mardi 24 janvier 2012

La cruauté d'un homme


Il est vrai que dans mon blog je partage  avant tout les chroniques d'une femme architecte dans le monde du bâtiment, un monde d'hommes. Il est aussi vrai que depuis un certain temps mes chroniques s'orientent vers un autre monde en vue des différents changements qui bouleversent ma vie. Il est vrai que je peux écrire et raconter tout ce qui peut troubler mes sentiments, la seule plume qui détient ce blog.

Mais aujolurd'hui, je n'ai qu'une seule envie: écrire pour témoigner d'une cruauté que peut faire un homme à une femme, écrire pour partager l'expérience d'une personne chère, écrire pour lui souhaiter courage et patience.
C'est ma façon de la soutenir, de l'aider.

En dehors des rêves vendus aux touristes, des palaces de luxes, spa extravagants, des oasis verdoyants et soleil rayonnant, en dehors de ce cadre idéal existe des milliers de femmes battues ou vendues petite, des milliers d'enfants dans la rue, une pauvreté et une misère déprimantes.

Un soir, après le boulot, elle se retrouve chez elle, seule avec son fils de 11 ans puisque de son homme elle est divorcée depuis longtemps. Un homme du quartier essai de casser la porte de son appartement pour rentrer chez elle, la voler, la violer ou peut être la tuer. Par réflexe de protection maternelle elle met une chaise, grimpe le mur mitoyen et se retrouve avec son fils chez les voisins. Cet homme savait à qui il avait affaire et l'a bien signalé aux voisins qui essayaient de le retenir, il rentrait par infraction chez une femme divorcée, une femme seule, une femme faible. Elle appelle la police qui ne tarde pas à l'arrêter et l'emmener au poste. Il y séjourne pendant 2 semaines.
Entre temps, il demande à sa famille et amis de la supplier pour ne pas porter plainte ni prolonger son séjour en prison, mais en parallèle la menace de faire du mal à son fils!

Cette femme est courageuse, battante et bonne travailleuse. Elle n’a pas eu une vie facile depuis son plus jeune âge. Vendues par son père à une famille riche quand elle était petite pour jouer avec les enfants de cette famille, comme lui explique son père. Mais au lieu de jouer, elle s’est retrouvée à faire le ménage quand elle n’est pas perchée sur un escabeau pour faire la vaisselle. Elle a même été battue par le père de la nouvelle famille.

Hier, son fils marchait dans la rue quand un homme, un ami fidèle du premier, envoi ses enfant tabasser le petit avant de reprendre lui-même sa voiture et l'écraser et ainsi faire du mal à une personne innocente, une femme, une mère.
Le fils de 11 ans, se retrouve aujourd'hui sous surveillance à l'hôpital, au service de neurologie, avec un traumatisme crânien causé par une agression. Il y restera jusqu'à demain car, en manque de sécurité sociale, elle n'a pas les moyens de s'offrir le luxe de surveiller-protéger-guérir son fils, elle n'a pas les moyens de payer les frais des examens et elle n'a que 48hr pour rembourser les frais de l'hospitalisation déjà engagés.

Du pied du lit de son fils, elle prie son Dieu, elle pleure, elle espère!
Il n'y a pas plus dure que de voir son enfant souffrir, agressé et pourvu d'avenir!
Je ne peux que lui souhaiter le courage, la force, le rétablissement deson fils et le soutient des bloggeurs-lecteurs à travers ce texte.
La pauvreté, la misère, la dépendance de la drogue, la vengeance, lajalousie, la communauté, les traditions, la religion peuvent-ils être un motif suffisant pour agresser un enfant, pour le priver de ses rêves   ou pour lui voler son avenir?


lundi 2 janvier 2012

Mais où est passée la sécurité ?


Depuis plusieurs jours, il y a une invasion massive de mon chez moi par des ouvriers en tout genre. Il y a ceux qui viennent pour la maintenance, ceux qui sont là pour l’entretien du jardin et ceux que j’ai demandé pour de petites interventions afin d’accrocher une patère ou réparer une prise…..
Donc depuis quelques jours, je gère mon petit chantier à moi sans la casquette de l’architecte mais avec celle de la femme-au-foyer aux yeux des ouvriers. Je garde de mon côté l’œil et la curiosité de l’architecte et me pointe à chaque intervention pour surveiller, vérifier et surtout donner mon avis. « Une femme qui parle » doivent se dire les ouvriers et me renvoient vers mon mari pour les réponses !
Je surveille car après l’expérience avec le maçon qui me pose un seuil à 1m de là où il devait le poser, je me rends compte que les ouvriers qualifiés ne trainent pas par-là !
Quand les jardiniers ont commencé à bosser, j’ai prétexté une pause cigarette dans le jardin pour les regarder et surtout pour voir que les normes de sécurité n’existent pas dans ce pays. J’ai vite imaginé la réaction que peut avoir un SPS français et je me suis souvenu, en particulier, du SPS qu’on avait nous sur le chantier de l’EHPAD qui hurlait car on grimpait sur une échelle pour monter sur la terrasse technique. Combien de fois il est venu me voir pour me parler de la sécurité, des conditions inadmissibles des ouvriers qui devaient descendre dans un vide sanitaire de 1m de profondeur sans crinoline et pour me dire surtout que si on continue comme ça il va me notifier par écrit et il arrêtera le chantier  car c’est pas croyable d’avoir une telle négligence des normes et du code du travail !
A ce SPS, je dis vient voir les jardiniers à Marrakech ! Des jardiniers qui montent sur l’échelle en s’appuyant sur un poteau métallique ou un arbre, ils montent 10 marches pour se pencher après et couper les branches à hauteur de la 5eme marche ! Quand je leur parle de sécurité, ils me regardent comme un extraterrestre fragile !
Puis vient le menuisier, à ma grande surprise c’était un bon, il fait du travail propre et m’a appris l’astuce de l’enveloppe : il l’a posé et collé sur le mur sous l’endroit où il doit percer  pour que la poussière tombe dedans laissant ma salle de bains propre !
Mais malgré son travail propre quand il s’agit de sécurité, il rejoint les autres ouvriers. Son moyen de transport date d’un siècle, il se déplace en vélo-brouette, se déplace d’un chantier a l’autre et transporte tout son matériel sauf un : le casque !
Il n’est pas le seul, ce qui m’a le plus choqué c’est quand je prends la voiture pour aller dans la ville, une grande partie des gens se déplace en vélo ou en moto mais leur particularité c’est qu’ils conduisent avec une main et mettent l’autre dans la poche si ce n’est pas les deux mains qui sont dans la poche !
Parfois j’ai juste envie de les prendre en photo pour partager avec les autres ce que je vois et qui me sidère. Je m’appliquerais la prochaine fois pour prendre des photos des parents qui mettent leur nouveau-né entre leurs jambes sur la mobylette !
Je n’ai pas pu m’empêcher de me remettre en question depuis mon arrivée, est ce que mon passage en France m’a formaté en un Security-freak ? Suis-je devenue adepte du système préventif à la Jacques Chirac ? est-ce-que 10 ans en France m’ont fait oublier que je viens d’un pays du tiers monde pourvu de règles de sécurité avant de devenir une française ?