mardi 13 décembre 2011

Un trait de niveau

     
Il y a quelques mois, je supervisais la construction de projets et veillais au respect de la qualité architecturale. Je bossais dur avec plusieurs entreprises pour arriver à livrer avec perfection un travail de 2 ans en moyenne.

Sur le chantier, un trait de niveau à 1m du sol fini tracé sur tous les murs et à tous les niveaux nous tenais compagnie et servait à tous les corps d'état comme repère. Un trait de niveau qu'on exigeait et qui devenait vite notre référence... En tant qu'architecte, les proportions, le visuel et les repères font le siège de mon cerveau pour devenir des images de référence. Quand un petit détail change, mon cerveau bloque jusqu'à trouver la différence!

Exit la vie de chantier et de workingmom, le trait de niveau peut s'avérer utile dans la vie d'une housewife lors de la guerre des produits de beauté!!! Pauvreté et besoin obligent, le personnel de maison se sert dans les produits des autres surtout quand ces derniers se nomment lierac, clarins, sensodine, clairial, et tout type de nom à l'européenne. Sauf que dans le cas d'un analphabète, son incapacité à lire le descriptif indiquant le mode d'emploi peut s'avérer dangereux!

Hier j'ai surpris mon employé de maison vider mon gros sel dans son sac à main, mais aujourd'hui, après l'avoir surprise  dans ma salle de bains entrain de vider mon dentifrice dans un papier alu dans le but d'en prendre pour chez elle, je ne peux pas m'empêcher de demander s'il n'est pas sérieusement temps d'envisager un trait de niveau de sécurité?! Un trait de niveau qui pourra sauver la confiance et maintenir un emploi-gagne-pains!

Une liberté envolée




A ma naissance j'ai reçu un précieux cadeau. Un cadeau que j'ai chouchouter durant toutes ces années, un cadeau que j'ai vu grandir en même temps que moi pour se valoriser et prendre une place importante dans ma vie, un cadeau qui me permet de voler. Un cadeau qui n'est autre que des ailes qui sont vite devenu ma liberté!

Depuis une semaine je me suis envolée vers une nouvelle destination, je suis passée de la fille indépendante à la fille dépendante, de l'architecte à la femme au foyer, de Paris à Marrakech.
J’ai été amputée de mes ailes et enfermée dans une cage, une cage dorée de 100 hectares avec pour seule échappatoire un écran 17", une connexion Internet et des amis virtuels. Je me suis jamais sentie aussi loin de mon chez moi!

Ce sentiment de liberté perdue est-il lié au manque de sommeil, à l'absence d'un moyen de transport (privé ou public on s'en fou mais un moyen de transport bordel!), au besoin d'une vie socialo-professionnelle, ou à un début de baby-blues? Ma décision de partir, de quitter Paris était-elle la ligne rouge qu'il ne fallait absolument pas franchir?

Mon caviar français

Je me souviens quand je suis arrivée en France en 2001 pour mes études supérieures, j'avais découvert un dessert qui a la cote auprès des étudiants français de mon école d'archi: le fromage blanc accompagné de sucre, de miel, de coulis de fruits ou de crème de marron! Je me souviens aussi des premières fois quand j'avais gouté ce dessert, je l'avais pas trop apprécié je trouvais son goût fade et sans intérêt gustatif.
Avec le temps et les années, j'ai appris à l'apprécier, à lui donner sa juste valeur, j'ai appris à devenir une vrai parisienne. Aujourd'hui, ce fromage blanc fait partie intégrante de ma liste des courses et nécessite un saut en urgence au supermarché du coin quand il déserte mon frigo. Il m'accompagne pour mon petit déjeuner, mon déjeuner, mon goûter et parfois mon diner. Il appartient à la liste des aliments que je peux manger à volonté dans le cadre de mon régime préféré.

Lors des derniers mois du chantier d'EHPAD en banlieue parisienne et pendant la période de livraison, toute l'équipe déjeunais dans le seul et unique resto du coin. Les repas étaient bien festifs et surtout bien arrosés pour calmer le stress et la tension. Je prenais régulièrement un fromage blanc en dessert pour finir mon repas en toute légèreté!
L'été dernier, lors de mon séjour dans mon pays d'origine, j'ai réussi à trouver mon fromage blanc 0% dans un hypermarché à 50 km de chez moi! J'étais contente de le trouver car dans mon pays on n'a pas l'habitude de le manger. Il était là, au rayon crèmerie, mais avec une petite différence: le prix! Pour le même pot de 500g que j'achète à Paris à 2.50€, l'hypermarché affiche un prix équivalent à 20€.

Je ne peux pas m'empêcher de me demander si dans mon futur pays d'expatriation, je vais trouver du fromage blanc et surtout à quel prix? Le fromage blanc est-il devenu mon nouveau caviar blanc?

Une décision courageuse pour une workingmom

Il y avait une fois, un boss-qui-se-prend-pour-un-dragueur et une workaholic-mom qui bossaient ensemble depuis 6 ans…

Depuis plusieurs années, mon boss-qui-se-prend-pour-un-dragueur me tape sur les nerfs et sur les nerfs de toutes mes collègues, ex-collègues d’ailleurs car elles n’ont jamais voulu renouveler leur contrat !
J’ai voulu plusieurs fois claquer la porte et partir mais j’ai réussi à me calmer pour plusieurs raisons (très perso pour être révélées) mais aussi car mon métier me passionne, me permet de dépasser mes limites, de gérer mon stress et mon équipe afin de mettre au monde notre projet et de l’accompagner dans ses différentes phases de sa conception à sa livraison.
J’ai voulu démissionner à plusieurs reprises mais je suis très accro à ce que je fais, je suis une W.A. une Workaholic Anonyme !

Quand mari-idéal m’a annoncé son désir de quitter paris pour une nouvelle vie à l’étranger, je n’ai pas tout de suite réalisé l’impact que cela pouvait avoir sur ma vie. Avec toute la confiance en moi, j’ai imaginé pleins de projets, beaucoup de boulot mais avec un soleil et  une piscine en plus!
Entre temps, son projet se concrétise, je tombe enceinte et me retrouve maman-d'une-October-girl avec un mari-idéal basé à Marrakech.
Rien n'a changé dans ma tête de workaholic anonyme, je me vois toujours derrière mon ordinateur avec un tas de croquis sur calque parsemé bordeliquement sur mon bureau, les cheveux mal coiffés, une odeur de café dans la pièce mais avec un soleil, une piscine, une femme de ménage et une baby-sitter en plus cette fois!!!

Jusqu'au jour où je me suis retrouvée, October girl âgée de 18 jours dans les bras, aux urgences d'un hôpital pour enfants malades qui se fait peau neuve. J'étais coincée pendant toute une journée dans le service d'hospitalisation de jour entre les cris de mon propre bébé et le bruit d'un marteau-piqueur du chantier-peau-neuve de l'hôpital: Le premier symbole de ma vie perso, le deuxième celui de mon monde de jour, de ma vie professionnelle. Pour la première fois dans ma vie, c'est le bruit du deuxième qui m'irrita le plus et perturba ma concentration sur ce qui arrive à ce  que j'ai de plus cher au monde: ma petite famille.

Ce fut le déclic attendu, le message était très flagrant et disait long sur ma vie, mes priorités et mes devoirs du moment. J'ai décidé, ce jour, qu'à ma sortie de l'hôpital je vais revoir mes priorités, je vais enfin pouvoir démissionner....