mardi 18 juin 2019

Réflexion du moment


Notre station d’essence/ café a réouvert ses portes après le mois sacré du ramadan et avec cela nos rencontres hebdomadaires ont retrouvé du goût. Cette semaine, un ancien habitué a rejoint la bande après des mois d’absence. Nous avons pu se rattraper sur les derniers films Netflix, les séries à voir et surtout les news de Marrakech, du mariage au divorce, des naissances aux adultères, des expatriés qui partent aux profs qui se casent et des derniers restaurants qui ouvrent aux fortunes qui se dilapident. 

Les plus informés partagent leurs connaissances en la matière, relatant par l’occasion des secrets anciens pouvant réconforter les autres dans leur avis préconçu. Marrakech est une petite ville, la communauté d’expatriés n’est pas énorme alors tout se sait et se partage. Il y a toujours un quelqu’un qui connaît un ami proche de n’importe quelle personne qui fait la une du potin du moment. Les secrets ne sont jamais des secrets, les raisons de séparation d’un couple sont commentés par tous, l’un ou l’autre ne peut mentir à ce sujet et le dealer de drogue recherché par interpole est pointé du doigt ici ne pouvant pas faire profil bas.

Nous avons toujours vent des potins, les news des divorces et adultères font la première page mais le souci c’est que ça explose beaucoup au point de ne plus pouvoir les compter sur les doigts des mains. 

D’un autre côté, cet après-midi, notre sexagénaire célibataire préféré a fait une apparition rapide chez nous pour le déjeuner et avec lui une nouvelle pensée du jour. Il se réjouissait des divorces en règle générale car pour lui, il faut que les gens divorcent pour que ça tourne et qu’on ai tous une chance dans cette vie. 
Son téléphone sonne, il eu un moment une conversation avec une dame et puis se urge à raccrocher car il est à table avec nous puis il rajoute “c’est encore une de plus qui a rejoint le groupe suite à un divorce récent” il se réjouit du fait qu’il est la roue de secours pour désespérée! Avec lui il y a toujours une histoire à raconter, un réconfort à trouver et une sortie de secours. 

Entre journée rythmée par les mauvaises nouvelles, les derniers potins du matin, les réunions de chantiers, la scolarité des enfants, les menus sains à concocter, les devis à éplucher et les plans à dessiner, je ne peux que penser à la réflexion d’Aristote: le problème ne tient pas aux émotions elles-mêmes mais à leur justesse et à leur expression.

En espérant que nos passions, quand elles sont convenablement canalisées, possèdent leur sagesse propre.
Mais reste à savoir comment mettre notre intelligence en accord avec nos émotions? Comment rendre à la vie communautaire son humanité?