendre son dernier souffle deux semaines plus tard, il nous a fait rire et pleurer, une façon bien à lui de nous quitter, nous laissant le dernier sourire sur le visage.

Depuis ce jour, il y a 1 an et demi déjà, nous avons perdu pas moins de 10 personnes très proches faisant partie de notre entourage, de notre petite famille. Papa avait ouvert le bal, il a déverrouillé le disque dur de l’univers, il a ouvert une boite de pandore. Les mauvaises blagues affluent, les personnes tombent l’une après l’autre, la famille se réduit.

Ça va s’arrêter quand ?  L’univers est allé trop loin, il peut arrêter de me faire des blagues car maintenant ça a franchi les limites du drôle, c’est devenu gêne et malaise. Je suis blessée, je suis vexée et je n’ai plus envie de subir toute cette méchanceté. J’ai appris beaucoup de leçons entre temps, il faut que ça s’arrête.

 Les blagues sont devenues un vilain tour !

mardi 6 avril 2021

Facteur psychologique en architecture

En tant qu’architecte, j’ai été amenée à travailler sur différents projets et j’ai eu la chance de tomber sur des demandes très variées allant de la simple villa aux immeubles de bureaux à énergie positive en passant par les gendarmeries, les logements sociaux, les hôtels de luxe ou les maisons de retraite.

Chaque projet a sa phase d’études, de préparation et d’immersion. Immersion dans le mode de fonctionnement, immersion dans la gestion de tous les jours, la gestion des flux et l’occupation futur. C’est la matérialisation du projet architectural, de l’idée à l’ouvrage avec un objectif clair qui est de saisir le concept « projet architectural » de la genèse de l’idée jusqu’à ce qu’il devienne une réalité sur le terrain.

Dans un des livres que j’ai lus, Jean-Pierre Chupin explique que le projet « consiste à rapprocher des réalités hétérogènes, sans rapport logique préalable entre elles : un programme social, des structures porteuses, des réseaux de fluides, des formes urbaines, des règlements, des couleurs, des matériaux, etc., à découvrir ou bien à établir des rapports entre ces réalités ». En d'autres termes, à construire une nouvelle réalité ordonnée (on peut dire de cet ordre qu'il est un sens, une harmonie, une régularité. etc.), ceci en vue d'un résultat essentiel : rendre l'espace habitable (fonctionnellement, symboliquement. etc.) ».

Mais, en réalité, dans pas mal de projets les architectes oublient le côté psychologique, l’impact des lieux sur le mental des personnes, l’influence de l’environnement sur l’esprit. Depuis plusieurs années, les spécialistes du comportement apportent des arguments empiriques sur comment les endroits que nous habitons peuvent agir sur nos pensées, nos sentiments et nos comportements, notamment dans les hôpitaux. Plus que pour d’autres bâtiments, la construction d’un hôpital s’avère extrêmement contrainte par un programme d’une grande complexité fixé en amont et avec lequel l’architecte doit composer tout comme avec le site et les règles, elles aussi très contraignantes, de la composition architecturale.

J’ai travaillé sur la conception de l’hôpital Cognacq-Jay à Paris avec l’architecte Toyo Ito, pour ceux qui le connaissent, j’ai bossé avec l’équipe sur beaucoup de détails relatif au bâtiment, aux façades, aux jeux de lumières, l’éclairage dans le respect de la signature de l’architecte star, les vis, le calepinage des carreaux par rapport aux interrupteurs, les rideaux, les portes, après tout le respect des normes du Dtu, les normes de l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, les brancards et la protection des murs, les accès pompiers, la sécurité incendie. On a imaginé les occupants des lieux vivre au quotidien, passer par là, dormir ici, travailler avec assez de lumière de jour, ne pas avoir froid en fonction de l’orientation de la chambre, les sièges pour les visiteurs, etc.

On a quadrillé tous les aspects du bâtiment et on a fini avec un beau projet, mais pendant tout ce temps, je ne me suis jamais imaginée en tant que patiente et ce que l’angoisse de la maladie pouvait avoir comme impact sur moi !

 

Mais depuis quelques années, j’ai visité des hôpitaux en tant que patiente, en tant qu’accompagnatrice, en tant qu’utilisatrice. Il y a quelques mois, j’ai été à l’hôpital accompagnant mon mari pour des examens annuels, j’ai patienté pendant des heures dans la salle d’attente sombre au sous-sol à regarder les malades passer, les médecins crapahuter, les infirmières cheminer et les murs blancs sans âme. La conception de cette pièce d’attente sans fenêtres, avec un éclairage fluorescent blanc et sans stimulation a généré de l’ennui qui a fait monter le niveau de stress et a fait revenir beaucoup de souvenirs douloureux sans oublier le temps d’attente, le stress, le manque d’oxygène et l’angoisse des résultats.


Si cet espace m’a complètement chamboulé c’est à cause de son aménagement et sa conception. Il y a 3 ans, j’ai passé une semaine avec mon père dans un hôpital neuf au Liban. En dehors du stress des analyses et de l’angoisse des résultats, le séjour d’une semaine était vécu avec un service plutôt hôtelier qu’hospitalier dans une chambre avec vue sur mer !

Toutes les chambres de cet hôpital ont été conçues en respectant les règles d’aménagement en matière d’accessibilité handicapés ce qui permet à ceux qui peuvent de pouvoir évoluer sans assistance dans leur chambre. En effet la chambre a été dès le départ pensée pour favoriser au maximum l’autonomie, la sérénité et le confort sonore en dehors du bruit habituel des hôpitaux.

Avec du recul aujourd’hui, je suis persuadée qu’on ne peut pas désolidariser la réflexion sur la conception architecturale de celle de sa réception. Dans un hôpital, les usagers sont particulièrement vulnérables et dans la quasi impossibilité de détourner les usages des lieux, ce qui renforce d’autant plus l’impact des choix effectués en amont et des détails en lien avec le bien-être du patient.

D’où ma question, Ces détails doivent-ils plaider pour une architecture qui n’évacue pas la question de l’utilité et la dimension sociale et symbolique ?

Pour finir, je cite :

 « A l’acceptation seulement spatiale et à l’appréciation purement esthétique, se substitue une définition ancrée dans le quotidien et les rituels sociaux dans lequel se mêlent l’émotion des formes et l’appréciation du domestique. (Hoddé, 2013, p. 73).