samedi 20 février 2016

La ferme à Kech


Je me souviens de cet extrait d’un film français où une chef dans un restaurant étoilé parlait de la cuisine française avec un chef fraichement débarqué d’Inde. Elle lui apprenait les bases de la cuisine française à commencer par les 5 sauces : la béchamel, le velouté, la hollandaise, la tomate et l’espagnole.
Il lui demande : « tu trouves ça dans les livres ? » et elle lui répond : «  Oui, mais elles servent à rien dans les livres, tu dois les mettre dans ton cœur puis dans ta casserole »
J’adore cette réplique, elle résume tout le processus d’apprentissage, appliquer ce qu’on apprend tout en y mettant son cœur comme dirait Pestalozzi «  apprendre avec la tête, avec le cœur  et avec les mains ».

Depuis peu, la petite miss, en moyenne section à l’école américaine du coin, a commencé son unité d’apprentissage sur les animaux. On en parle tous les jours, on prévoit tous les jours après l’école des moments ludiques autour de ses films préférés et des promenades pédagogiques aux écuries du domaine où on habite pour voir et toucher les chevaux et surtout pour en discuter.
Les animaux font partie de notre quotidien, les chiens des voisins, les chats dans notre jardin, la sourie sur le t-shirt du grand frère, les chèvres qui nous donnent du lait pour le petit déjeuner, les poules et les œufs beldi…. Tout est bon pour apprendre et mettre en pratique une gymnastique d’éducation entre travaux théoriques et pratiques. Il faut dire que le sujet est facile aussi.

Ce matin nous avons fait un « art Project » comme on l’appelle dans notre jargon familial, avec les moyens du bord ainsi que beaucoup d’imagination et nous avons créé des animaux avec de la colle, des cuillères en plastiques et du papier. Nous avons discuté de la forme du coq, la couleur des abeilles, la tête d’un lion, c’était ludique et un super moment mère-fille pour lui faire oublier le « field-trip » de l’école hier !




Depuis 4 jours je suis clouée au lit par un virus de grippe et je suis assommée par des doses de corticoïdes afin de pouvoir reprendre mes fonctions au plus vite possible car notre frigo est vide et les enfants sont, sans le vouloir, laissés à l’abandon.
J’étais KO hier après-midi, shootée par les médicaments, suspendue entre rêve et réalité quand la petite miss est rentrée de l’école toute excitée car elle avait une sortie scolaire à la ferme et voulait tout me raconter. Elle devait visiter une ferme avec sa classe et voir des animaux pour comprendre et mettre en pratique ce qu’elle apprend à l’école.

Elle arrive avec une boite métallique au nom de 2 filles et remplie de chocolat et de bonbons puis me raconte que la musique était trop forte et qu’elle a pleuré un peu. Bon moi je suis shootée mais j’arrive encore à faire une différence entre ce qu’elle me racontait et la ferme, une exploitation agricole et d’élevage d’animaux que j’avais en tête. Une ferme qui transforme et commercialise des produits fermiers tels que le fromage, les produits laitiers, les œufs, les fruits, les légumes mais pas les bonbons et chocolats kinder et autre que ma petite miss avait en main.
Et puis la musique ???? Quelle musique dans une ferme ??? Ce n’est pas Disney world qu’elle devait visiter mais une ferme…. Elle doit me parler de bruitages d’animaux de la ferme, tous les cris et sons caractéristiques des vaches, cochons, moutons, du cheval, des ambiances de bassecour, d'écurie, d'étable et de bergerie...  

Mais la petite miss insiste devant ma surprise et me parle de piscine, de mickey, de buffet, de gâteau et danse…..
J’ai vite compris, que ce que l’école nous avait vendu en « field-trip » éducatif pour visiter une ferme et voir les animaux n’était qu’une sortie organisée par une famille locale pour faire un anniversaire géant à leur fille avec des enfants de l’école en tant que extra figurines car ils doivent se douter que s’ils invitaient pour un anniversaire ils risquaient de ne pas avoir grand monde. Ils avaient mis tous les moyens dont ils disposaient avec des animations, de la musique, des châteaux gonflables, un énorme buffet le long de la piscine non protégée et des invités de la famille qui ne sont même pas à l’école.  

Depuis hier, je suis indignée face à une école qui me vend un rêve et une théorie à 10000euros l’année, une éducation qui me coute un bras, une sécurité de nos enfants quasi nulle puisqu’ils partent en bus à une ferme sans avoir envoyé un éclaireur en avance vérifier le programme, le lieu ni même le site dans un pays classe alerte rouge par les hauts dirigeants.


Je ne peux que me demander si la culture se transmet d’une génération à la suivante à la façon d’un héritage, j’ai mal choisi ma destination !


samedi 13 février 2016

La Fête à Kech


Je suis sortie hier faire la fête et je suis rentrée à 06h du matin. J'ai dû dormir 2hr car les obligations de maman m'ont sortie très tôt du lit. Je n'arrive pas à rassembler mes idées pour écrire tout ce que j'ai en tête tellement j'ai des histoires à raconter.
J'ai fait la fête avec 4 hommes, mon mari et 3 de ses copains. Des copains avec qui la soirée est toujours au-delà de nos espérances, des copains qui savent faire la fête, des copains qui savent nous faire rire avec des expériences hors pair.

Nous étions les 3  réguliers de la bande des soirées marrakchi, un ami électricien qui a le don de faire  passer le courant pour une soirée inoubliable avec toute délicatesse et un 5ème qu'on n'a pas vu depuis un bail car aujourd'hui il vit la vie incroyable de la haute société en jet privé de Paris à New York et jusqu'à l'Afrique du sud pour faire des soirées avec l'élite fortunée dans des palaces, les carnavals, les courses de chevaux et les ventes aux enchères de voitures de collection. Une nouvelle vie dans laquelle il baigne par amour et qu'il dit avoir besoin parfois de vendre un rein pour pouvoir suivre le rythme.

Entre Beyrouth, Londres, Vegas, Ibiza et Paris j'ai réussi à faire la fête dans les plus belles et les plus extravagantes boîtes de nuit du monde mais je n’ai jamais halluciné comme à Marrakech. Une fois dans ma vie, un inconnu m'a touché les fesses en allant seule aux toilettes et c'était inhabituel et déplacer. A Marrakech limite j'ai un garde du corps quand je veux quitter la table pour aller au petit coin. Je ne dis pas que ce genre de choses n’arrive pas à l'étranger mais c'est moins flagrant qu'ici! 
Hier, les filles/femmes étaient déchaînées, nous ne pouvons ne pas distinguer les mariées des non mariées, les dragueuses des étudiantes (pour désigner les putes en jargon local) sans poser des questions ou sans les aborder. 

Une fille a attiré toute notre attention, elle était vêtu d'un petit chiffon, les mecs pariaient qu'elle n'avait pas de culotte, se déchaînait sur scène offrant un spectacle extravagant, provoquant et sexuel à toute l'audience que les managers l'ont laissé sur scène, acte interdit d'habitude. Puis nous avons découvert un homme d'un certain âge la filmer avec son portable et il s'est avéré être son mari. Les serveurs, les agents de sécurité et tous les mecs n'avaient de yeux que pour elle avec des grimaces qui foutait la honte à toute la gente féminine. Au point qu'un homme à côté de moi me sort: "j'ai envie de lécher sa chatte, c'est ma spécialité!!"

Puis en offrant quelques coupes de champagne à droite et à gauche on s'est retrouvé avec 4 filles sur notre table.
Une des filles m'a dit "boit un petit verre pour pouvoir t'amuser" comme si je ne termine pas la bouteille je ne vais pas profiter du moment, comme si je ne me saoule pas à fond je ne vais pas m'amuser!!!! Les limites n'existent pas. Comme pour ses 2 anglaises qui sont venues profiter d'une soirée marrakchi entre elles, qui ont finies à notre table et qui ont terminé complètement ivre, dormant debout ou écroulée sur la banquette les vêtements dans tous les sens exhibant des parties de leur anatomie mais qui ont eu la chance de tomber sur notre groupe avec des mecs respectueux et gentleman qui les ont aidé à sortir de boîte avec tous leurs effets personnels et mis dans un taxi en direction de leur hôtel. 


Mais ma grande découverte était le langage du monde de l'hôtellerie et de la restauration. Moi qui croyait avoir tout entendu dans le monde du bâtiment avec un langage cru, j'ai découvert qu'en cuisine on parle de "manger des moules car les huitres coupent la langue et que les moules sont trop bonnes et à effet relaxant même si elles sentent le poisson car elles ne peuvent en aucun cas sentir la truffe et que je ne peux jamais comprendre"