samedi 9 avril 2016

Je me comprends


Depuis la mort de ma petite maman, assister à des enterrements ou des funérailles était devenu un calvaire pour moi. Jusqu’à il y a une semaine, je n’avais assisté qu’à un seul enterrement celui de la tante d’un ami très proche et j’avais chialé comme si c’était mon propre enterrement !

La semaine dernière j’ai appris la mort du père d’une amie/âme sœur, je rentrais d’une semaine de vacances à Séville ou j’avais assisté avec ma famille à la semaine sainte.
Pour ceux qui, comme moi, ont fait la messe buissonnière, la semaine sainte est depuis le Moyen-âge la célébration religieuse la plus importante d’Espagne. Durant ces 8 jours dédiés à la passion du Christ, j’ai vécu avec un grand nombre Sévillans, d’Espagnols, d’étrangers, de croyants et de non croyants au rythme des processions.
J’ai vécu une intensité esthétique et spirituelle unique en son genre grâce à un phénomène religieux et artistique, sérieux et joyeux, simple et voluptueux. Pendant cette ouverture émotionnelle, apprendre la mort d’un proche ou la souffrance d’une amie peut réveiller les plus profonds des sentiments.

Les 3 jours précédents les funérailles, je n’ai pas dormi, j’ai pleuré et j’appréhendais le moment. Je suis arrivée à la cérémonie dans tous mes états. La douleur de la perte que j’ai vécue il y a 3 ans est toujours là, la souffrance est à la hauteur de la perte et le temps n’a pas effacé la plaie.
Puis, en garant la voiture dans le parking de l’église, mon homme-idéal et moi, nous tombons sur le Don Juan du groupe, venant aussi de loin pour soutenir la famille du défunt dans un moment difficile. Fidèle à lui-même, Don Juan fait l’éloge de ma beauté en guise de bonjour mais je l’arrête tout de suite car je lui explique que « moi moche et méchant » je ne voyais pas la beauté de laquelle il parlait. Alors il me secoue avec la vérité, il me dit que je me sous-estime beaucoup, que je suis très jolie, que ce corps qui me dégoûte est juste canon, que mon mari-idéal devait me le dire tous les jours et que si je n’étais pas mariée il me sauterait tout de suite, la sur le parking et enfin, tout en mordant sur la main, il me dit « je me comprends ».
Venant d’un homme d’expériences, un homme au style particulier et loin de l’harcèlement sexuel, Je me sens flattée, ça fait plaisir d’entendre cela quand on est au fond du trou, ça remonte le moral, caresse l’ego et ça donne un fou rire euphorique dans des moments inappropriés pareils.

Puis hier, à l’occasion de l’anniversaire de mari-idéal, la bande s’est retrouvée autour d’un déjeuner, un dîner et un after. La bande de copain est composée de restaurateurs et hommes du bâtiment. Des hommes de tout âge et de toutes les expériences argumentent des discussions autour des cèpes, des moules, du camembert, des saveurs diverses, des cerveaux en ébullitions, des quantités de sangs insuffisantes pour irriguer tous les organes sollicités par la nourriture, les discussions et l’imagerie mentale et des « je me comprends ».
A la fin de la journée, les noms de code sont dévoilés très naturellement, les dormeurs assis sont photographiés, les caresses sur la tête ou sur les jambes deviennent de plus en plus flagrantes et les jeux de mots du plus silencieux deviennent encore plus créatifs et hallucinants pour terminer avec des turbo en marche de plus en plus bruyants et des corps allongés dans tous les coins de la maison squattant le salon, les chambres et la terrasse.

Je me retrouve très souvent en tant seule femme de la bande, ça m’amuse ! Issue du monde du bâtiment je suis vaccinée alors j’écoute, je rigole,  je prends notes et j’alimente mon blog.
Je me sens bien, dans mon élément, pas de chichi, pas d’effort d’intégration et pas de moments ennuyeux. Ils ne manquent pas de respect à mon égard et ne me considèrent pas invisible.
Je sais que souvent ils s’excusent pour les dépassements en présence d’une femme mais ça ne les empêche pas de remettre le couvert, de déconner encore plus après, de terminer la journée à l’aube par un fou-rire comme seul remède antipsychotique !

A la question : «  depuis quand date ton dernier fou rire ? Celui qui secoue ton ventre, te fait virer rouge tomate, te fait pleurer, te tordre et gesticuler dans tous les sens… le vrai, l’euphorisant, l’irrépressible fou rire ? »

Je réponds: Hier !

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