lundi 28 janvier 2013

A pattern unit


Je viens de finir la séance de devoir avec mon sabi concernant les « Pattern Unit ». Une séquence répétitive de 3 éléments qui se suivent, empilée l’une derrière l’autre pour faire « the pattern ».

Juste après je sors prendre l’air, griller une clope sur le perron de la maison, dans le jardin pour éviter d’enfumer les autres membres de la famille et pour contempler le beau ciel étoilé. Il faut que j’avoue, au passage, adorer le ciel la nuit et la lune à Marrakech. C’est un très beau tableau que nous offre la nature, un claire de lune très lumineux dans un ciel dégagé toujours au rendez-vous, un paysage nocturne encore plus éclairé qui peut être facilement repris par de nombreux romanciers, peintres, illustrateurs, cinéastes, conteurs ou une bloggeuse à la quête d’un moment romantique après un épisode de devoirs.

Pour revenir à mon sujet principal, je regardais le beau ciel donc et la pleine lune quand je remarque la présence d’un palmier dans mon champ de vision. Le palmier a toujours été pour moi un souvenir de mon enfance en Arabie saoudite. Dans tous mes souvenirs, quand je ferme l’œil ou dans mes photos d’enfance,  il y a un palmier ou des centaines de ce dernier. Ils étaient la, lors des piqueniques dans des forets de palmiers, sur le chantier de papa, dans notre jardin, dans la rue…..

D’un coup, une idée me traverse l’esprit.
Apres 34 ans passées en Arabie saoudite, au Liban et en France à raison de 11 ans en moyenne dans chaque pays, après 34 ans de ma vie, je me retrouve à côtoyer des palmiers.

Serais-je aujourd’hui en train de refaire cette boucle, à rempiler les années dans les 3 pays qui ont contribué dans ma vie pour faire un « Pattern unit » ? Vais-je passer encore 10 ans à Marrakech (pays arabe = Arabie saoudite dans ma vie d’avant) avant de rentrer au Liban ? Et 11 autres années avant de retourner vivre en France ?

Il n’y a que la patience pour confirmer ma théorie, mon intuition, mon « Life Pattern »

jeudi 3 janvier 2013

Mon dernier mot à ma mère

 
 
C'était la nuit du samedi 22 au dimanche 23 décembre 2012 quand j'ai invité une amie pour boire un verre chez nous. Je sortais de deux jours à l'hôpital et j'avais une envie de boire, de me saouler, j'avais ce sentiment qu'il n'y avait pas de lendemain.

Puis, à un certain moment, je ne pouvais plus continuer, je pars me coucher, je regarde ma montre qui affichait 02:20 et je ferme mes yeux. De l'autre côté du pays, à l'hôpital tu as fermé les yeux pour ne plus jamais les ouvrir puis ils ont annoncé : "time of death 02:20".
Le lendemain j’ouvre mes yeux pour découvrir que ma vie a changé, pour la voire différemment!

Du Liban aux états unis, tu as parcouru les continents en quête de remède. Du Liban à Marrakech tu as volé pour t'assurer de ma qualité de vie.
Du lundi au vendredi tu m’as prouvé ta force, ton courage, ta volonté de vaincre la maladie et ta passion pour la vie.

Dernièrement, de ton lit d'hôpital à ton tombeau, et pendant tes funérailles, tu m'as donné des conseils de dernière minute, tu m'as demandé de prendre soin de ta grande famille me les citant un par un, tu m'as obligé à devenir adulte, tu m'as beaucoup appris.
Tu m'as relayé tes responsabilités, tu as placé la barre très haut et en plus tu m'as quitté très tôt.
 
Pour ma part, il y aura un avant dimanche 23.12.2012 et il y aura un après. Ils avaient prévu la fin du monde ce jour mais je ne savais pas qu'il ne me concernait qu'à moi.

Quand l’esprit se détache


Il m’est arrivé plusieurs fois de commencer à raconter ce phénomène de disjonction de mon âme et de m’arrêter juste après, faute de temps, de volonté ou de conviction.

J’ai souvent cru que ce que je sentais relevait de l’imagination très poussée ou de l’exagération de la créativité sans vraiment analyser ce fait, ni le juger et ceci jusqu’à ce jour, à l’hôpital, aux côtés d’une personne suspendue entre ciel et terre, un corps allongé, frêle et un esprit voyageant dans l’histoire, son histoire, vagabondant d’une personne à l’autre, d’un lieu à un autre, vivant, actif et désorienté.

Loin d’être le même scénario, mon détachement, aussi fréquent que les réunions de chantier, ressemble un peu au survol de son âme au-delà des limites de son corps, de la pièce, du présent.

Il y avait de ces moments dans ma vie de tous les jours que j’estimais longs, banales et pas intéressants. Je jugeais ma présence inutile autour de la table de la salle de réunion ou autour de la table basse du salon chez des connaissances. Je ne pouvais pas quitter la pièce, je ne pouvais pas tout simplement sortir, disparaitre, alors j’y laissais mon corps !

Mon moi, mon âme, mon esprit se détache pour se cacher derrière ce corps qui devient, pour l’occasion, semblable à l’armure en métal du guerrier du moyen-âge. Mon corps s’identifie à cette armure utilisée durant les batailles pour protéger le corps dans sa plus grande partie des coups de l'ennemi et vient protéger, cacher, isoler mon âme des regards et présence d’autres personnes. Je réussis à ce moment bien précis et à travers les trous du crane destinés à abriter les yeux, à contempler, à regarder,à me méfier des gens autour comme le ferait ce guerrier sur son cheval à travers son heaume.

Dans mon corps, mon âme devient étrangère, prisonnière et ne demande qu’à s’éloigner, sortir, s’évader rappelant Axel Villiers de l’Isle-Adam qui dit : « vivre ? Les serviteurs feront ça pour nous »

Aujourd’hui et sous l’effet de la morphine, cette personne chère m’a confirmé que corps et âme ne font pas forcément un tout le temps et que quelque soit notre constitution, notre fonctionnement , notre vie «  tous les sièges disposent de la même vue sur l’univers » (Réf. guide du musée, planétarium Hayden)