Il m’est arrivé plusieurs fois de
commencer à raconter ce phénomène de disjonction de mon âme et de m’arrêter
juste après, faute de temps, de volonté ou de conviction.
J’ai souvent cru que ce que je
sentais relevait de l’imagination très poussée ou de l’exagération de la
créativité sans vraiment analyser ce fait, ni le juger et ceci jusqu’à ce jour,
à l’hôpital, aux côtés d’une personne suspendue entre ciel et terre, un corps
allongé, frêle et un esprit voyageant dans l’histoire, son histoire,
vagabondant d’une personne à l’autre, d’un lieu à un autre, vivant, actif et
désorienté.
Loin d’être le même scénario, mon
détachement, aussi fréquent que les réunions de chantier, ressemble un peu au
survol de son âme au-delà des limites de son corps, de la pièce, du présent.
Il y avait de ces moments dans ma
vie de tous les jours que j’estimais longs, banales et pas intéressants. Je
jugeais ma présence inutile autour de la table de la salle de réunion ou autour
de la table basse du salon chez des connaissances. Je ne pouvais pas quitter la
pièce, je ne pouvais pas tout simplement sortir, disparaitre, alors j’y
laissais mon corps !
Mon moi, mon âme, mon esprit se détache
pour se cacher derrière ce corps qui devient, pour l’occasion, semblable à l’armure
en métal du guerrier du moyen-âge. Mon corps s’identifie à cette armure utilisée
durant les batailles pour protéger le corps dans sa plus grande partie des
coups de l'ennemi et vient protéger, cacher, isoler mon âme des regards et présence
d’autres personnes. Je réussis à ce moment bien précis et à travers les trous
du crane destinés à abriter les yeux, à contempler, à regarder,à me méfier des
gens autour comme le ferait ce guerrier sur son cheval à travers son heaume.
Dans mon corps, mon âme devient étrangère,
prisonnière et ne demande qu’à s’éloigner, sortir, s’évader rappelant Axel Villiers
de l’Isle-Adam qui dit : « vivre ? Les serviteurs feront ça pour
nous »
Aujourd’hui et sous l’effet de la
morphine, cette personne chère m’a confirmé que corps et âme ne font pas forcément
un tout le temps et que quelque soit notre constitution, notre fonctionnement , notre vie «
tous les sièges disposent de la même vue sur l’univers » (Réf. guide du musée,
planétarium Hayden)
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