vendredi 1 juin 2018

La limite en amitié


Il y a quelques années, j’ai rencontré deux mamans à l’apparence sympa, zen et cool. On a été amenée dans différentes occasions à se côtoyer, à discuter, à déjeuner ensemble de temps en temps, boire des cafés et parfois même refaire théoriquement le monde.
       
Ces mamans côtoyaient chacune un cercle différent avant de se rencontrer mais l’amitié de leurs enfants les a rapprochés l’une de l’autre. Chacune des mamans avait sa vie de famille, un mari qui bosse beaucoup et des enfants polis. Leur vie paraissait idéale de l’extérieur.

Ces deux femmes ont commencé à passer du temps ensemble,  à faire du sport ensemble, déjeuner tous les jours ensemble, elles ont réussi à tout partager ensemble et les enfants se voyaient de plus en plus au point de devenir des super amies! 
Plus les journées passaient, plus leur amitié se soudait laissant place aux sorties entre filles qui devenaient plus fréquentes et à l’alcool qui coulait à flots. Tout semblait aller bien pour ces deux amies, la vie leur souriait, le bonheur aussi.

Et puis un jour, j’apprends  que l’amitié que je voyais de loin s’est transformée en amour, les maris n’ayant rien vu venir sont tombés des nus, les couples se sont brisés mais un autre couple homo s’est formé. Aujourd’hui elles sont parties vivre loin et refaire leur vie ensemble.

Il y a eu dans leur comportement une sorte de compensation. Les deux femmes, qui étaient hétéro, mariés avec des enfants, sont devenues très copines, elles se racontaient tout, passaient tout le temps ensemble. Leur amitié est venu combler le vide créer par l’absence des maris et donner naissance à un amour qui lui se nourrit de présence, de communication et de partage.
Elles ont su être à l’écoute l’une pour l’autre, présente l’une pour l’autre, compréhensives et généreuses émotionnellement. Elles n’avaient pas besoin de mendier l’attention de l’autre et encore moins son amour.

Quand je parle de maris absents ou de femme absentes, ma définition va au-delà de la présence/absence physique, de l’absence pour le travail, la n’est pas du tout le sujet. Le conjoint absent se définit par quelqu’un qui n’accorde pas de l’attention à l’autre, qui ne le fait pas se sentir important, quelqu’un qui passe du temps (même peu) avec l’autre quand l’autre en a besoin et pas seulement dans son propre intérêt, quelqu’un qui s’intéresse à l’autre sans rien attendre en retour et qui accorde une place importante à l’autre dans sa vie.

La relation de mes deux amies a montré ce qu’il y a de plus simple, la personne qui mérite d’être avec nous est celle qui, ayant la liberté de choisir, se rapproche de nous, nous apprécie, nous consacre du temps et pense à nous. On dit le manque de temps n’existe pas, contrairement au manque d’intérêt !

Donc la souffrance émotionnelle fonctionne exactement comme la souffrance physique et un homme/femme absent mine son couple au risque de voir un ami, avant même d’arriver au redoutable amant, prendre sa place. La base solide des couples se fragilise avec le temps par le manque laissant le choix au partenaire de choisir entre vivre ou survire dans la relation.

Tout ceci m’amène aux questions sur l’amitié, les couples, les relations et les limites. Quand Une amitié peut-elle remplacée un amour et le transformer? La dépendance sur un ami peut-elle faire oublier la femme de sa vie et la remplacer?
Un ami malheureux peut-il influencer un autre couple par sa présence et son intrusion?

Avant on partageait des secrets, on avait hâte de se retrouver pour tout se raconter maintenant on raconte tout à notre ami, est-ce un signe de malaise dans un couple?
Et pour finir, faut-il se poser des questions sur les limites et la place des amitiés?