vendredi 15 octobre 2021

Seule à l’étranger

 Depuis qu’il y a eu cette crise sanitaire de Covid-19 qui a bloqué le monde entier, cloué des avions et séparé des amis, je me suis bâti des murs autour de mon cœur pour ne pas ressentir le manque d’être avec ma famille, mes cousins et mes frères. J’étais devenue forte ou plus concrètement je vivais dans le déni de tout sentiment de nostalgie, j’ai bâti une forteresse et je me suis réfugiée dedans pour ne pas faire rimer expatriation et dépression arrosé d’un cocktail de culpabilité et de doute.

 

Je ne suis pas la seule expatriée au monde, beaucoup de personnes partagent mes sentiments. L’expatriation nous force à trouver d’autres moyens pour « être là » avec la famille et les amis sans vraiment y être physiquement. « Être la » devient différent. Nous ne pouvons pas facilement faire un câlin ou passer boire un café mais si besoin il y toujours le « je suis là » par écrit, par téléphone et le soutien se fait moralement, sur WhatsApp, telegram ou toutes ces plateformes qui permettent de communiquer en vidéo… Un café le matin avec la copine au Cambodge, un café à 10h avec la cousine à Dubaï, un call à 13h avec les frères au Liban et un dernier à 16h avec la copine aux states sans oublier les compatriotes expatriées qui ont besoin eux aussi de partager une peine, un manque ou un besoin d’aller voir leurs familles. Nous gérons comme nous pouvons notre vie de tous les jours avec une seule idée en tête, le rêve des retrouvailles !

 

Je viens d’un tout petit village niché dans les montagnes du nord du Liban qui a un air de carte postale, un havre de paix avec une centaine de maisons maximum, des rues arborées, un charme d’antan et une communauté harmonieuse qui rend jaloux tous les autres villageois du monde. J’ai grandi dans ce beau village de cousins et cousines, j’ai passé toutes mes années d’adolescence jusqu’au jour où j’ai décidé de quitter le Liban pour faire des études supérieures en France et depuis, ça fait maintenant 20 ans, je ne rentre que pour les vacances d’été, hors période covid bien sûr. Mais ce sentiment d’appartenance à cette communauté de gens de tous âge et d’expériences variées est un pilier de ma vie, c’est mon endroit où je me sens en sécurité, accueillies et acceptées, où le sens de la famille va bien au-delà des murs immédiats.

 

Ce qui m’est le plus précieux dans ce village, c’est mes souvenirs d’enfance, mes conneries dans tous les coins de rues, mes amis et surtout et avant tout mes frères, ce qui me reste après le départ de mes deux parents. Avec eux, je me sens aimée, protégée, soutenue face à l’inconnu, aux misères, aux problèmes de la vie. Ils sont fidèles, aimants, bons vivants et surtout protecteurs. Avec eux j’ai le sentiment d’être forte et prête à tout. Et ce sentiment me manque tout le temps que je passe loin d’eux. Ils sont mon réconfort après une journée difficile, mon allié bonne humeur, mon conseil face aux tracas du quotidien et ma plus belle bénédiction. Je ne les compare pas avec ma petite famille, c’est juste différent.

 

En parallèle, une autre chance que j’ai c’est mes amis d’enfance. Dans mon village, on est un groupe d’une vingtaine de personnes, très soudé, très serviables et très fusionnels, nos conjoints se sont bien intégrés dans le groupe aussi, ils sont comme une ramification naturelle de notre amitié. Quand on est au village, on passe beaucoup de temps ensemble que ce soit la journée ou le soir et on profite de ces retrouvailles comme si on ne s’était jamais quitté. Ce qui est génial avec ces amis d’enfance c’est cette amitié particulière et pure qui dure aussi longtemps en bravant la distance et les difficultés. Ensemble nous avons partagé beaucoup de moments essentiels, nous nous sommes connus très jeunes, nous avons partagés d’innombrables expériences qui nous ont marquées, nous avons faits nos premiers pas ensemble, dans tous les sens du terme. On fait partis des racines de l’un et de l’autre.

Avec eux, je peux être moi-même. Ils me connaissent depuis tellement longtemps, avec mes défauts et mes qualités, ils m’ont vu vivre mille choses différentes et ils ont toujours été là pour moi. Ils me rappellent, quand je suis avec eux, qu’à leurs yeux je suis et serais toujours une femme de valeur en raison de qui je suis personnellement et non pas qui je suis devenue. Et cela n’a pas de valeur. Ce sentiment sécurisant et de réconfort c’est ce qui me manque quand je suis loin même si au-delà des frontières de mon village j’ai beaucoup d’amis que j’apprécie, que j’aime et que je ne changerai pour rien au monde.

 

Après mon retour du Liban, il me faut une infiniment longue période d’adaptation à ma routine, à ma vie, à mes longues journées et cette période peut s’avérer parfois très intense au point que je suis en train de me demander aujourd’hui s’il ne faut pas créer un ministère de la solitude pour les expatriés loin de leur pays natal ?

 

lundi 30 août 2021

Le stress du voyage

 

D’habitude je stresse la veille du départ en préparant mes valises de peur de ne rien oublier, de tout bien rangé et surtout de finir à l’heure. Il est connu qu’un petit oubli, un imprévu, un vol retardé, la perte des bagages, un enfant malade, un accident, autant de raisons pour déclencher l’angoisse et perturber la sérénité de n’importe quel voyageur endurci. Mais cette année quitte le Liban c’était différent, complètement différent.

 

J’ai commencé à ranger mes valises 2 jours avant le départ, j’ai fait 2/3 courses de dernière minute car même avec le prix élevé des marchandises au Liban et le manque de certaines denrées, il reste des choses que je ne peux pas voyager sans car elles n’existent pas dans mon pays de résidence comme par exemple les haricots rouges, les perles de moghrabiyeh notre couscous libanais, la mélasse de kharroub ou notre savon beldi l’équivalent libanais du savon de Marseille. Au fil de mon séjour à l’étranger, je confectionne une liste de produits à ramener avec moi lors de mon prochain séjour au Liban, histoire de conserver des traditions libanaises par le biais des repas et des habitudes.

Cette année, une étape supplémentaire c’était rajoutée aux préparatifs avant voyage, le test PCR. Il faut aller le faire et surtout angoisser en attendant le résultat en espérant toujours que le résultat soit négatif afin de pouvoir voyager. L’anecdote fait qu’un ami dans le groupe avait tester positif quelques jours avant mon départ ce qui a angoissé le groupe entier constitué majoritairement par des expats sur le point de départ. Les amis quittaient le pays à tour de rôle, c’est la période de la fin de l’été où tout le monde rentre retrouver sa routine, son travail et surtout rentre attendre la date du prochain séjour au Liban.

 

Ceux qui partent ont déjà le mal du pays et quittent avec les larmes aux yeux ceux qui restent qui eux se lamentent sur leur sort à cause de ce qui les attend les jours qui viennent avec cette crise protéiforme, sanitaire, politique et économique souhaitant être à la place de ceux qui partent et surtout vouloir pouvoir assurer un avenir meilleur à leurs enfants et ne jamais les voir affamés.

Pendant une semaine, tous les soirs, c’était le même rituel d’adieux, de vérification des résultats des tests pcr, de discussions autour du moyen de transport du village jusqu’à l’aéroport, du manque d’essence, de moyen de transport et surtout de l’état des routes.  Vu la pénurie de l’essence, de gaz, de médicaments, de pain, les coupures d’électricité, la chute vertigineuse de la livre libanaise face au dollar, la détérioration du niveau de vie et la descente aux enfers de ce beau pays, les citoyens en colère ont commencé à bloquer les routes du Nord au Sud du pays, paralysant tout le pays et rendant l’accès à l’aéroport encore plus difficile.

 

Ceci m’a emmené à décider d’aller dormir chez mon frère, la veille du départ, à mi-chemin entre mon village et l’aéroport. Au réveil ce jour-là, avec le café, j’avais fait le tour de tous les réseaux sociaux pour vérifier l’état des routes, celles fermées et celle non afin d’établir un itinéraire à suivre pour arriver à destination. Mais pour faire ce trajet, il fallait avoir un réservoir plein d’essence et pour cela, j’avais appelé 2 jours avant la propriétaire d’une station d’essence expliquant qu’il me faut le plein dans la voiture afin de pouvoir faire le trajet jusqu’à l’aéroport car avec cette pénurie d’essence il n’y avait pas assez de taxi. Elle a été très aimable et m’a fait passer hors heures d’ouverture pour me mettre quelques litres et me souhaiter bon courage tout en étant envieuse de mon départ.

 

En petite parenthèse, cela me ramène à il y a maintenant 16 ans quand j’étais chez ma copine et collègue à Rennes pour fêter son anniversaire avec son copain à l’époque et ses parents dans leur maison familiale. Entre trou normand et gâteaux, ses parents lui offrent un bidon d’essence en cadeau car à l’époque l’essence en France devenait très chère, on parlait d’une hausse de 7% donc rien à comparer avec la crise qui se passe au Liban de nos jours. J’avais trouvé cela marrant à l’époque mais je n’imaginais jamais que ce genre de cadeau pouvais devenir inestimable et valant plus que de l’or aux yeux de celui qui le reçoit. Au point que, aujourd’hui, lors de mon rdv chez mon unique dentiste agrée, en rigolant, il me dit qu’il ne prenait plus d’honoraires sous forme d’argent mais il serait ravi de recevoir un bidon d’essence, un gallon de fuel pour le générateur d’appoint ou une bonbonne de gaz.

On est arrivé à un stade où on rigole pour ne pas pleurer notre situation, comme c’est étonné un ami français de Marrakech quand je lui ai raconté au téléphoné les bribes d’histoires sur notre crise actuelle me disant et je cite : « mais on est au 21eme siècle ! Qu’attend ton peuple pour renverser ce gouvernement et ce président que vous avez !! »

Effectivement on est au 21eme siècle mais le 21eme siècle libanais où tout le monde avance mais nous reculons, le système s’effondre et le peuple est laissé face à ses traumas.

 

A la veille de mon départ, allongée dans le lit sans pouvoir fermer les yeux à cause du stress voyage, je me rends compte que je suis dans une relation toxique avec mon pays mais je n’arrive pas à partir. Je veux rester dans cet environnement familier même s’il me fait du mal, je veux rester avec mes frères, mes neveux et ma famille mais pour eux je dois partir !

Cette nuit-là, des avions israéliens ont survolé le ciel libanais pour aller bombarder en Syrie et sur la frontière Libano-syrienne semant la terreur parmi nous et m’ont ramené à la réalité m’aidant à quitter le pays à la première heure le matin, malheureusement !

lundi 16 août 2021

Mon Liban, ma crise.

En juin dernier, j’ai pris l’avion sur un coup de tête pour aller passer les vacances dans mon pays natal. Il m'était impossible et impensable de passer encore un été à Marrakech, un été de plus loin de mon pays, mes amis et de ma famille.

La dernière fois quand j’avais quitté le pays, il y a 2 ans,  je venais d’enterrer mon père, je venais de devenir orpheline et je pensais que ma tristesse était à son apogée.


Pendant les 2 ans de mon absence, j’ai perdu beaucoup de mes proches, un nombre conséquent des habitants du village, il y a eu un événement meurtrier dans mon tout petit village perdu au fin fond du pays qui nous a causé la mort de 3 cousins, morts en défendant le village face à des étrangers dangereux et armés. Ceci à petite échelle car pendant les 2 ans de mon absence la révolution a commencé dans le pays mais aussi la Covid-19 a ravagé le monde entier. 

2 ans ont passé ne laissant derrière eux que tristesse et amertume, peine et desespoire. Pendant ces 2 ans, les enfants du monde ont suivi les cours d'école en ligne pendant que moi je suivais les nouvelles des amis, ma famille et du pays en ligne. 

Je vivais les enterrements à travers un écran, le couteau dans le cœur, je vivais les messes de pâques à travers les réseaux sociaux en priant pour que la misère de mon peuple s'arrête. Je vivais la plus grande explosion du siècle sur google pour vérifier la distance entre les maisons de mes connaissances et le port de Beyrouth, un compas et une règle à la main en mode police scientifique pour calculer le rayon des dégâts en attendant d’avoir mes proches au téléphone. Je vivais mes douleurs, mes chagrins, mes déceptions en mode avion pour ne pas les partager avec mon entourage déja noyé dans leur propre merde! 


La préparation du voyage cette fois était exceptionnelle, j’avais lu des articles sur le Liban pendant tout ce temps mais je me disais que le net a tendance à exagérer les faits jusqu'au moment ou j’ai eu mes frères au téléphone me donnant la liste des médicaments à ramener dans ma valise car ces derniers sont en rupture de stock dans les pharmacies. Effectivement ce que j’avais lu était vrai, les expatriés ne remplissent plus leurs valises de cadeaux pour la famille mais de choses indispensables comme les médicaments basiques du type doliprane, antibiotiques, anti-inflammatoires, médoc pour le diabète, le cholestérol, la pression sanguine qui sont tous en rupture de stock et qui sans eux les personnes meurent faute de soins. Certains medicaments sont vendu au marché noir mais le prix est faramineux et l’accés est difficile. Le peuple essaie de se débrouiller comme il peut, il y a eu la création de pages d’entraide sur les réseaux qui favorisent le troc de médicaments, genre je te donne 2 pilules d'anti-inflammatoire contre 3 d'antidépresseur et cela me fait tenir 1 semaine.

 

La situation dans le pays est catastrophique, du jamais vu dans l’histoire du pays depuis la première guerre mondiale, le peuple est en train de mourir à petit feu: Il n’y a pas d’essence, devenu de plus en plus rare en plus des queues de demie-journée pour remplir le réservoir de 10 à 20 litres histoire d’avoir un peu de réserve dans le réservoir en cas d’urgence. Les urgences il y en a, surtout pour emmener un malade à l'hôpital et ca si il y a encore des hôpitaux ouverts et qui ont des médicaments. A cause de l’inflation de la livre libanaise, de la pénurie d'électricité et des médicaments, du gasoil pour le générateurs d’appoint et le manque de soignants,  aujourd’hui il y a 3 hôpitaux majeures dans le pays qui ferment, les autres vont suivre. Le libanais n’ont plus accès à un service de santé correcte, n’ont plus d'électricité qui vient quelques heures par jour. Le mazout est en rupture et les générateurs d’appoint ne peuvent plus assurer le minimum vital. Les commerces, les restaurants, les boutiques ferment faute de pouvoir assurer le minimum syndical. Les boulangeries rationnent le pain dont le prix a été multiplié par 10 en quelques jours et dont le stock ne suffit pas pour tout le monde. La nourriture devient un luxe, se procurer de la viande non avariée devient mission impossible, de même pour les produits laitiers bien conservés. Le risque d'intoxication est très élevé, car les produits stockés dans les supermarchés ou les restaurants ne sont plus frais faute d'électricité, d’essence, de gasoil et autres.


En résumé, le peuple meurt à petit feu, les gens sont déprimés, anxieux et ne pensent qu'à quitter le pays et trouver refuge n’importe où ailleurs.

Le Liban connaît une crise sanitaire et humanitaire grave, il est  passé de la Suisse de l’orient à la poubelle de l'humanité. Si il y a deux ans j’avais cru que la douleur de perdre mon père était le summum de ce que une personne peut vivre, aujourd’hui je dois quitter mon pays, laissant mes amis, ma famille et mes frères dans une situation catastrophique, avec une peur de ne plus jamais pouvoir les revoir, de plus jamais pouvoir revenir car j’ai perdu tout espoir dans ce pays et dans ce peuple qui continu à acclamer cette classe politique de mafieux pourris capable de laisser son peuple périr.


mercredi 16 juin 2021

Mon quatrième mur

 Un jour, lors d’un repas, je discutais cinéma, art et lecture avec un ami quand il m’a parlé du livre « le quatrième mur » de Sorj Chalandon. Je ne connaissais pas ce livre ni cet auteur. J’ai cherché en vain à Marrakech dans toutes les librairies mais je ne l’ai pas trouvé mais j’ai espéré qu’un jour les vols reprendront et que je l’achèterais quand je ferais un saut à Paris. J’avais vraiment envie de le lire.

Puis la semaine dernière, mon ami m’appelle et me dit qu’il a un cadeau pour moi. Lors d’une escapade à Casablanca, il avait trouvé le livre et il me l’avait acheté. Il me l’a offert le vendredi après-midi. Du coup j’ai pris le temps pendant le weekend pour m’offrir une évasion bien méritée le long des pages et le fil de l’histoire. J’ai torché 200 pages en 2 après-midi, flottant sur l’eau dans la piscine, le soleil me caressant ma peau et la douceur des mots me berçant l’âme.

 

Sorj Chalendon est un journaliste, écrivain français et reporter de guerre. Il avait couvert la guerre du Liban de 1981 à 1987 et avait été particulièrement traumatisé par sa visite des camps de Sabra et Chatila lors du massacre de 1982. Dans son livre « le quatrième mur » il a voulu exprimer la douleur qu’il a ressentie en les transposant dans un roman alors qu’il n’avait pas pu le faire en tant que journaliste. 

Sorj Chalandon a décrit dans son livre la cruauté et la violence d’une guerre avec des mots justes, brulants, intenses et bouleversants. Il a imaginé un rêve utopique de réunir des acteurs issus de communautés déchirées et ennemis impliquées dans le conflit au Liban, en les unissant sur scène par le théâtre, l’art avec la pièce Antigone de Jean Anouilh.

 

A un moment dans son livre, il cite le massacre de Sabra et Chatila, il décrit la misère dans la rue, « le béton qui brulait, le ciel arrosé de rage, déchiré par les leurres aveuglants », il a décrit le désarroi des gens dans la rue, la femme qui courait avec son enfant dans les bras, écorchée d’inquiétude, l’adolescent qui « somnanbulait dans la rue à travers les gravas, affole, prisonnier de la fumée, du vacarme, de la fébrilité », l’homme qui marchait « le sang coulait le long de son bras, son manteau arraché, un coté de son visage passé au noir de suite, les yeux ouverts comme morts » …

 

La lecture de ces mots m’a fait pleurer, elle a fait jaillir les souvenirs. Je ne peux pas dire si c’est les larmes des souvenirs de la guerre de 1984, la guerre de 1985 ou ceux de la guerre de 2006, la dernière que j’ai vécue au Liban, un nouveau-né dans les bras. Je ne sais pas si c’est les souvenirs de l’explosion du 04 aout 2020 dans le port de Beirut, que j’ai vécu par correspondance, en ligne, à travers les vidéos et les images envoyées ou relayées par les médias. En tout cas c’est des souvenirs brulants de poussière, de vacarme, d’explosions vives, de pleurs, de sang, d’inquiétude, d’angoisse, des souvenirs douloureux qui ont refait surface et les larmes ont explosés !

 

En ce moment partagée entre mon envie d’aller au Liban après 1 an et demi d’absence et de Covid, mon envie d’offrir des vacances dignes à mes enfants dans mon pays natal et mon inquiétude face à la situation catastrophique de crise économique sans précédents, ce livre a été la goutte qui a fait débordé le vase des émotions.

Enfin je me suis reconnue dans cette Antigone qui a refusé le bonheur pour dire non à l’injustice, non aux rêves brisés, non aux humiliations, non à la faim, non à la souffrance des libanais, à la colère qui se lit dans les regards de mes compatriotes, non à la guerre, non à la crise et non à nos Créon inhumains et insensibles dans le gouvernement.

J’ai vu mon quatrième mur tomber, ce mur qui me séparait de mes souvenirs de guerre, des tragédies, ce mur que j’avais construit inconsciemment pour me protéger.

 

samedi 1 mai 2021

Célibataires invétérés

J’adore refaire le monde, j’adore les discussions en règle générale, j’adore écouter mais aussi j’adore poser des questions.

Hier soir un copain proche est venu dormir à la maison et mon sexagénaire préféré est venu boire un verre avec nous pour fêter les retrouvailles du groupe. Un apéro qui a fini en soirée arrosée, animée et pleine de surprises mais à la maison, confinement oblige. Comme à notre habitude, on a refait le monde, les relations, les couples et les derniers ragots de Marrakech. Souvent dans les soirées comme ça, on apprend beaucoup les uns sur les autres. Il y a ceux qui parlent, ceux qui posent des questions pièges, ceux qui rigolent en cachette et ceux qui écoutent sans rien révéler.

Moi je pose des questions, j’écoute, j’apprends, je prends notes, j’analyse et je me réveille le lendemain avec mes propres théories et questions : les célibataires invétérés ont-ils des traumatismes d’enfance, des idées reçues ou que des mauvaises expériences ? Peuvent-ils être aussi résilients sur le plan psychologique que leurs homologues mariés?

Un de mes amis d’enfance vivait son statut de célibataire comme un fardeau ou une pression pendant que tous ses amis s’engageaient dans des relations sérieuses avec leurs partenaires. Il multipliait les rencontres, les sorties, les « dates » à la quête de la partenaire idéale qui correspondait à ses attentes. Sa volonté de se marier le poussait à aborder le sujet mariage lors de la première rencontre ce qui repoussait toutes les prétendantes qui partaient en courant. Avec le recul, je pense que mon ami est anuptaphobe, sa partenaire le rassure comme un anxiolytique face à cette peur d’être célibataire. Au fil des années, nous avons vu ses critères de sélection de sa partenaire – attractivité, statut social, compétences, sportives- diminuer par rapport à ses réelles attentes. Le statut de la relation, c’est à dire le fait d’être ensemble, prime sur la qualité de la relation. Limite s’il ne considérait qu’il est préférable d’être mal accompagné que seul car selon lui, si un homme ne se marie pas avant 40 ans, il entre automatiquement dans la catégorie des célibataires invétérés, qui ne se marient plus.

Mon autre ami sexagénaire, à l’inverse, a choisi d’être célibataire et il l’assume, c’est sa volonté malgré que pendant le confinement il a douté de ses choix, son seul moment de faiblesse. Célibataire mais dépendant à la chaleur humaine et les câlins, le confinement a eu un tournant inquiétant pour son plaisir sexuel. Même si l’histoire confirme qu’en période de crise, la liberté sexuelle laisse place à un retour à la vision traditionnaliste de la monogamie, mon sexagénaire ne pouvait pas changer car il valorise beaucoup sa liberté. Avoir quelqu’un qui lui procure le plaisir pendant le confinement est une chose mais s’engager s’en est une autre. En termes d’évasion de mariage, il est un vrai pro. A l’intérieur d’un homme comme lui il doit y avoir un algorithme établi de longue date qui l’aide à échapper aux relations avant qu’elles ne deviennent plus ou moins graves. 

Récemment j’ai fait la connaissance d’un homme charmant via des amis en commun et la semaine dernière nous avons déjeuner ensemble. J’ai eu la chance de beaucoup discuter avec lui, de refaire le monde, les relations. Il s’est avéré que c’est un ex célibataire invétéré qui s’est converti en homme sérieux dans une relation avec la femme de sa vie.

Pendant le déjeuner, il m’a décrit sa rencontre avec sa femme, plus âgée que lui, retenue aujourd’hui en France à cause des interruptions des liaisons aériennes avec le Maroc. La description était magnifique, quand il l’a vu pour la première fois il n’imaginait pas à quel point, quelques temps plus tard, elle chamboulerait sa vie avec la sienne. Il l’a décrite d’une beauté élégante, sublime, tendre, joyeuse, class, grande de taille, ancien mannequin, au point qu’en l’écoutant j’imaginais la déesse aux cheveux long avec une robe à traîne, du personnel autour, sortant tout droit d’un tableau de grand maître. J’ai trouvé ça beau à entendre car Il n’y a pas plus romantique qu’un homme qui décrit sa femme avec sa flamme pour elle, ça le rend intouchable, sincère et viril.

De son célibat, il a gardé certains réflexes, certaine liberté et quelques habitudes mais il a basculé de l’autre côté grâce à la femme de sa vie.

En conclusion, je me dis qu’il y a plusieurs types de célibataires, des heureux, des malheureux, ceux qui assument et ceux qui subissent. Il y a ceux qui ont subi des traumatismes suite à des relations qui n’apportaient que des scandales et des déceptions, ceux qui sont des bourreaux de travail et mettent leur carrière au-dessus des relations intimes, il y a ceux qui ont eu une mauvaise figure paternelle et ont peur de reproduire le même schéma et il y a ceux qui ont choisi de favoriser leur liberté à l‘engagement et la vie de famille.

Je pense qu’on va finir par comprendre, un jour, que la vie a changé et qu’il est possible pour un célibataire de vivre une vie complète, satisfaisante et sans jugement.

mercredi 21 avril 2021

Le 21 Avril

Ce matin au réveil, j’ai trouvé une « notification » de Facebook sur l’écran de mon téléphone me rappelant l’anniversaire de deux amis que j’apprécie beaucoup.

Deux amis que j’ai connu dans deux phases différentes de ma vie, un à Paris l’autre à Marrakech, un dans le milieu professionnel l’autre dans mon cercle social. C’était deux rencontres intéressantes, deux rencontres qui ont eu un impact sur mon parcours professionnel et personnel, Si ces deux rencontres sont spéciales c’est parce que ces deux rencontres qui ont été de grandes inspirations pour ce blog et ont fait couler beaucoup d’encre. Les deux personnages ont eu leur part dans mes articles, mes soirées, mes discussions.

Je parle souvent de ma famille, de mes amis, de mes rencontres, des évènements que j’ai eus, de mes traumatismes, de mes questions existentielles mais aujourd’hui j’ai voulu, par le biais de cet article, marquer le coup de cette date importante qui est l’anniversaire de deux personnes que tout oppose mais que l’univers a envoyé le même jour avec 10 ans d’écart.

Tous mes amis ont une place dans mon cœur, toutes les personnes que je connais ont un impact sur ma vie d’une façon ou d’une autre et je vous aime tous. Mais ceux-là, ont inspiré des articles, anime des discussions et en plus ne le même jour, quelle coïncidence !!!

 Il y a des expériences que j’ai envie d’oublier, des expériences qui me rendent insomniaque à chaque fois que je pose ma tête sur l’oreiller, il y a des gens que j’ai envie de rayer, il y a des soucis, des tromperies, des deuils et des déceptions mais heureusement en face il y a la joie, l’amour, l’honnêteté et les amis aussi fous que moi !

G et A, vous êtes tous les deux disjonctes, animateurs de soirées, conteurs d’histoires, excentriques et uniques. Ne changez Rien !!!

Joyeux anniversaire de la part de votre working mom la plus fanatique !

vendredi 16 avril 2021

Vilain tour

Je voulais reprendre, ce matin, la lecture du livre de Daniel Goleman sur l’intelligence émotionnelle quand je suis tombée sur mes notes en guise de marque-pages.

Ce livre sur l’intelligence émotionnelle, la capacité d’identifier ses émotions, de les comprendre, de les contrôler ou les ajuster en fonction des circonstances, est assez compliqué du coup je le lis en pointillé, un peu quand j’ai la patience et le temps. C’est un livre très intéressant, que je conseille d’ailleurs, il est écrit par un psychologue journaliste et a été un véritable électrochoc : pour la première fois, l’écrivain démontrait au grand public que l’être humain est doté d’une autre intelligence, aussi importante pour la vie quotidienne que l’intelligence logico-mathématique et verbale, à la base du fameux Q.I. Cette autre forme d’intelligence est la capacité à percevoir, maîtriser et exprimer ses sentiments et ses émotions ainsi que ceux d’autrui. Elle influe sur notre self-control, notre motivation, notre intégrité mais aussi sur nos relations avec les autres.


Bref, J’ai commencé à lire ce livre il y a 2 ans environ et j’étais en train de le lire quand j’étais à l’hôpital aux côtés de mon papa d’amour. C’était une période douloureuse pour moi, une période pleine d’émotions, de tristesse et d’incompréhension. J’avais écrit :

 « Tu as toujours adoré les blagues, les écouter, les raconter.

Tu as toujours rigolé quand on te racontait des blagues, des pas drôles même.

Tu as toujours rigolé quand TU racontais des blagues, même si tu le faisais pour la énième fois et que tu connaissais la blague par cœur.

Tu n’as jamais compris comment une personne pouvait être insensible aux blagues, qu’il existait une personne pourvue d’humour, qu’une histoire plaisante imaginée pour amuser ne faisait aucun effet.

Aujourd’hui, ta vie se termine par une blague qui pour le moment te laisse accroché entre vie et mort au grand désarroi de tes enfants, à la grande stupéfaction de chaque âme qui te connait ou qui t’a rencontré.

Une blague incomprise qui a eu une résonance à travers notre monde, mon monde ! »

 Papa est tombé sur la tête, il a refusé au début d’aller voir un médecin, mais avec sa force de conviction, mon frère cadet a réussi à le persuader d’aller faire un tour aux urgences pour avoir le cœur net. Sur le chemin de l’hôpital, on a réussi à discuter un peu de choses sérieuses au début mais vite la discussion a changé car l’hémorragie dans le cerveau de papa faisait son effet. Les propos de papa étaient tellement mélangés de sérieux, de futilité, d’insouciance, de désinvolture que mon frère et moi étions dans le désarroi total, ne sachant pas si nous devions rigoler, pleurer ou juste s’étonner.

Sur le chemin de l’hôpital où papa est rentré dans un coma artificiel pour rendre son dernier souffle deux semaines plus tard, il nous a fait rire et pleurer, une façon bien à lui de nous quitter, nous laissant le dernier sourire sur le visage.

Depuis ce jour, il y a 1 an et demi déjà, nous avons perdu pas moins de 10 personnes très proches faisant partie de notre entourage, de notre petite famille. Papa avait ouvert le bal, il a déverrouillé le disque dur de l’univers, il a ouvert une boite de pandore. Les mauvaises blagues affluent, les personnes tombent l’une après l’autre, la famille se réduit.

Ça va s’arrêter quand ?  L’univers est allé trop loin, il peut arrêter de me faire des blagues car maintenant ça a franchi les limites du drôle, c’est devenu gêne et malaise. Je suis blessée, je suis vexée et je n’ai plus envie de subir toute cette méchanceté. J’ai appris beaucoup de leçons entre temps, il faut que ça s’arrête.

 Les blagues sont devenues un vilain tour !

mardi 6 avril 2021

Facteur psychologique en architecture

En tant qu’architecte, j’ai été amenée à travailler sur différents projets et j’ai eu la chance de tomber sur des demandes très variées allant de la simple villa aux immeubles de bureaux à énergie positive en passant par les gendarmeries, les logements sociaux, les hôtels de luxe ou les maisons de retraite.

Chaque projet a sa phase d’études, de préparation et d’immersion. Immersion dans le mode de fonctionnement, immersion dans la gestion de tous les jours, la gestion des flux et l’occupation futur. C’est la matérialisation du projet architectural, de l’idée à l’ouvrage avec un objectif clair qui est de saisir le concept « projet architectural » de la genèse de l’idée jusqu’à ce qu’il devienne une réalité sur le terrain.

Dans un des livres que j’ai lus, Jean-Pierre Chupin explique que le projet « consiste à rapprocher des réalités hétérogènes, sans rapport logique préalable entre elles : un programme social, des structures porteuses, des réseaux de fluides, des formes urbaines, des règlements, des couleurs, des matériaux, etc., à découvrir ou bien à établir des rapports entre ces réalités ». En d'autres termes, à construire une nouvelle réalité ordonnée (on peut dire de cet ordre qu'il est un sens, une harmonie, une régularité. etc.), ceci en vue d'un résultat essentiel : rendre l'espace habitable (fonctionnellement, symboliquement. etc.) ».

Mais, en réalité, dans pas mal de projets les architectes oublient le côté psychologique, l’impact des lieux sur le mental des personnes, l’influence de l’environnement sur l’esprit. Depuis plusieurs années, les spécialistes du comportement apportent des arguments empiriques sur comment les endroits que nous habitons peuvent agir sur nos pensées, nos sentiments et nos comportements, notamment dans les hôpitaux. Plus que pour d’autres bâtiments, la construction d’un hôpital s’avère extrêmement contrainte par un programme d’une grande complexité fixé en amont et avec lequel l’architecte doit composer tout comme avec le site et les règles, elles aussi très contraignantes, de la composition architecturale.

J’ai travaillé sur la conception de l’hôpital Cognacq-Jay à Paris avec l’architecte Toyo Ito, pour ceux qui le connaissent, j’ai bossé avec l’équipe sur beaucoup de détails relatif au bâtiment, aux façades, aux jeux de lumières, l’éclairage dans le respect de la signature de l’architecte star, les vis, le calepinage des carreaux par rapport aux interrupteurs, les rideaux, les portes, après tout le respect des normes du Dtu, les normes de l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, les brancards et la protection des murs, les accès pompiers, la sécurité incendie. On a imaginé les occupants des lieux vivre au quotidien, passer par là, dormir ici, travailler avec assez de lumière de jour, ne pas avoir froid en fonction de l’orientation de la chambre, les sièges pour les visiteurs, etc.

On a quadrillé tous les aspects du bâtiment et on a fini avec un beau projet, mais pendant tout ce temps, je ne me suis jamais imaginée en tant que patiente et ce que l’angoisse de la maladie pouvait avoir comme impact sur moi !

 

Mais depuis quelques années, j’ai visité des hôpitaux en tant que patiente, en tant qu’accompagnatrice, en tant qu’utilisatrice. Il y a quelques mois, j’ai été à l’hôpital accompagnant mon mari pour des examens annuels, j’ai patienté pendant des heures dans la salle d’attente sombre au sous-sol à regarder les malades passer, les médecins crapahuter, les infirmières cheminer et les murs blancs sans âme. La conception de cette pièce d’attente sans fenêtres, avec un éclairage fluorescent blanc et sans stimulation a généré de l’ennui qui a fait monter le niveau de stress et a fait revenir beaucoup de souvenirs douloureux sans oublier le temps d’attente, le stress, le manque d’oxygène et l’angoisse des résultats.


Si cet espace m’a complètement chamboulé c’est à cause de son aménagement et sa conception. Il y a 3 ans, j’ai passé une semaine avec mon père dans un hôpital neuf au Liban. En dehors du stress des analyses et de l’angoisse des résultats, le séjour d’une semaine était vécu avec un service plutôt hôtelier qu’hospitalier dans une chambre avec vue sur mer !

Toutes les chambres de cet hôpital ont été conçues en respectant les règles d’aménagement en matière d’accessibilité handicapés ce qui permet à ceux qui peuvent de pouvoir évoluer sans assistance dans leur chambre. En effet la chambre a été dès le départ pensée pour favoriser au maximum l’autonomie, la sérénité et le confort sonore en dehors du bruit habituel des hôpitaux.

Avec du recul aujourd’hui, je suis persuadée qu’on ne peut pas désolidariser la réflexion sur la conception architecturale de celle de sa réception. Dans un hôpital, les usagers sont particulièrement vulnérables et dans la quasi impossibilité de détourner les usages des lieux, ce qui renforce d’autant plus l’impact des choix effectués en amont et des détails en lien avec le bien-être du patient.

D’où ma question, Ces détails doivent-ils plaider pour une architecture qui n’évacue pas la question de l’utilité et la dimension sociale et symbolique ?

Pour finir, je cite :

 « A l’acceptation seulement spatiale et à l’appréciation purement esthétique, se substitue une définition ancrée dans le quotidien et les rituels sociaux dans lequel se mêlent l’émotion des formes et l’appréciation du domestique. (Hoddé, 2013, p. 73).

samedi 6 février 2021

Gestion de conflits

 Depuis que j’ai eu des enfants, j’ai appris à gérer les conflits du quotidien que les enfants peuvent avoir entre eux. Des conflits entre frères et sœurs, entre cousins ou avec les amis dans la cour de récrée ou à la maison. Des conflits concernant les jouets, qui a touché à quoi, qui a pris quoi avant qui, qui a dit quoi à l’autre et ainsi de suite.


Les histoires entre copines de ma toute dernière n’en finissent jamais et ne font aucune pause par jour. Quand je la récupère de l’école, elle consomme tout le trajet jusqu’à la maison en me racontant ce que Intel a dit à l’autre, l’avis des copains, la gestion de la crise et l’impact sur le restant de la journée. Tous les jours il y a une histoire, un conflit, un suspect, une gestion de crise, l’intervention du prof et une fin. Les amitiés se rompent, le groupe se dissout, les échanges se frisent et les cours se rompent pour tout résoudre.

Dans la voiture, ma petite attend de moi un arbitrage en sa faveur mais malheureusement ce n’est pas toujours ma réaction car pour moi, Il faut être impartial, avoir du recul et la laisser gérer. Faire face à ses conflits est la meilleure situation d’apprentissage qui lui donnera de nombreuses habiletés qui lui seront précieuses tout au long de sa vie … surtout si elle se retrouve comme moi, un jour, sur les chantiers.

 

Car en parallèle, avant de récupérer les enfants à l’école, je passe du temps sur les chantiers et je fais la coordination des travaux avec les entreprises. Quand sur un chantier je me retrouve à travailler avec une entreprise générale, la gestion devient facile car je me retrouve avec un seul interlocuteur en face, les demandes passent par une personne qui gère elle-même ses propres jouets sans besoin d’interagir avec d’autres.

Mais quand je me retrouve en coordination avec des corps d’état séparés, je me retrouve dans une situation de gestion de conflits similaires à ceux des enfants avec du il m’a dit, elle m’a fait, il a touché, elle a touché, ce n’est pas moi c’est lui, ce n’est pas à moi mais avec des thermes plus élaboré du style c’est pas dans mon marché, ma limite de prestation, je ne peux pas garantir, il a fermé avant que je ne termine, je dois retoucher derrière lui et ainsi de suite.   

 

Comme dans la situation de gestion de conflits entre enfants, il est tentant parfois de vouloir régler le problème pour les entreprises mais il est plus constructif et moins dangereux de les encourager à participer activement à la recherche d’une solution en posant des questions ouvertes qui portent à réflexion.

Après l’âge de 2 ans, il est encore possible de rencontrer des enfants qui ont la difficulté à s’entendre et même quand ils deviennent adultes. Parfois c’est une question de tempérament et d’autre fois d’intérêt. 


Les psychologues de l’enfance, dans beaucoup d’articles publiés jusqu’à ce jour, préconisent d’écouter les enfants quand ils racontent leurs histoires et leurs problèmes car même si ces problèmes sont insignifiants à nos yeux ça permet d’établir une relation de confiance et de complicité. D’après ces mêmes psychologues, si on passe à côté de leurs problèmes aujourd’hui, ils ne se retourneront par vers nous pour se confier à l’âge adulte. La confiance se rompt.

Pareil dans le bâtiment, si on n’écoute pas les conflits des entreprises au quotidien, le problème à la fin sera plus grave, ce n’est pas la confiance qui se rompt seulement mais ça impacte les délais, la livraison et la qualité de la prestation.

 

Dans le cadre de ma profession, les rôles que j’ai à exercer sont nombreux, parfois animatrice, médiatrice et même clown. Ils sont tous important les uns que les autres et selon la personnalité de tous, chacun a celui qu’il préfère. Personnellement, j’ai un peu de difficulté avec celui de médiatrice que je trouve un rôle qui occupe beaucoup de mon temps et prend une grande partie de mon énergie mais qui est très important pour le bon déroulement du travail.

Donc, en résumé, on dit « à chaque âge ses conflits » et ceci implique une gestion qui ne s’improvise pas mais qui nécessite une connaissance, un véritable travail de fond qui peut, à long terme, être profitable.