samedi 29 décembre 2018

5 min d’inattention


Je pars demain avec mari-idéal et mes 2 mini monstres passer les 2 derniers jours de 2018 dans un bled perdu loin de la civilisation, sans connexion Wi-Fi ni 3g. On va passer les 2 derniers jours de 2018 avec les amis, en connexion avec la nature et à la bonne franquette.

Pour cela j’ai préparé aujourd’hui du kibbeh, une des entrées phares de la gastronomie Libanaise que l’on retrouve traditionnellement dans le mezzé mais qui existe aussi sous différentes inclinaisons. Le kibbeh est devenu mon plat fétiche surtout après le décès de ma maman chérie. 
Elle a toujours était connue pour son fabuleux kibbeh, recette qu’elle a hérité de sa maman, ma grand-mère et qu’elle m’a donné quelques mois avant sa mort. C’était une recette passée de mère en fille depuis le déluge…. Et même avant.
Cette tradition culinaire ne pouvait pas s’arrêter chez moi, je ne pouvais pas l’accepter. Je me suis mise à la perfectionner depuis maintenant 3 ans jusqu’à devenir ma signature entre les copains et à gagner le trophée du meilleur kibbeh de Marrakech et de ma famille.
A chaque fois que je cuisine ce plat, je m’applique, comme à la veille d’un examen, d’un rendu final de projet ou d’une présentation quelconque.

Mais aujourd’hui je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la semaine dernière, à la suppression du repas de vendredi à la maison suite à une très grande cuite la veille, la meilleure de 2018. J'avais peur des 5 min d'inattention.
Les invités devait venir manger le kibbeh à la maison vendredi midi mais de peur de les décevoir et de perdre ma réputation j’étais forcée d’annuler le repas et de les orienter vers d’autres tables plus sures. Ce que je ne savais pas c’est que la veille, avec ces mêmes invités, j’ai perdu ma réputation mais pour un sujet complètement différent.

La veille nous sommes sorties comme d’habitude manger un petit coup et boire juste un verre entre copains. Nous avons commencé par un repas léger et quelques bouteilles de vins entre potes. Il y avait parmi nous un nouveau arrivé dans le groupe qui voulait faire bonne figure, relever le niveau de son frère ex-membre et rétablir une relation de bon drinkeur (mot que Google me corrige en draineur, je ne vois pas trop la différence)
Puis nous sommes allés rejoindre un autre régulier dans une des boites de Marrakech pour faire honneur à nos traditions, inutile de préciser que nous avons continué à boire, à marier les couleurs, les liquides, les cinquante autres élixirs et à mélanger les fils et les pinceaux.

Quand on est content et qu’on fait la fête, il peut nous arriver de baisser la garde surtout quand notre soldat en charge de nous surveiller se trouve à Rome.  De toute façon nous ne sommes jamais en garde face à une femme, créature considérée par les non connaisseurs comme étant faible. Notre sexagénaire, ce soir-là, ne se doutais pas de la suite des événements quand il a invité une jeune femme à notre table pour boire un verre et plus si affinité. Cette femme a essayé à plusieurs reprise de convaincre notre nouveau arrivé d’ami, que, moi, la seule fille du groupe, aime pas les mecs pendant que, moi, la seule fille du groupe dansait décemment à coté de mon mari-idéal.

Il a fallu que mon mari-idéal nous laisse 5 min pour aller faire un tour aux toilettes pour que cet intrus de jeune femme m’agrippe par le bras et utilise la danse comme arme de séduction ou invitation au flirt. Pendant 5 min, elle a mené la danse, pris des initiatives, décidé des passes et s’est lâchée sur le Kino.

Il a fallu de 5 min d’inattention pour me refaire une réputation surtout que notre sexagénaire favori a trouvé le spectacle chaud bouillant pour son imagerie mentale. Nous habitons dans une bulle, un beau domaine privé identique à un village ou rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !