lundi 2 décembre 2019

Ambiance de Noël le 2 décembre

Il y a beaucoup d’avantages à la vie à Marrakech. Cette ville met nos sens à ébullition à chaque fois qu’on pense à la bronzette au bord de la piscine, au hâle doré qui fait des jaloux dans l’hexagone, des habits amples, des rooftops pour profiter de la beauté de la ville ocre, des trésors culturels aux charmes envoûtants, à l’hospitalité de sa population, ...
Le fait d’habiter au soleil 320 jours l’année est un super avantage, un bonheur et une bénédiction. Sauf en décembre! C’est le seul mois ou la pluie, le froid et la neige me manquent le plus.
Décembre est le mois où on met le sapin puis on attend Noël, on attend le 24 au soir avec un calendrier de l’avent, en comptant sur les doigts ou en vérifiant la date sur l'écran de notre smartphone. 

A l’école, on nous a appris, depuis notre plus jeune âge que le mois de décembre est le dernier mois de l’année, que dans notre region du monde à l'époque ca correspondait à l’hémisphère Nord il était le premier mois de l’hiver froid et neigeux et qu’il est le plus beau temps de l’année pour ceux qui aiment la saison des fêtes!
Car qui dit fêtes de fin d’année dit décoration de Noël, une cheminée et un feu de bois, une odeur de cannelle et chocolat chaud, des biscuits au four et un glaçage rouge blanc et vert, un père Noël avec son traîneau et un Noël tout en blanc vêtu. Une attente qui a duré un an, un an complet à attendre que le mois de décembre arrive pour enfin décorer la maison, mettre le sapin, faire le calendrier de l’avent, écrire une lettre au père Noël (la seule fois où les enfants se mettent à écrire une lettre de leur propre grès et qu’ils s’appliquent), redécouvrir les contes les films et les légendes de Noël. 

Mais Noël est aussi une ambiance, des lumières, des odeurs, des couleurs qui nous replongent dans nos souvenirs d’enfance. C’est aussi sortir voir un spectacle de Noël, arpenter les marchés de Noël, admirer les vitrines décorées et les illuminations le tout avec un courage hors normes pour affronter le froid de canard qui règne à cette époque.
Nous n’avons pas tout ça à Marrakech et en ce mois de décembre ca me manque beaucoup. 

Ma meilleure amie n’a pas pu mettre le sapin de Noël il y a deux semaines car il faisait beau dans mon pays natal. Pour elle il y avait un détail qui manquait à son scénario de Noël: la pluie et la grisaille. Mais elle savait dans son inconscient que ce n’est que partie remise de quelques jours et elle aura sa pluie, son sapin et son ambiance de Noël. De mon côté j’ai appris à faire avec le temps que j’ai là où j’habite depuis 8 ans maintenant, je me suis habituée. Je ne peux plus attendre le mauvais temps, je fait le sapin avec la belle réflexion des rayons de soleil sur la pelouse car la decoration de Noël et l’ambiance des fêtes priment pour moi et puis si je dois attendre je risque de le faire longtemps parfois. 

Aujourd’hui, on a de la pluie à Marrakech et ceci pour une seule journée, donc depuis ce matin je suis dans un mood festif, j’ai l’impression que c’est enfin Noël! 
Assise devant ma cheminée, j’ai envie de boire un bon verre de vin, de servir un bon repas à la famille avec un sapin de Noël illuminé, fêter Noël et ouvrir les cadeaux. Pour une fois j’ai envie que les pluies continuent à tomber, que le froid persiste et que la joie de ce mauvais temps dure un peu plus que d’habitude! 

samedi 30 novembre 2019

La classe à Dallas


Quand je suis arrivée à Marrakech, une collègue devenue amie maintenant m’a accueilli à Dallas! Je n’ai compris l’expression que quelques années plus tard. Il s’est avéré que Marrakech c’est le Dallas de l’Afrique. Bien que je ne connaisse pas les autres villes africaines, la vie ici m’a confirmé la théorie de mon amie voire plus.

Il y a quelques jours, j’ai déjeuné avec la bande au soleil sur la terrasse de notre sexagénaire préféré. Les anecdotes et les histoires coulaient à flots en accompagnement d’un bon repas. Le moment était aux souvenirs, histoires, amours, tromperies et rencontres: Des histoires à dormir debout, des femmes avec beaucoup d’imaginations, des corps nus n’ayant pas la volonté de provoquer des fantasmes ni faire bander, des intentions gratuites qui invoquent une psychologie naïve dont la validité dépend essentiellement de sa capacité à prédire le comportement d’autrui!  
Je suis partie après avec la certitude que notre copain ne vit pas à Dallas mais dans un monde parallèle de gens qui tournent, montent et descendent  et envoient des fleurs sur des 4x4 avec planches de surfs. Mais est-il le seul à vivre dans ce monde? Ça porte à réflexion.

Ce jour je n’ai pas pu m’empêcher de me poser des questions sur la longévité des couples, des relations hommes femmes, des valeurs, du respect mutuel et de l’engagement quand on est dans une relation. J’ai vu et revu les différents types de relations autour de moi, les notions de couple définies entre partenaires, les familles reconstituées, les divorces fréquents, les adultères et les mariages heureux. J’ai établi une grille de réflexion, de questions et de doutes. Je me suis demandée si l’infidélité est plus souvent considérée comme une trahison et la fin d’un amour, qu’en est-il du flirt ? Comment définir la ligne rouge entre flirt et trahison ? Quand peut-on se dire qu’on est allé trop loin ?

Je suis parvenue à me dire que si la séduction, le flirt, l’envie d’un ou d’une autre intervient à un ou plusieurs moments de la vie de couple, je pense qu’il faut analyser si la personne cède ou pas car c’est aussi à cet instant que la frontière entre sexe et amour se dessine. Je pense que flirter devient quelque chose de mauvais quand les remarques cessent d’être innocentes et que les personnes impliquées commencent à agir, à tomber amoureux, à nuire au couple, à l’autre moitié ou à aboutir à l’infidélité sentimentale.

J’ai demandé à Google. Et j’ai trouvé que d’après Denise Knowles, une thérapeute de couple britannique, flirter ce n’est pas purement et simplement tromper, mais la limite entre flirter et tromper se situe à partir du moment où le flirt impacte sur le partenaire. « C'est lorsque ça commence à blesser, ou que l'intention est de blesser l'autre, ou que l'on se cache, que la trahison est entamée ».

Donc finalement, c'est à partir du moment où le conjoint n'est pas d'accord avec l'attitude que l'on peut avoir avec des autres hommes/femmes, et que l'on continue à agir ainsi que le mal se fait. Quand on sait que l’autre personne impliquée dans le flirt est tombée amoureuse, qu’on est conscient qu’elle n’a rien à perdre si elle continue à insister pour que la relation extraconjugale continue sous un prétexte d’amitié déguisée et de mots charmants mais que pour nous c’est tout l’inverse et que l’on ne prend pas ses distances ou qu’on n’arrête pas toute correspondance que l’on tend vers l’infidélité envers son couple. Car si envoyer des texto et flirter dans le dos de son partenaire n’est pas grave à nos yeux et n’est pas manquer de respect envers son partenaire, il ne faut surtout pas oublier que dans un couple, nous sommes deux et qu’il faut prendre en considération la vision de l’autre si on l’aime et le respecte vu que les dégâts après peuvent être monstrueux sur notre partenaire et notre couple.  

Un jour, dans une émission, je ne me rappelle plus laquelle, Françoise Hardy était interviewée sur sa relation avec Jacques Dutronc et ses nombreuses infidélités et elle a dit une chose qui m’a marqué et était, à peu près la suivante : « Il peut faire ce qu’il a  à faire, je ne m’en occupe pas, ce qui importe, c’est que le dimanche soir, devant un film, c’est avec moi qu’il est sur le canapé ».  J’ai trouvé cette analyse d’une force incroyable. C’est une confiance en elle et en leur amour, tout simplement fabuleuse, exceptionnelle et rare mais que je ne partage pas car même si les deux sont d’accord et même si l’intention initiale est peut-être d'explorer autre chose, sortir des limitations un peu étroites de sa vie et de son couple, il faut savoir que après quelques années il y a toujours quelqu’un qui souffre. Il n’y a pas de connotation morale mais plutôt émotionnelle, et c’est ce qui compte pour moi. A quoi bon rester en couple ? Pourquoi être hypocrite et dire vouloir la monogamie, l’engagement, le mariage, la sécurité, la famille, l’amour tout en voulant en même temps garder la séduction, le flirt ou l’intérêt pour sa personne comme un art ou un sport.   

En conclusion après ce bon repas et cette longue réflexion, je trouve que la recherche de l’épanouissement personnel, l’égalité des sexes, les relations gratuites sur les réseaux sociaux, les sites de rencontres, l’accès facile à l’intimité des autres, la psychologisation de la société et l’affaiblissement de la morale font que l’adultère est rentré dans les mœurs actuelles.
Alors le monde de Dallas n’est pas propre à Marrakech mais aux relations humaines mondiales, car si on part du principe que la série Dallas a débuté comme Romeo et Juliette et elle est devenue de nos jours en quelque sorte l’ancêtre de « House of Cards », elle donne bien une certaine idée de l’ordre mondial !

samedi 23 novembre 2019

Cendrillon des temps moderne


Hier notre voisin chasseur est venu nous rendre visite après une bonne  journée de chasse et un retour triomphant avec une belle fortune. Il nous a ramené deux perdreaux avec des plumes très jolies. En écoutant le récit de la journée de chasse et les recettes à concocter avec ces deux malheureux gibiers, je n’ai pas pu m’empêcher d’être triste à l’idée de les voir morts devant moi. Depuis petite, quand papa nous emmenait avec lui pour une balade et une petite chasse dans les alentours du village, je revenais anéantie et j’enterrais les oiseaux dans le jardin récitant une petite prière avec beaucoup de larmes aux yeux. 
Je n’ai jamais aimé la chasse et je ne l’aime toujours pas. Je n’ai pas changé d’avis à ce sujet même si cette pratique est réglementée et codifiée par des articles de lois. Ceci m’a rappelé que je n’ai pas changé d’avis à propos de plusieurs convictions que j’ai depuis mon enfance malgré mon évolution jusqu’à ce jour. 
Mon patron à Paris me répétait souvent: “il n’y a que le con qui ne change pas d’avis” surtout quand on remettait en question un concept ou un plan ou même une idée mais ca n’a rien à voir avec certains principes qu’on peut avoir dans la vie comme par exemple l’idée du mariage, de la fidélité, de la loyauté envers un homme ou des amis, de l’amitié, du mensonge ou du vol à l’inverse de l’originalité, l’altruisme, l’ouverture d’esprit, la conscience, l’énergie, la nervosité et autres traits de caractère qui eux changent avec l’âge  ou l’évolution de la personnalité. 

Cela me ramène à une discussion que j’ai eu la semaine dernière avec ma petite méduse, elle me disait qu’elle ne voulait pas se marier quand elle sera adulte mais qu’elle souhaitait avoir des enfants. Des affirmations, des questions, des réponses et des explications une heure plus tard, elle a déduit qu’elle se mettra en couple avec un français car avec lui elle pourra avoir des gosses sans se marier et elle a éliminé l’homme libanais car dans notre pays un enfant né hors mariage est un enfant né sous X. J’espère que d’ici sa maturité le Liban aura pris un nouveau visage et que la révolution d’aujourd’hui entrainera les vrais changements pour les générations futures. Motivée, têtue et bien déterminée, du haut de ses 8 ans, elle a trouvé chaussure à ses pieds sans changer sa conviction du moment. 
Je ne peux que respecter ses choix, mais je lui ai bien expliqué que si c’est encore tôt pour elle de décider, je serais toujours là pour la soutenir quelle que soit sa décision et je n’imposerai jamais mes choix car en fin de compte ca reste sa vie et non pas la mienne. 
Tout ce que je peux faire c’est partager avec elle mon opinion façonnée grace  à mon expérience, à mes convictions et à mon vécu. 
Si elle a décidé d’être la cendrillon des temps moderne, autonome et indépendante, je ne peux que lui souhaiter l’ “assez”:
Assez d’amour, assez de bonheur, assez de satisfaction, assez de plaisirs, assez de tout pour la rendre heureuse, mais aussi assez d’amour propre pour ne pas avoir peur de la solitude, peur de la mélancolie et peur de la stagnation. Assez de liberté pour ne pas rester dans une prison mentale. Assez de courage pour ne pas dépendre de quelqu’un ou quelque chose, pour ne pas être conditionnée par son entourage. 
Mais j’espère aussi que ma cendrillon sera assez intelligente pour ne pas passer à côté du rêve de la cendrillon de disney qui a trouvé son âme soeur ou la chance de tomber sur l’homme pour qui elle sera ASSEZ!

lundi 11 novembre 2019

Le dernier des Hommes


Il était mon idole masculin, mon image de l’homme parfait, l’incarnation d’une âme mature. Celui qui ne m’a jamais trahit, jamais blessé, jamais engueulé.
Quand je l’ai vu allongé sur son lit d’hôpital dans un état comateux, suspendu entre ciel et terre, j’ai compris que je suis en train de perdre l’homme qui m’était le plus précieux sur terre.

Deux semaines de coma, deux semaines de discussions à sens unique, deux semaines de visites, d’angoisse, de rendez-vous avec le corps médical, de décisions et de souffrance.
Il m’a rendu visite la nuit précédant sa mort m’annonçant que les funérailles seront deux jours après à 17h. C’était la dernière fois que j’entendais sa voix.
Je ne veux pas parler du deuil, ni de la perte, ni de la souffrance. Je ne veux pas parler de ce processus des hauts et des bas, de cette épreuve redoutable.

Quand son cœur a lâché, quand, un matin le temps s’est arrêté, j’ai cru que tout allait s’effondrer autour de moi.
Parce qu’après deux semaines passées à espérer qu’il revienne miraculeusement, il y a eu la constatation du vide, l’absence, le silence et la peine.
Parce qu’au bout de ces deux semaines, j’ai perdu mes repères, mon idole, l’homme idéal qui incarnait tous les principes du mari fidèle, du père aimant et de l’ami exceptionnel.

Malheureusement la vie ne m’a pas donné l’occasion de le connaitre beaucoup. Du moins, pas assez à mon gout. Lorsque j’étais enfant, il vivait loin pour son travail, mais il m’a inculqué la volonté d’apprendre à lire, à écrire, à devenir une bonne personne à travers ma mère et surtout pour ne pas le décevoir. Quand j’ai traversé l’adolescence, mes parents m’ont appris à réfléchir. Mais depuis peu seulement, mon père et moi, nous parlions comme des amis, nous avons pu entretenir de belles conversations ou nous nous interrogions sur des grandes questions existentielles, rions de bon cœur pour un tout et un rien et surtout au lieu de refaire le monde nous avions refait les plans de ma maison et celle de mon frère des millions de fois.

La mort de mon père a bouleverse beaucoup de choses et m’a poussé à me poser des millions de questions.
Jusqu’à preuve du contraire, j’ai perdu avec papa un mélange d’admiration, d’amour et de tendresse. J’ai perdu la seule personne qui pour moi incarnait l’originalité, l’intelligence, l’honnêteté, la fidélité, l’humour, la patience, la bonté et l’instinct paternel.
J’ai perdu la seule personne qui pour moi incarnait les meilleures qualités d’un homme.
J’ai perdu le dernier des Hommes, des vrais !


samedi 26 octobre 2019

Quel honneur!


Je n’ai jamais aimé faire les courses au supermarché mais c’est une tâche obligatoire si je dois continuer à nourrir ma petite famille. Souvent je passe vite fait sur le chemin du retour après le sport, je passe pour un ravitaillement en fruits et légumes. Je ne suis jamais en grandes pompes mais je suis avec un t-shirt qui commence à peine à sécher de la sueur, à voir mes cheveux on aurait cru qu’il pleuvait dehors ou que je venais de sortir de la douche, bref je ne suis jamais présentable et ne souhaite en aucun cas rencontrer une âme que je connais, je veux surtout finir ma corvée et rentrer prendre une bonne douche.
Mais c’est dans ces pires moments qu’on croise souvent des amis, un ex, une rivale ou qu’on fait des rencontres inattendues!

Il y a deux jours, je sillonnais le rayon fruits et légumes tranquillement après mon sport quand d’un seul coup je sens une main sur mes épaules. Je me retourne et voit mon sexagénaire préféré venu faire ses courses aussi. A peine on se dit bonjour, il va voir une autre dame pas loin de moi et commence à parler avec elle. Deux minutes plus tard ils reviennent tous les deux vers moi pour les présentations. Il se trouve que je viens de rencontrer une figure publique française, maman d’une actrice française bien connue, ex compagne d’un acteur français très connu aussi et compagne d’un homme important lui aussi sur la scène française et dans paris match. Mais avant tout une fan de mon pays natal, une femme de coeur qui a aidé beaucoup d’enfants libanais pendant la guerre en les plaçant dans des familles d’accueil en France pour poursuivre une vie normale et finir leurs etudes pendant cette horrible période qu’a connu mon pays natal.
Ce jour, les courses ont pris une autre forme et ont abouti à un diner hier soir pour faire ample connaissance et continuer à parler de notre amour respectif pour mon pays. 
Hier soir, nous étions 14 convives, assis autour d’une table ronde à faire connaissance et à refaire le monde.  14 convives de nationalités différentes, de confessions différentes mais surtout avec des bagages assez différents. Il y a ceux qui vivent en France mais viennent à Marrakech pour les vacances dans leur résidence secondaire, il y a ceux qui sont nés à Marrakech, de parents français et qui vivent à l’année ici, il y a ceux qui ont fait une partie de leur carrière en France mais qui ont posé valises à Marrakech il y a maintenant quelques années pour accomplir un rêve encore plus grand et qui ont réussi à construire des projets assez en vogue aujourd’hui ici, mais il y a aussi 2 convives qui sont arrivés hier de mon pays natal pour une conférence importante et à ma grande surprise ils sont des figures importantes sur la scène nationale dans mon pays natal.
Ma grande joie était de découvrir ces 2 personnes exceptionnelles, ces 2 grosses têtes, de découvrir la personne derrière des projets de construction emblématique dans mon pays, l’urbaniste et conseiller international, ou l’autre personne économiste et titulaire de plusieurs doctorats en sciences économiques, fondateur d’un grand groupe pour les services-conseils et de la finance, un auteur de nombreux ouvrages sur l'économie libanaise et arabe. 

La discussion a fait plusieurs détours, de l’architecture à l’urbanisme, de la vie à Marrakech d’expatriés libanais à la vie des pieds noirs de l’époque, des boites de nuits à l’Oukaimeden aux club med en europe, mais aussi de sujets sérieux aux expériences hilarantes.
Nous avons fait le tour de beaucoup de sujets, des plus sérieux au plus fun, nous avons fait connaissance, nous avons parlé de nos différents avis politiques entre compatriotes mais aussi de nos goûts et nos choix culinaires.
Ce dernier sujet m’a fait découvrir l’existence d’un groupe de 30 personnes dans mon pays natal qui regroupe ceux qui ne mangent pas de poissons, de fruits de mer ou n’importe quel ingrédient qui vient de la mer. Un groupe de 30 personnes qui ont le même goût culinaire que moi. Ces personnes qui ne mangent rien en provenance de la mer ont formé avec mon voisin de table et compatriote un groupe!
Au fil de la discussion, mon voisin a découvert que moi aussi je ne mange rien en provenance de la mer, que souvent c’est embêtant quand on est invité chez les gens pour la première fois, et que souvent ce phénomène intrigue les autres personnes comme si moi je viens de mars. Il m’a donc invité à faire partie de ce groupe de personnes qui subissent les mêmes phénomènes que moi. Il m’a intégré en tant que première femme du groupe, première femme mais aussi la seule femme! 
J’ai accepté avec grand plaisir l’invitation mais surtout cette invitation me touchait car elle émanait du gendre de Mme Moghaizel, celle qui a été une figure militante de la lutte pour les droits des femmes dans mon pays natal et dans le monde arabe, le gendre de celle qui a été derrière de nombreuses réformes législatives en faveur des droits des femmes!

Aujourd’hui je me réveille avec un titre supplémentaire à rajouter à ma vie sur terre, le titre de membre d’honneur en tant que première femme du groupe de ceux qui ne mangent pas de poissons ou de produits de la mer. Si avant, parmi  mes amis, cette différence subissait beaucoup de commentaires, aujourd’hui elle a été la force et la raison d’un titre honorifique.

A partir d’aujourd’hui, je ne refais plus mes courses de la même manière. 

mardi 15 octobre 2019

Leçon de vie avec Safran


Ces derniers temps, je passe par une période très difficile avec la perte de mon père il y a 1 mois et demi, suivie par celle de mon beau père il y a 3 jours. Tous les deux tombés sur la tête, hémorragie et décès. J’essaie pour eux et pour ma famille de faire un travail sur moi pour retrouver mon identité d’avant la mort de ma maman il y a 7 ans, de revenir gaie, spontanée et aimer la vie à nouveau. Ma petite famille a subi cette odieuse personne que je suis devenue et on me l’a fait savoir chaque membre à sa façon.  

Dans ma démarche vers le bonheur, j’ai repris le sport de manière plus sérieuse. A chaque séance je me donne à fond et je profite au maximum surtout, à part ce matin au cours de Rpm. Pourtant pendant ce cour on pédale en groupe, avec un coach, une chorégraphie, de la musique sur un vélo indour. La chance que nous avons dans mon club de sport c’est que notre cour, à l’inverse des cours en France,  ne se fait pas dans une salle fermée dans le noir avec des lumières multicolores de discothèques mais plutôt avec en face un golf, des arbres, du soleil et de l’étendue. 45 minutes à pédaler sur place et malgré tous les bienfaits sur le physique et le mental, mon mental à moi n’a pas pu s’empêcher d’errer, bien sûr !

En pédalant, je me disais que sur un triathlon avec relai, je prends la partie vélo si un jour je décide de le faire et même si mon mari pense que je serais mieux en natation. Notre copain et sa sœur participent dans 2 semaines à l’Ironman 70.3 de Marrakech, un triathlon longue distance avec 3 disciplines qui se complètent et se compensent : Natation sur le lac Lalla Takerkoust sur une boucle de 1900m, un parcours de vélo de 90km reliant le lac à Marrakech en passant par le village berbère de Tahanaout et les prairies verdoyantes de la vallée de l’Ourika et pour finir une course à pieds de 21.1 km dans la ville ocre de Marrakech.
Je n’ai pas pu m’empêcher d’établir un parallèle avec la vie, les relations, l’inspiration, le flirt, la trahison, l’amitié et les expériences. Le déroulement de notre vie humaine est une succession de rencontres, de moments vécus et de séparations. Notre existence a un début avec la naissance, une vie avec la croissance sur terre et une mort avec une fin ou un passage.
Toujours 3 étapes, un triathlon d’épreuves !

De retour à la maison, je ne sentais pas le bienfait complet de la séance de sport, je me sentais plus victime d’une agitation mentale donc je décide de prendre mon vélo et d’aller faire un tour aux écuries pour voir les chevaux car je rêvais de paix intérieure et de lâcher prise. Ça fait un moment que je n’arrive pas à faire taire cette voix aux multiples intonations et remplis de contradictions qui parfois me donnait des conseils, parfois me faisait espérer, parfois me malmenait, parfois me décevait, parfois me poussait à  faire des conneries impulsives ou encore d’autres fois m’emmenait dans le doute et la peur, m’empêchant alors d’agir en cohérence et harmonie.
En arrivant aux écuries, j’ai directement cherché mon cheval préféré, Safran. Je l’aime car il est beau, jeune, il aime la vie malgré son passé, il est un peu rebelle, il est joyeux, aime les gens et aime surtout faire des conneries et c’est ce que j’aime le plus chez lui. Je ne l’ai pas trouvé dans son box habituel mais dans un autre un peu plus loin au calme. J’ai pris le temps de me poser à côté de lui, de l’observer, de passer du temps avec lui et de le sentir. Il était au calme, paisible, il faisait sa vie. En l’observant j’ai pu réaliser qu’il n’était pas en train de ressasser le passé ni planifier son avenir, il jouissait de la puissance du moment présent.

Il est venu me voir comme à son habitude, me regarder, me dire bonjour. Je croyais en arrivant que je suis venue chercher chez Safran sa joie de vivre et ses conneries plaisantes pour me changer les idées. A l’inverse, en le regardant droit dans les yeux j’ai eu un frisson et mes larmes ont commencé à couler à flots, il m’a touché au plus profond de moi et a fait un écho à qui je suis, à ce que je sens en ce moment. Il m’a renvoyé mes blessures, mes douleurs, mes pertes, mes émotions refoulées, mes valeurs, mes limites et mes besoins. J’ai ressentis ce que l’on m’a toujours dit, qu’il m’a reflété ma cohérence et mon incohérence entre mes intentions, mes actions et mon langage corporel et énergétique.
Pour la première fois, depuis que je le connais, que je vois Safran calme, posé, sûre de lui, mature et claire. Il n’a pas cherché à faire des bêtises, ni à jouer comme à son habitude, il n’était pas agité. Il se tenait droit et alternait entre me tendre le cou pour le caresser ou chercher mon regard. Il m’a passé un message de bien-être, de calme et de patience.

Il m’a fait comprendre que dans ce que je traverse actuellement, dans mes doutes et mes questions, je suis à la deuxième phase de mon triathlon des sentiments. Apres la douleur et la trahison qui représentent la première phase, vient la période de deuil, de pardon, de reconstruction de la confiance avant la troisième phase représentée par le pardon, l’acceptation, le lâcher-prise.
Avant de me remettre à la vie, je dois traverser cette phase comme veut Safran avec calme et patience. Ca ressemblera à l’épreuve du vélo du triathlon, ça sera l’épreuve la plus agitée avec beaucoup de dénivelés et surtout l’épreuve la plus longue.
Apres ma rencontre avec Safran, je suis rentrée soulagée, avec des réponses à mes douleurs et j’ai remarqué que cette simple présence consciente m’a amené de grands changements pour le reste de ma journée.

Je n’ai pas pu m’empêcher de réaliser aujourd’hui que contrairement à moi ou aussi à nous tous, les chevaux n’essayent jamais de contrôler la Vie et de la faire coïncider avec leurs idées. Ils prennent les choses comme elles sont, sans les juger ni y résister. Pour eux, c’est comme c’est et c’est ok. Et c’est une très belle leçon de vie que m’a apprise le plus beaux des chevaux, Safran.


mercredi 2 octobre 2019

Ma constatation du moment

 
Je suis rentrée hier retrouver ma petite famille après un voyage rapide de 4 jours dans mon pays natal. Je suis partie retrouver mes frères et mes proches pour la messe de quarantaine (40jours après la mort) à l’intention de mon père. Une messe, une tradition, des retrouvailles et un rite qui aide à supporter l’absence et à faire vivre le souvenir de mon papa, de cet être aimé. 

Dans nos traditions, on célèbre la “messe de quarantaine” pour clôturer la période de “grand deuil” car chez les chrétiens il est reconnu que l’âme va se purifier et accomplir l’effort de détachement de l’enveloppe corporelle durant les 40 jours prévus pour son ascension vers Dieu. Le nombre symbolise la période de transition de retour sur soi qui précède tout changement profond. Ces 40 jours qui suivent un décès sont considérés comme délai nécessaire à la séparation définitive des 3 composants de l’être: corps, âme et esprit.

Pendant la messe dimanche, famille, amis et proches se sont réunis, les émotions ont explosé et les larmes ont coulé. C’était un grand moment de douleur, de souvenirs, de colère et d’absentéisme aigu.
Pendant la messe, je n’ai pas pu écouter l’ensemble des paroles, j’ai vagabondé, mon esprit a erré dans l’église et parfois au-delà des murs. J’étais dans un état crucial de survie, je voulais disparaître mais aussi je voulais terminer ma souffrance. 
Par contre quelques mots ont retenu mon attention, surtout quand le prêtre a expliqué l’évangile du jour évoquant le pardon :
« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente lui la gauche »
Le prêtre parlait du sens « littéral » de ce passage qui est une invitation à nous poser des questions, de sorte que nous puissions arriver au-delà de notre première impulsion naturelle et avoir ainsi un comportement créatif, créateur de vie, de réconciliation, de paix. C’est ainsi que le prêtre voulait peindre le Christ comme étant génial avec ses paroles provocantes, dérangeantes, ses paraboles et ses gestes significatifs. 

Dans mes moments de doute et de douleur, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au « comment résister au méchant », comment laisser les pedophiles continuer à violer des enfants,  comment laisser les gangsters agresser des banques et des tyrans tuer des innocents sous leur balles? Comment accepter qu’une belle-mère prive les enfants légitimes de leur héritage, une femme voler le mari d’une autre et briser son couple, d’un père envoyer son fils quémander? 
Pour appliquer à la lettre ces paroles faudrait-il donner un enfant de plus au pédophile, la clef du coffre au gangster, des armes aux fous furieux, un accueil chaleureux à l’amante du mari? Faut-il accepter avec joie que Dieu nous prive d’un être aimé, d’un ami ou d’un père?

Dans ce moment pénible de colère et de douleur, ainsi par expérience je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que la plus simple interprétation de ce texte reste pour moi une voix alarmante nous disant qu’après la gifle sur la joue droite, tend bien la joue gauche et attend la deuxième ne tardera pas à arriver!

jeudi 12 septembre 2019

Back off


Il y a une personne dans mon cercle à qui je souhaite dire que je ne vais pas baisser les bras, je vais me battre pour mon couple, mes enfants, mes frères, ma famille.
A cette personne qui prétend nous connaître, qui essaie de prendre ma place, qui pense semer la zizanie, je dis: tu ne me connais pas!

Aujourd’hui j’ai décidé de me battre. J’ai décidé de réveiller la tigresse qui sommeille en moi, j’ai compris que la perte d’un être cher, voire deux, m’a rendue plus forte encore.

Plus forte car je sais à quoi ressemble la douleur. Pas la douleur d’avoir été détruite ou trompée mais celle du chagrin, de la perte, du deuil.
Plus forte car on m’a arraché la plus belle personne qui méritait de vivre une longue vie saine sans souffrance et avec qui je n’ai pas eu suffisamment de temps.
Plus forte car j’ai appris à accepter que la vie est injuste, que l’univers ne fait pas de favoritisme.
Plus forte car je me suis interrogé sur mes croyances, ma force a été mise à rude épreuve et que je n’ai pas abandonné.
Plus forte car j’ai fait face aux pires circonstances possibles et j’ai survécu. Je suis toujours là. Le deuil, les funérailles, les discours, les messages, les fleurs, le cercueil, l’hôpital et les moments où j’aurais aimé pouvoir disparaître.
Plus forte car je n’ai pas encore finis de pleurer, tard la nuit ou tôt le matin. Mais ces larmes ne me rendent pas faible. Elles font de moi une survivante!

Alors à cette personne je dis: ma force a été testée à 2 reprises, j’ai perdu 2 êtres très important, je me suis interrogée et je sais que je suis encore capable de sourire. De rire. De profiter de la vie. 
J’ai fait face à la plus grande perte que l’on puisse imaginer et je sais à quoi ressemble la douleur imparable. 
Je serais là pour mes amis chaque fois qu’ils subissent une perte similaire mais avant tout je serais là pour ma famille, mon couple, mes enfants. 
Je saurais rendre ta vie misérable, je peux tout surmonter alors ne me mets pas à l'épreuve!

mardi 18 juin 2019

Réflexion du moment


Notre station d’essence/ café a réouvert ses portes après le mois sacré du ramadan et avec cela nos rencontres hebdomadaires ont retrouvé du goût. Cette semaine, un ancien habitué a rejoint la bande après des mois d’absence. Nous avons pu se rattraper sur les derniers films Netflix, les séries à voir et surtout les news de Marrakech, du mariage au divorce, des naissances aux adultères, des expatriés qui partent aux profs qui se casent et des derniers restaurants qui ouvrent aux fortunes qui se dilapident. 

Les plus informés partagent leurs connaissances en la matière, relatant par l’occasion des secrets anciens pouvant réconforter les autres dans leur avis préconçu. Marrakech est une petite ville, la communauté d’expatriés n’est pas énorme alors tout se sait et se partage. Il y a toujours un quelqu’un qui connaît un ami proche de n’importe quelle personne qui fait la une du potin du moment. Les secrets ne sont jamais des secrets, les raisons de séparation d’un couple sont commentés par tous, l’un ou l’autre ne peut mentir à ce sujet et le dealer de drogue recherché par interpole est pointé du doigt ici ne pouvant pas faire profil bas.

Nous avons toujours vent des potins, les news des divorces et adultères font la première page mais le souci c’est que ça explose beaucoup au point de ne plus pouvoir les compter sur les doigts des mains. 

D’un autre côté, cet après-midi, notre sexagénaire célibataire préféré a fait une apparition rapide chez nous pour le déjeuner et avec lui une nouvelle pensée du jour. Il se réjouissait des divorces en règle générale car pour lui, il faut que les gens divorcent pour que ça tourne et qu’on ai tous une chance dans cette vie. 
Son téléphone sonne, il eu un moment une conversation avec une dame et puis se urge à raccrocher car il est à table avec nous puis il rajoute “c’est encore une de plus qui a rejoint le groupe suite à un divorce récent” il se réjouit du fait qu’il est la roue de secours pour désespérée! Avec lui il y a toujours une histoire à raconter, un réconfort à trouver et une sortie de secours. 

Entre journée rythmée par les mauvaises nouvelles, les derniers potins du matin, les réunions de chantiers, la scolarité des enfants, les menus sains à concocter, les devis à éplucher et les plans à dessiner, je ne peux que penser à la réflexion d’Aristote: le problème ne tient pas aux émotions elles-mêmes mais à leur justesse et à leur expression.

En espérant que nos passions, quand elles sont convenablement canalisées, possèdent leur sagesse propre.
Mais reste à savoir comment mettre notre intelligence en accord avec nos émotions? Comment rendre à la vie communautaire son humanité?

lundi 11 mars 2019

A comme .....


J’adore les soirées déguisées, l’effort mis dans la préparation des costumes et l’imagination débordante  des invités. J’ai étais à plusieurs soirées déguisées et j’ai organisé quelques-unes. A chaque fois, il y a eu d’agréables surprises, des rencontres plus ou moins violentes et des émotions soudaines qui nous  frappent dans la sensibilité et le psychisme. Des délires qui font qu’on en parle jusqu’à ce jour, à chaque fois qu’on évoque nos souvenirs ou à la veille des préparatifs d’une autre soirée.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de rigoler mais tirer aussi notre révérence à l’imagination exponentielle d’un ami qui s’est déguisé en carambar pour une soirée sous le thème de « tout ce que tu as voulu être » car apparemment il a toujours rêvé qu’on le suce (désolée pour les très pudiques qui lisent cet article) ou comme l’amie vêtue d’une élégante petite robe noire à la française mais qui a collé de la fourrure sous les aisselles en guise de cheveux longs non épilés pour la soirée « tenue chic, détail choc » et qui lui a permis de gagner le trophée du meilleur déguisement lors de cette même soirée.
Tout  simplement, les déguisements nous offrent la possibilité de s’évader, le temps d’une soirée, dans un monde irréel et de partager avec des proches des moments ou l’imaginaire et la dérision prennent d’emblée toute leur place.
La dérision et le délire c’est aussi quand nous préparons un déguisement pour une soirée ou quand nous essayons d’en trouver un qui correspond au thème imposé. Je me souviens des fous rires que nous avons eu avec mes collègues à l’agence d’architecture quand j’avais imposé le thème « S comme.. » pour ma fête d’anniversaire. Les convives devaient venir déguiser en quelque chose qui commence par un S. Les pauses déjeuner se sont transformées en déluge d’idées astronomiques sur l’aberration de l’imagination des architectes. A la soirée j’ai vu défilé des sapeurs-pompiers, des Soldats, des superman, des secrétaires mais la surprise était surtout le collègue tout en blanc vêtu avec un bonnet de bains en latex sur la tête en guise de suppositoire.

Dans le cadre de ces soirées déguisées, toute notion d’interdit, de contrainte et de supériorité sociale s’efface au profit de la convivialité et de l’autodérision. Les déguisements ont des fonctions symboliques très fortes qui permettent de s’approprier un personnage et d’échapper à la réalité
Depuis la nuit des temps, l’homme, l’adulte, tout autant que l’enfant, se déguisent. Les psychanalystes l’ont souligné depuis bien longtemps : « l’homme n’est jamais lui-même, en toutes circonstances, la société et l’environnement dans lequel il évolue l’obligent en permanence à porter un masque, à refouler ses pulsions ».

Idem pour le monde du travail, le métier que nous choisissons si ça rentre dans le cadre de notre passion définit qui nous sommes et non pas un rôle que nous jouons ni un déguisement que nous enfilons pendant la journée. Si on choisit de faire de notre passion notre métier ça devient une source d’épanouissement, de satisfaction, une réalité, des envies, un savoir-faire, une personnalité.  Le travail et le bonheur deviennent des lors compatibles.
Celui qui travaille sans passion accomplit son labeur par obligation, volonté et devoir, alors que le passionné oublie qu’il doit travailler.

Pour moi, nul besoin de déguisement, nul besoin de porter un masque, nul besoin de subir des contraintes. L’architecture m’attire comme la pratique d’un jeu, ou le plaisir allège le poids des contraintes et arrête le défilement du temps. L’architecture me correspond, elle est alignée avec mon talent naturel, mon potentiel, elle m’offre des champs à explorer, nourrit ma soif de connaitre, de comprendre, de réaliser, d’imaginer, d’assembler, de combiner les normes et dérober aux règles.

Au-delà du mélange de couleurs et de volumes, ce savoir-faire ancestral habille l’espace d’impressions et d’intentions fortes, installe dans les trames des fibres l’accident ou l’aléatoire qui offre le supplément d’âme et d’esprit.
Les longues années d’études ont largement rendu compte de la créativité foisonnante de ce savoir-faire ancestral, intellectuel, relationnel et artistique.

Je peux parler des heures sur le fait de se déguiser au travail, se déguiser la journée en enfilant un métier qui n'est pas le leur mais je peux aussi parler des jours de se déguiser dans la vie vu le nombre de personnes  avec un double visage que j'ai rencontré dans ma vie.

Je termine avec cette citation de Madame de Sablé " Si l'on avait autant de soin d’être ce qu'on doit être que de tromper les autres en déguisant ce que l'on est, on pourrait se montrer tel qu'on est, sans avoir la peine de se déguiser"

lundi 21 janvier 2019

Un café entre amis


A chaque fois que je rentre de Paris, les gens me demandent: c’était comment? Tu as profité des soldes? C’est bien de partir un peu?

C’est vrai que je profite pour faire quelques emplettes, pour regarder ce qu’il y a de nouveau dans les boutiques de la capitale de la mode et pour me déconnecter de mes obligations de la vie de tous les jours. 

Il n’y a plus de réveil à 06h du matin ni d’alarme pour récupérer les enfants de l'école, il n’y a plus de course pour finir de préparer le repas avant l’heure du déjeuner ni de course pour dessiner un dernier détail sur les plans avant de commencer les devoirs, la douche et le dîner. 

Ce que la majorité ignore c’est que mon plus grand plaisir lors de mon passage à Paris, est de retrouver mes amis, des amis avec qui j’ai passé beaucoup de temps quand j’habitais le coin  et que j’ai vu ponctuellement depuis mon départ à Marrakech. Tous les ans c’est le même scénario, je retrouve mes amis dans mon café fétiche, lors d’une exposition ou autour d’un petit-déjeuner et on se met à refaire le monde, le monde de l’art, du bâtiment, de la science ou même celui du business management! 

Nous discutons des derniers objets d’art de l’Unité patrimoniale des collections des Amériques au musée du quai Branly, de la différence de vie entre Marrakech et Paris, des enfants, nous discutons de l’évolution du bâtiment, des réglementations et des grands groupes immobiliers, des personnes avec qui nous avons travaillé, de leurs projets ou leurs déboires, nous discutons de la fusion des grands groupes genre carrefour Fnac ou Darty et du marché économique français ou même mondial.

Il nous arrive aussi de discuter de la situation au proche orient, du conflit israélo-palestinien sans trop s’attarder sur le côté politique mais sur le côté humain, de la différence de management et de l’invasion des marchés occidentaux par des produits de la région.
Il suffit à un pays voisin du nord ou du sud d’inclure dans les menus de restaurants à l’étranger le taboulé,  le humus,  les feuilles de vignes  farcies ou d’autres plats libanais pour que ces plats soient associés indirectement dans la tête des adeptes de ces restaurants à l’art culinaire de ce pays. La question tourne autour de la nonchalance de notre office de tourisme libanais ou intelligence des peuples voisins? Pourquoi nous libanais connus pour être un peuple intelligent ne mettons-nous pas cette qualité en faveur de notre pays? 

Entre la crise économique de mon pays natal, la critique sociale artistique incarnée par Basquiat ou les progrès environnementaux restant à faire dans le bâtiment, le mélange de mots devient vif et viscéral créant des moments forts de partage et de rêves en perspectives.
Ce sont des rencontres inspirantes qui façonnent mon chemin, la personne que je suis et que je ramène avec moi à Marrakech.