mercredi 13 avril 2016

Des parents architectes


Chaque matin j’aime démarrer ma journée par un bon café et une bonne lecture, seule au lit pendant que tout le monde dort. Puis ce matin, je tombe sur un article sommaire sur la vie avec des architectes et je commence à rigoler toute seule, je me retrouve. Si vivre avec un architecte peut s’avérer pénible, je me demandais comment mes 2 enfants vivent avec une mère ET un père architecte.
Quelle influence a-t-on sur eux, que fait-on de différents ?

En allant réveiller mon petit pour l’école, sa collection de Lego architecture, bien alignée sur sa table de chevet et à laquelle personne n’a le droit de toucher, me saute aux yeux. Il a une belle collection de monuments allant du Burj Khalifa à Dubaï à la Willis Tower à Chicago en passant par la tour Eiffel à Paris, pour ne citer que quelques un, un tour du monde de miniatures de grandes architectures.
En juin 2011, j’ai assisté au lancement de la gamme architecture de Lego au Bon marché à Paris et je me souviens des maquettes inédites qui étaient exposées, de véritables reproductions à grande échelle de certains modèles de la gamme : l’Empire state building ou le Guggenheim Museum mais ma préférée était et restera la Falling water, je me souviens que je suis restée un long moment en admiration devant cette maquette rêvant du jour où je construirais ces lego avec mes enfants.
Il est arrivé à mon fils de passer plus ou moins des nuits blanches pour construire ses maquettes, tout comme un grand professionnel ou un architecte en herbe.

Il est vrai que les premiers jouets qu’il a reçu et a transmis à sa petite sœur furent les jeux de construction en bois, car maman-papa étant architectes ils rêvent de construire, compiler, aligner et superposer des cubes, des cylindres, des briques et des triangles pour faire des tours ou des créations rigolotes avec une imagination sans limite.
Le jeu de Kapla est un grand classique à la maison  ou en cadeau à offrir aux amis. Un jeu imposé par des parents architectes car le but étant de favoriser l’apprentissage de la géométrie, de la physique et de la technologie tout en initiant l’enfant au monde de l’art, la création, l’univers des formes et des volumes.

Mais pour construire les maquettes, mon fils travail sur un bureau personnalisé, à hauteur réglable, créé par sa maman qui grandit avec lui, tandis que ma petite fille a un bureau en demi-cercle et un siège à 3 pieds accompagné par la théorie de l’équilibre que je lui explique au quotidien pour ne pas perdre pieds tout ça vient du faible qu’ont les architectes pour le mobilier design (parfois dangereux pour les petits) et du souhait d’en posséder quelques un, la chaise longue à réglages régulier du Corbusier, la chaise Barcelona de Mies Van der Rohe ou la lounge chair des Eames.
Ça ne se limite pas au mobilier, les tissus et les couleurs jouent un rôle important. Le choix des vêtements le matin et la coordination des couleurs est un apprentissage pour nous, l’occasion de parler du cercle chromatique, qui présente en général les couleurs sous forme discontinue, des arcs de cercles égaux étant consacrés à chacune des nuances que nous avons appris en première année d’archi et des couleurs primaires couleurs qui ne peuvent pas être reproduites par un mélange d’autres couleurs. Alors les enfants ne peuvent que demander s’il est bon de mixer du rouge vermillon avec du bleu cyan, du magenta ou du taupe afin de ne pas être traité de « sapin de noël déambulant » quand ils croisent maman le matin !

L’amour de la précision et de la perfection se transmet aussi mais parfois c’est génétique. Aimer aligner les objets sur la table de chevet, placer la chaise dans un sens pas dans un autre, caler son assiette dans l’axe de son corps ou même trier les livres par ordre, passer des heures pour ranger sont aussi nos qualités et nos défauts.
Il m’arrive, parfois, d’entendre des commentaires du genre « ton fils plie son linge sale avant de le mettre dans le panier à linge » ou « elle met beaucoup de temps pour faire ses dessins en classe car elle cherche la perfection dans l’exécution » en accentuant le ton « défaut ».

L’autre jour, nous avons reçu une amie de mon fils pour un déjeuner et un après-midi avec nous, nous avons fait beaucoup d’activités ensemble et nous avons terminé par un jeu de société qui s’appelle « Tic, Tac, Boom ». C’est un jeu de rapidité qui consiste à associer des mots à un thème proposé     avant que la bombe explose. Quand  le thème « sur un chantier » est arrivé, mon fils a sorti son vocabulaire de chantier : la grue, la peinture, un pilote, une tractopelle, un lexique bien fourni qui fait référence à une certaine expérience dans le domaine. Mais le mot le plus intéressant de la liste fut « Ma maman ! »

Si je fais la liste de ce que nous deux architectes transmettons indirectement à nos enfants je ne sors pas avec que des qualités, loin de là. Certaines qualités sont un fardeau dans la vie de tous les jours surtout avec des amis qui ne partagent pas les mêmes notions au point de devenir des défauts pour l’entourage ou même un manque de laisser aller à force de chercher la perfection.


Mais, en résumé et en tant qu’architecte, j’ose espérer qu’un jour mes enfants auront une culture architecturale par leur parent, une culture humaniste ou l’homme est au centre de la pensée !

samedi 9 avril 2016

Je me comprends


Depuis la mort de ma petite maman, assister à des enterrements ou des funérailles était devenu un calvaire pour moi. Jusqu’à il y a une semaine, je n’avais assisté qu’à un seul enterrement celui de la tante d’un ami très proche et j’avais chialé comme si c’était mon propre enterrement !

La semaine dernière j’ai appris la mort du père d’une amie/âme sœur, je rentrais d’une semaine de vacances à Séville ou j’avais assisté avec ma famille à la semaine sainte.
Pour ceux qui, comme moi, ont fait la messe buissonnière, la semaine sainte est depuis le Moyen-âge la célébration religieuse la plus importante d’Espagne. Durant ces 8 jours dédiés à la passion du Christ, j’ai vécu avec un grand nombre Sévillans, d’Espagnols, d’étrangers, de croyants et de non croyants au rythme des processions.
J’ai vécu une intensité esthétique et spirituelle unique en son genre grâce à un phénomène religieux et artistique, sérieux et joyeux, simple et voluptueux. Pendant cette ouverture émotionnelle, apprendre la mort d’un proche ou la souffrance d’une amie peut réveiller les plus profonds des sentiments.

Les 3 jours précédents les funérailles, je n’ai pas dormi, j’ai pleuré et j’appréhendais le moment. Je suis arrivée à la cérémonie dans tous mes états. La douleur de la perte que j’ai vécue il y a 3 ans est toujours là, la souffrance est à la hauteur de la perte et le temps n’a pas effacé la plaie.
Puis, en garant la voiture dans le parking de l’église, mon homme-idéal et moi, nous tombons sur le Don Juan du groupe, venant aussi de loin pour soutenir la famille du défunt dans un moment difficile. Fidèle à lui-même, Don Juan fait l’éloge de ma beauté en guise de bonjour mais je l’arrête tout de suite car je lui explique que « moi moche et méchant » je ne voyais pas la beauté de laquelle il parlait. Alors il me secoue avec la vérité, il me dit que je me sous-estime beaucoup, que je suis très jolie, que ce corps qui me dégoûte est juste canon, que mon mari-idéal devait me le dire tous les jours et que si je n’étais pas mariée il me sauterait tout de suite, la sur le parking et enfin, tout en mordant sur la main, il me dit « je me comprends ».
Venant d’un homme d’expériences, un homme au style particulier et loin de l’harcèlement sexuel, Je me sens flattée, ça fait plaisir d’entendre cela quand on est au fond du trou, ça remonte le moral, caresse l’ego et ça donne un fou rire euphorique dans des moments inappropriés pareils.

Puis hier, à l’occasion de l’anniversaire de mari-idéal, la bande s’est retrouvée autour d’un déjeuner, un dîner et un after. La bande de copain est composée de restaurateurs et hommes du bâtiment. Des hommes de tout âge et de toutes les expériences argumentent des discussions autour des cèpes, des moules, du camembert, des saveurs diverses, des cerveaux en ébullitions, des quantités de sangs insuffisantes pour irriguer tous les organes sollicités par la nourriture, les discussions et l’imagerie mentale et des « je me comprends ».
A la fin de la journée, les noms de code sont dévoilés très naturellement, les dormeurs assis sont photographiés, les caresses sur la tête ou sur les jambes deviennent de plus en plus flagrantes et les jeux de mots du plus silencieux deviennent encore plus créatifs et hallucinants pour terminer avec des turbo en marche de plus en plus bruyants et des corps allongés dans tous les coins de la maison squattant le salon, les chambres et la terrasse.

Je me retrouve très souvent en tant seule femme de la bande, ça m’amuse ! Issue du monde du bâtiment je suis vaccinée alors j’écoute, je rigole,  je prends notes et j’alimente mon blog.
Je me sens bien, dans mon élément, pas de chichi, pas d’effort d’intégration et pas de moments ennuyeux. Ils ne manquent pas de respect à mon égard et ne me considèrent pas invisible.
Je sais que souvent ils s’excusent pour les dépassements en présence d’une femme mais ça ne les empêche pas de remettre le couvert, de déconner encore plus après, de terminer la journée à l’aube par un fou-rire comme seul remède antipsychotique !

A la question : «  depuis quand date ton dernier fou rire ? Celui qui secoue ton ventre, te fait virer rouge tomate, te fait pleurer, te tordre et gesticuler dans tous les sens… le vrai, l’euphorisant, l’irrépressible fou rire ? »

Je réponds: Hier !