lundi 26 novembre 2012

La notion de moitié


Régulièrement, et depuis que j’ai quitté le Liban et que j’ai obtenu la double nationalité franco-libanaise, les gens me demandent si je me sentais « plus libanaise » ou « plus française », question à laquelle j’ai souvent répondu « moitié/moitié » par soucis d’équilibre et d’équité.
 
Aujourd’hui en survolant la méditerranée, je me suis retrouvée à mi-chemin entre mon pays d’origine et mon pays adoptif, partagée entre 2 pays qui ont forgé mon identité, 2 pays qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Mon « moi-même » je l’ai construit, transforme tout au long de mon existence. Quand j’ai commencé à avoir un rôle principal dans cette transformation, je partageais ma vie a la lisière de mes 2 pays, de 2 langues, 2 cultures et c’est dans ce partage que je trouve mon équilibre, ma notion de moitié.
 
Ce qui me ramène à un matin dans le métro il y a plus d’un an quand je me suis pressée, comme tous les matin, pour me trouver une place assise afin de pouvoir lire mon cosmo tranquille car, je l’admet, il n’est pas évident de le lire debout, serrée comme une sardine et tourner la page tout en tenant la barre du milieu !
 
Donc avant de rentrer dans le wagon je repère avec l’œil d’une experte deux places libres, je fonce pour prendre la première quand une experte en la matière saute la prendre avant, je fonce et saisi la 2eme place encore libre quand je me retrouve à côté d’une énorme personne en taille et en volume. Il ne me restait plus que la moitié de la moitié de la place. Je n’étais pas à l’aise car il n’y avait pas d’équité, pas d’équilibre.
C’est comme dans un couple ou les deux moitiés égales  forment une entité à part entière et ne sont complètes, à mon avis, que unies. Il suffit que l’un d’eux parte pour que le couple se déstabilise.
 
Je reviens à mon identité, je la compare à un verre rempli à moitié par une religion, une culture, une langue voire deux, un village, des amis, des études jusqu’au jour où j’ai choisi d’immigrer en France et remplir ce même verre avec une autre culture, une autre nationalité, un autre mode de vie, une activité professionnelle….
Aujourd’hui au Maroc, je vis un blocage complet, un blocage contre un dialecte, un pays, une culture, … ce blocage serait-il le résultat d’une identité forgée, d’un verre bien rempli ?
Si je dois m’adapter cela signifierait-il que je dois vider une petite partie du verre, abandonner une partie de mes 2 cultures préférées ?
 
Je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi mon évolution-adaptation-intégration-t-elle été si positive en occident et si décevante dans le monde arabe ? Serait-il car l’occident est pour moi le symbole de l’aventure, de la liberté, de la spiritualité et du pouvoir  et que c’est la définition que je veux donner à mes deux moitiés devenues mon identité ? Ou serait-ce parce que je clame la modernité que je me retrouve déphasée ?

vendredi 9 novembre 2012

Comme une prière ou un moral bas

 
Quand nous savons qu’on risque de perdre à tout moment une personne chère, une partie prenante, décisionnaire et prévoyante de notre existence, nous savons aussi que le moral aura ses phases de spleen et de dépression.
 
Quand une amie nous annonce qu’elle vit la peine que nous vivons pour son jeune mari, ça ne peut qu’augmenter notre peine, nous enfoncer.
 
Il y a de ces jours ou tout semble noir, ou l’on se demande pourquoi on a choisi telle ou telle destination, pourquoi on perd notre vie à la gagner?
 
Mon pays d’origine et moi vivons une histoire d’amour destructeur ! Je l’adore pour son exotisme, je le hais pour son instabilité. Je l’adore pour sa sociabilité, je le hais pour sa sauvagerie.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je parle de lui, c’est peut-être parce que je lui reproche sa fragilité qui m’éloigne de lui, de ma famille.  Ma conviction-religion-éducation ne me permet pas de blâmer le bon Dieu pour ce qui me fait subir ni pour les épreuves qui met sur mon chemin. Il faut bien trouver un fautif !
 
Il n’y a pas plus triste que d’être loin de sa famille surtout quand celle-ci vit la maladie, la tristesse et la souffrance. Il n’y a pas plus dur que d’être à l’écart des problèmes au lieu de les vivre avec les autres. Il n’y a pas plus difficile que d’être partagé entre l’avenir d’une jeune génération et le destin d’une  autre qui s’éteint.
 
Mes pensées, mon âme, mon cœur et tout mon esprit sont avec toi, minute par minute, seconde par seconde, le temps ne passe plus, il s’est arrêté le 14 février 2011, le jour où tu m’as annoncé la mauvaise nouvelle.
 
Je refuse de te perdre, je souffre en silence mais accroche toi !

Un collègue qui en dit long

Hier et pour la première fois depuis que j’ai repris le travail, nous avons eu une longue et intéressante discussion autour de l’aménagement des espaces, l’utilité de certains et le rôle de la religion dans la conception.


Nous avons commenté l'utilité d'un sas et ce que peut apporter ce petit espace comme intimité, isolement et déconnection dans un pays où les "Samantha" sont interdites et où voir la poignée d'une femme relève du haram!

Il est intéressant de voir comment l'architecture, l'espace et la conception sont conditionnés par la religion ou la culture.

Puis arrive l'organisation des futurs bureaux de l'administration sur le chantier et l'installation des WC. Quand un français propose de mettre temporairement un WC chimique pour utilisation homme/femme, the collègue qui aime marquer des points essai me m'expliquer qu'ici cette solution n'est pas envisageable, les gens ne peuvent pas l'accepter.

Il me demande: "tu es sortie te balader dans les rues avant le aïd?"
Sous mon air étonné il continue: " As-tu vu les familles sur les mobylettes? Le père au volant avec femme et enfant derrière puis mouton devant? C’est ça notre culture!!! Alors essai d'expliquer que nous ne pouvons pas partager un WC sur le chantier!"

Puis il me dit:" nous venons de descendre des chameaux et vous nous demandez de monter dans des 4x4 tout de suite!" A la radio, le code du tramway passe tout le temps pour familiariser les gens avec, ils ont oublié qu’il est plus urgent de passer le code de la route ! Combien de fois je pense faire des schémas pour partager ce que je vois avec le reste du monde, combien de fois je revois dans ma tête les options d’une voiture pour intégrer camera et caméscope me permettant de tout filmer en conduisant, combien de fois j’ai pensé m’arrêter pour parler avec certaines personnes sur mon chemin juste pour comprendre ce qui se passe dans leur tête au moment du délit !

Discussion après discussion, je ne peux m'empêcher de me demander que dans un projet où femmes et hommes ne mangent pas ensemble pendant le lunch break, dans un pays où certaines exigences, normes et qualités sont des options, peut-on les obliger à suivre nos réformes à l'européennes?

 

jeudi 1 novembre 2012

Ma petite october girl


Il y a 2 semaines j'ai fêté ton tout premier anniversaire... j'ai fêté ta première année parmi nous... une année de pur bonheur... et depuis j'essaie de t'écrire un petit mot...
 

Il est impossible pour moi d'expliquer ou narrer mes sentiments pour toi, c'est à la fois espoir, bonheur et pur extase! En l'espace d'un an tu es devenue une raison pour vivre, un espoir et un moyen qui me garde en vie un être très précieux.
 
Je te reproche de m'avoir empêché de survoler l'océan pour être aux côtés de celle qui m'a mis au monde et que je risquais de perdre.
Je te reproche une grossesse fatigante, au lit et des nausées.
Je te reproche parfois d’avoir pris ton temps pour venir au monde, pour être conçue.
Mais je ne suis pas la seule, ton frère ainé te reproche le partage de ses parents et mes neveux te reprochent de les frapper car tu es la toute dernière de la famille.
 
Tu as été conçue au même moment que le cancer qui mine ma mère, annoncée au même moment que l’annonce de sa maladie ravageuse et arrivée le jour de son anniversaire.
 
Je ne peux que t’aimer !!!
 
Tu es un amour, tu es pleine de joie de vivre, charmante et sensible. Le premier mois tu as eu des fous rires, la première année tu as commencé à danser même avant d’apprendre à marcher. Tu te réveilles avec le sourire et tu te couches avec les câlins.
Tu m’as redonné confiance en moi, tu m’as aidé à aimer « les enfants », tu m’as rendu mes hormones de femmes, tu m’as fait admettre que je suis une maman.
 
Je ne peux que t’aimer !!!
 
Aujourd’hui, je te souhaite tout le bonheur du monde, une vie active bourrée des bêtises, d’expériences et de découvertes.
 
Joyeux anniversaire mon october girl!
 

lundi 8 octobre 2012

Workingmom au travail

" Tu es trop stressée, ici c'est cool! Même le grand-patron-propriétaire va te dire on n'est pas pressé. Tu es la plus occidentale des orientales!"
J'ai fini ma journée de travail hier sur cette phrase m'accusant de stressée car je fais mon boulot et demande aux autres d'agir, de m'envoyer les infos dont j'ai besoin tout de suite et non pas dans 3 semaines, de respecter les normes, le dtu, les règles d'art de la construction.

Nous avons un pilote cool, assis derrière son bureau, il fume un paquet et demi par jour et n'a surtout pas envie de bouger. Il arrange les entreprises et touche son bakchich en fermant un peu les yeux.
Depuis que j'ai commencé à bosser mon problème est vite devenu "le pilote". Nos méthodes de travail divergent entre une qui veut bosser en respectant Les intérêts de mon client et un autre qui veut savourer le plaisir d'être payé à ne rien faire.
J'ai vite découvert que j'étais son problème aussi, une femme plus jeune que lui avec un poste supérieur qui lui demande de lui rendre des comptes. Je n'ai pas découvert ca seule, il a fallu que mes collègues me l'expliquent avec d'autres preuves à l'appui.  Il a déjà réussi à rendre la vie infernale à une autre collègue à lui.

Être femme au boulot, ça passe ou ça casse comme on dit. Quand certains trouvent que bosser avec une femme est un pur plaisir, d'autres se focalisent sur l'idée comme des bébés en crise!
Comme quoi au-delà des frontières certaines manières restent inchangeables.

jeudi 20 septembre 2012

La workingmom est de retour!

 
Un nouveau pays, un nouveau boulot, une nouvelle culture et de nouveaux articles!

Un an et demi que je n'ai pas travaillé, étiquetée comme femme au foyer, deux mois et demi de vacances avec enfants sans homme-idéal dans pays d'origine, deux ans de congés payés pour moi-même-loin-d'être-maman-parfaite pas pris, ont fait que workingmom trouvait plus le temps ni l'inspiration pour écrire.

Les commentaires du genre "profite bien de tes derniers jours de vacances (pour designer femme au foyer) avant de reprendre la vie active" m'encouragent à partager, à écrire, à raconter comme ils me mettent hors de moi!

Jours de congé? Vacances? Repos? Ces gens ont-ils un jour gérer une famille???

Ensuite à ceux qui ouvrent grand leur bouche ébahie quand on leur annonce qu'une jeune femme, workingmom, sera leur chef de projet/responsable sur la construction d'un hôtel 5* de 40000m2, je dis :" continuer, vous me Donnez de quoi écrire"

à bientôt, la workingmom de retour!

lundi 7 mai 2012

Au nom de la mode

Il y a 5 mois, défiler dans les rues de Paris, faire les magasins, voire la dernière collection à la recherche de la pièce phare à suspendre dans le dressing et boire un café en terrasse n’étaient pas un luxe mais un quotidien.
Il y a 5 mois, j’observais les tenues des working girls en traversant les Champs-Elysées tous les jours pour aller travailler.
J’étais contente de reconnaitre la marque des sacs à main, de la robe ou des chaussures grâce à ma notion générale nourrie régulièrement dans les magazines ou en vitrines.
Il y avait le plaisir de voir les autres filles habillées dernier cri ou tout simplement resplendissante en tenue casuel.  
Mais il y avait aussi le plaisir partagé de se déhancher en robe, jupe ou jean slim avec des stilletos ou ballerines en fonction du programme de la journée : bureau ou chantier.
Rien ne m’empêchait de choisir une belle tenue le jour de chantier et de troquer mes stilletos contre des bottes de chantier dans la voiture sur le parking avant la réunion. Ca prenait 5 minutes mais ça valait le coup !
A Paris, il y avait une charte officieuse qui circulait entre nous obligeant toutes les femmes à se faire belles, à avoir une tenue correcte digne des plus grandes enseignes, dénichée dans un temple de la mode ou chez le petit chinois rue de Belleville !
Aujourd’hui le décor a changé, exit Paris pour une nouvelle destination. Une destination ou les femmes se promènent en « Abaya », tenue traditionnelle que je respecte, rien à dire.
La « Abaya » est portée au-dessus des autres vêtements non imposés. Il y en a des très belles et de toutes les couleurs ! Ce n’est pas le sujet.  Ce qui attire mon attention c’est les variétés de chaussons que les femmes portent dans la rue. Je ne peux m’empêcher de me demander si c’est juste par manque de temps qu’elles ne les troquent pas contre de vraies chaussures ou simple mode locale ?
A ma connaissance les chaussons c’est des chaussures d’intérieurs pour un usage domestique de confort mais ils sont tellement confortables que les femmes les portent dans la rues. Il y a un défilé de chaussons de toutes les couleurs et les textures. Les jours de pluie elles sortent les chaussons en plastiques ou fourrés.
Le jour des courses, une autre tenue fait surface, celle du survêtement ! Ici, le jour des courses est un jour de sortie nationale. Toute la famille sort faire les courses. On y voit l’homme et la femme, les enfants même de bas âge mais surtout les grands-parents, parfois tellement fatigués de marcher qu’ils attendent sagement sur les bancs devant la grande surface pendant que le père de famille paie sa facture.
Le point comment de toute la famille est le survêtement avec les baskets.
Il y a 5 mois, porter des chaussons dans la rue n’était pas envisageable.
Il y a 5 mois, voire toute la famille dans une grande surface n’était qu’une illusion.
Il y a 5 mois, voire une femme stylée en pantalon moulant avec de belles chaussures n’était pas impossible.
Il y a 5 mois, lire le texte datant du 16 brumaire de l'an IX (7 novembre 1800), pris pour contrer le mouvement révolutionnaire des "sans culottes" en France, qui interdit aux femmes de porter un pantalon et qui les incite à demander l'autorisation à la police pour pouvoir se couvrir les jambes dans la capitale, n’était pas sans provoquer de fort fou rires.
Je ne peux que hurler très fort qu’ « au nom de la mode, les femmes doivent être des hors la loi et ça vaut le coup ! »

mercredi 14 mars 2012

I don't know how she does it



J’ai vu ce film hier, j’ai eu l’impression de revoir ma vie parisienne récitée à la façon hollywoodienne. La vie d’une femme mariée avec enfant à charge et un boulot plus que épuisant. Une workaholic qui jongle entre vie professionnelle le jour et vie privée la nuit, entre mari-idéal et hommes-du-bâtiment-séducteurs, entre enfants et collaborateurs, projets de construction et coloriage.

J’ai eu mes listes de does à la maison comme au boulot, j’ai eu mon Jack avec nos séances de bowling, de karting et même de pétanque, j’ai surtout eu et ai toujours mon Richard !

Le rôle de Richard, architecte aussi, correspond parfaitement au rôle de mon mari-idéal, sa position par rapport à ma vie, mon boulot, mon chaos organisé et mes cataclysmes répétitifs. Leurs regards sont identiques, leurs attitudes sont identiques et leurs compréhensions-gestion de la situation aussi.

A la seule différence près, la fin de l’histoire. Elle a gardé son boulot et son homme. Moi j’ai dû quitter mon job pour rester avec mon Richard et cie. J’ai aussi changé de pays pour aller au bout de mes projets et de mon amour.

Regarder ce film était encore plus excitant que la vrai vie, le fait de revoir cette course à la montre, la hectic life et ce stress d’un angle différent me permet de relativiser le présent et la décision que j’ai prise. Ca me rappel quand mari-idéal parlait de mon boulot devant des amis, j’avais l’impression de sortir de l’histoire et de la voire avec un autre regard, un regard plus pesé, plus objectif. Je comprenais plus facilement ce que je vivais et ce que je faisais par passion mettant un peu de côté ma vie personnelle au détriment d’une vie professionnelle très prenante.

Avant je remerciais mari-idéal, aujourd’hui je remercie Hollywood !

samedi 18 février 2012

De la langue de Molière à la langue locale


Je me souviens de mes cours de français à l’école, de l’assiduité exigée par les bonnes sœurs et surtout de leur exigence pour une réussite à 100% au bac français. Je me souviens aussi d’une prof au corps parfait qui n’hésitait pas non plus à le montrer en portant des mini jupes pour donner des cours assise sur la table sur une estrade devant le tableau et exhibant ses longues jambes fines.
Je me souviens avoir appris, sans grande passion, la langue de Molière avec ses mots de la révolution à aujourd’hui, son histoire, sa grammaire et sa poésie. A cet âge ou chacun est tenté de faire le point et de réunir sous le petit volume possible tout ce dont il ne pourrait se passer sur l’ile déserte imaginaire, mon envie ne concernait surtout pas les livres de français. Mais j’ai quand même eu une passion pour certains vers, multiples expressions possibles de la poésie qui manifestent eux-mêmes une puissance de rêves, une joie mélancolique, une tristesse complaisante ou une jubilation soudaine !

Arrivée en France, j’ai vu que le français parle était un peu différent du français appris à l’école puisque, entre temps, des mots étrangers ont intégré le dictionnaire, des mots sont devenus tabou d’autres courant comme toubib, mechwi ou kahwa, d’autres ont vu le jour venant d’un verlan du type meuf ou teuf…

Aujourd’hui, je me retrouve dans un autre pays qui parle français comme seconde langue pour une grande partie du peuple, mais un français tordu a traversé le Gibraltar pour arriver ici avec un « il » pour désigner les femmes et un « elle » pour désigner les hommes. J’avoue que je fais un énorme effort pour me concentrer, arriver au bout de la phrase et ne comprendre que 10% du sujet.
L’autre jour, j’arrive pour visiter un chantier et j’entends « venez Monsieur Regard (pour Robert), on va griffer (vérifier) le pissé (je ne sais pas si ça vient de WC ou du verbe pisser) car monsieur Rauran (Laurent) elle doit planter l’arbre et Madame Galerie (pour Valérie) il doit payer »
Puis arrive les messages du type « Désolé pour le rdv axidan de voitur » ou « Braveau filicitation, je suis contan pour vous deux, lange vie pour la prinsesse ! »

La recherche d’erreur ou du mot le plus transformé est devenue un sujet de conversation à chaque réunion-diner-déjeuner entre français expatrié comme si celui qui a le bon exemple aura une récompense à la fin du meeting ou parfois juste un signe d’agacement pour les plus chauviniste qui voient leur langue de Molière perdre sa valeur.
Je ne peux pas m’empêcher de me demander si mon français doit faire un énorme effort d’intégration en même temps que moi à chaque fois que je change de destination.
Parfois l’envie de plonger dans de bons bouquins me prends afin de ne pas perdre l’effort et le travail fait durant de longues années d’études chez les bonnes sœurs tout en étant nostalgique du bon vieux français.

lundi 13 février 2012

Du shopping au souking

A Paris, je faisais mes courses à la grande surface du coin, rue des belles feuilles, les meilleurs fruits et légumes gorgés de soleil venaient du Maroc ou de l’Espagne, avec un prix parfois moins cher que les légumes français. Je me suis toujours demandée que valaient ses légumes dans leur pays d'origine?
Aujourd'hui j'ai la chance de pouvoir aller à la source, au souk.
Le meilleur à Marrakech est le Souk el Sabet, le souk du samedi en banlieue, ou l'on trouve fruits, légumes et même produits d'entretien..... La différence est le prix: 100 fois moins cher et une ambiance kitch!





Puis direction un autre souk pour les épices, la stimulation de l'odorat est au rendez-vous mais aussi la vue étonnée devant ces montagnes d'épices les unes plus belles que les autres.....





A la fin de la journée, nous sommes récompensés par un énorme plat de couscous, dans lequel on retrouve nos légumes et nos épices ainsi que nos beaux souvenirs de la journée.




mardi 24 janvier 2012

La cruauté d'un homme


Il est vrai que dans mon blog je partage  avant tout les chroniques d'une femme architecte dans le monde du bâtiment, un monde d'hommes. Il est aussi vrai que depuis un certain temps mes chroniques s'orientent vers un autre monde en vue des différents changements qui bouleversent ma vie. Il est vrai que je peux écrire et raconter tout ce qui peut troubler mes sentiments, la seule plume qui détient ce blog.

Mais aujolurd'hui, je n'ai qu'une seule envie: écrire pour témoigner d'une cruauté que peut faire un homme à une femme, écrire pour partager l'expérience d'une personne chère, écrire pour lui souhaiter courage et patience.
C'est ma façon de la soutenir, de l'aider.

En dehors des rêves vendus aux touristes, des palaces de luxes, spa extravagants, des oasis verdoyants et soleil rayonnant, en dehors de ce cadre idéal existe des milliers de femmes battues ou vendues petite, des milliers d'enfants dans la rue, une pauvreté et une misère déprimantes.

Un soir, après le boulot, elle se retrouve chez elle, seule avec son fils de 11 ans puisque de son homme elle est divorcée depuis longtemps. Un homme du quartier essai de casser la porte de son appartement pour rentrer chez elle, la voler, la violer ou peut être la tuer. Par réflexe de protection maternelle elle met une chaise, grimpe le mur mitoyen et se retrouve avec son fils chez les voisins. Cet homme savait à qui il avait affaire et l'a bien signalé aux voisins qui essayaient de le retenir, il rentrait par infraction chez une femme divorcée, une femme seule, une femme faible. Elle appelle la police qui ne tarde pas à l'arrêter et l'emmener au poste. Il y séjourne pendant 2 semaines.
Entre temps, il demande à sa famille et amis de la supplier pour ne pas porter plainte ni prolonger son séjour en prison, mais en parallèle la menace de faire du mal à son fils!

Cette femme est courageuse, battante et bonne travailleuse. Elle n’a pas eu une vie facile depuis son plus jeune âge. Vendues par son père à une famille riche quand elle était petite pour jouer avec les enfants de cette famille, comme lui explique son père. Mais au lieu de jouer, elle s’est retrouvée à faire le ménage quand elle n’est pas perchée sur un escabeau pour faire la vaisselle. Elle a même été battue par le père de la nouvelle famille.

Hier, son fils marchait dans la rue quand un homme, un ami fidèle du premier, envoi ses enfant tabasser le petit avant de reprendre lui-même sa voiture et l'écraser et ainsi faire du mal à une personne innocente, une femme, une mère.
Le fils de 11 ans, se retrouve aujourd'hui sous surveillance à l'hôpital, au service de neurologie, avec un traumatisme crânien causé par une agression. Il y restera jusqu'à demain car, en manque de sécurité sociale, elle n'a pas les moyens de s'offrir le luxe de surveiller-protéger-guérir son fils, elle n'a pas les moyens de payer les frais des examens et elle n'a que 48hr pour rembourser les frais de l'hospitalisation déjà engagés.

Du pied du lit de son fils, elle prie son Dieu, elle pleure, elle espère!
Il n'y a pas plus dure que de voir son enfant souffrir, agressé et pourvu d'avenir!
Je ne peux que lui souhaiter le courage, la force, le rétablissement deson fils et le soutient des bloggeurs-lecteurs à travers ce texte.
La pauvreté, la misère, la dépendance de la drogue, la vengeance, lajalousie, la communauté, les traditions, la religion peuvent-ils être un motif suffisant pour agresser un enfant, pour le priver de ses rêves   ou pour lui voler son avenir?


lundi 2 janvier 2012

Mais où est passée la sécurité ?


Depuis plusieurs jours, il y a une invasion massive de mon chez moi par des ouvriers en tout genre. Il y a ceux qui viennent pour la maintenance, ceux qui sont là pour l’entretien du jardin et ceux que j’ai demandé pour de petites interventions afin d’accrocher une patère ou réparer une prise…..
Donc depuis quelques jours, je gère mon petit chantier à moi sans la casquette de l’architecte mais avec celle de la femme-au-foyer aux yeux des ouvriers. Je garde de mon côté l’œil et la curiosité de l’architecte et me pointe à chaque intervention pour surveiller, vérifier et surtout donner mon avis. « Une femme qui parle » doivent se dire les ouvriers et me renvoient vers mon mari pour les réponses !
Je surveille car après l’expérience avec le maçon qui me pose un seuil à 1m de là où il devait le poser, je me rends compte que les ouvriers qualifiés ne trainent pas par-là !
Quand les jardiniers ont commencé à bosser, j’ai prétexté une pause cigarette dans le jardin pour les regarder et surtout pour voir que les normes de sécurité n’existent pas dans ce pays. J’ai vite imaginé la réaction que peut avoir un SPS français et je me suis souvenu, en particulier, du SPS qu’on avait nous sur le chantier de l’EHPAD qui hurlait car on grimpait sur une échelle pour monter sur la terrasse technique. Combien de fois il est venu me voir pour me parler de la sécurité, des conditions inadmissibles des ouvriers qui devaient descendre dans un vide sanitaire de 1m de profondeur sans crinoline et pour me dire surtout que si on continue comme ça il va me notifier par écrit et il arrêtera le chantier  car c’est pas croyable d’avoir une telle négligence des normes et du code du travail !
A ce SPS, je dis vient voir les jardiniers à Marrakech ! Des jardiniers qui montent sur l’échelle en s’appuyant sur un poteau métallique ou un arbre, ils montent 10 marches pour se pencher après et couper les branches à hauteur de la 5eme marche ! Quand je leur parle de sécurité, ils me regardent comme un extraterrestre fragile !
Puis vient le menuisier, à ma grande surprise c’était un bon, il fait du travail propre et m’a appris l’astuce de l’enveloppe : il l’a posé et collé sur le mur sous l’endroit où il doit percer  pour que la poussière tombe dedans laissant ma salle de bains propre !
Mais malgré son travail propre quand il s’agit de sécurité, il rejoint les autres ouvriers. Son moyen de transport date d’un siècle, il se déplace en vélo-brouette, se déplace d’un chantier a l’autre et transporte tout son matériel sauf un : le casque !
Il n’est pas le seul, ce qui m’a le plus choqué c’est quand je prends la voiture pour aller dans la ville, une grande partie des gens se déplace en vélo ou en moto mais leur particularité c’est qu’ils conduisent avec une main et mettent l’autre dans la poche si ce n’est pas les deux mains qui sont dans la poche !
Parfois j’ai juste envie de les prendre en photo pour partager avec les autres ce que je vois et qui me sidère. Je m’appliquerais la prochaine fois pour prendre des photos des parents qui mettent leur nouveau-né entre leurs jambes sur la mobylette !
Je n’ai pas pu m’empêcher de me remettre en question depuis mon arrivée, est ce que mon passage en France m’a formaté en un Security-freak ? Suis-je devenue adepte du système préventif à la Jacques Chirac ? est-ce-que 10 ans en France m’ont fait oublier que je viens d’un pays du tiers monde pourvu de règles de sécurité avant de devenir une française ?