samedi 1 mai 2021

Célibataires invétérés

J’adore refaire le monde, j’adore les discussions en règle générale, j’adore écouter mais aussi j’adore poser des questions.

Hier soir un copain proche est venu dormir à la maison et mon sexagénaire préféré est venu boire un verre avec nous pour fêter les retrouvailles du groupe. Un apéro qui a fini en soirée arrosée, animée et pleine de surprises mais à la maison, confinement oblige. Comme à notre habitude, on a refait le monde, les relations, les couples et les derniers ragots de Marrakech. Souvent dans les soirées comme ça, on apprend beaucoup les uns sur les autres. Il y a ceux qui parlent, ceux qui posent des questions pièges, ceux qui rigolent en cachette et ceux qui écoutent sans rien révéler.

Moi je pose des questions, j’écoute, j’apprends, je prends notes, j’analyse et je me réveille le lendemain avec mes propres théories et questions : les célibataires invétérés ont-ils des traumatismes d’enfance, des idées reçues ou que des mauvaises expériences ? Peuvent-ils être aussi résilients sur le plan psychologique que leurs homologues mariés?

Un de mes amis d’enfance vivait son statut de célibataire comme un fardeau ou une pression pendant que tous ses amis s’engageaient dans des relations sérieuses avec leurs partenaires. Il multipliait les rencontres, les sorties, les « dates » à la quête de la partenaire idéale qui correspondait à ses attentes. Sa volonté de se marier le poussait à aborder le sujet mariage lors de la première rencontre ce qui repoussait toutes les prétendantes qui partaient en courant. Avec le recul, je pense que mon ami est anuptaphobe, sa partenaire le rassure comme un anxiolytique face à cette peur d’être célibataire. Au fil des années, nous avons vu ses critères de sélection de sa partenaire – attractivité, statut social, compétences, sportives- diminuer par rapport à ses réelles attentes. Le statut de la relation, c’est à dire le fait d’être ensemble, prime sur la qualité de la relation. Limite s’il ne considérait qu’il est préférable d’être mal accompagné que seul car selon lui, si un homme ne se marie pas avant 40 ans, il entre automatiquement dans la catégorie des célibataires invétérés, qui ne se marient plus.

Mon autre ami sexagénaire, à l’inverse, a choisi d’être célibataire et il l’assume, c’est sa volonté malgré que pendant le confinement il a douté de ses choix, son seul moment de faiblesse. Célibataire mais dépendant à la chaleur humaine et les câlins, le confinement a eu un tournant inquiétant pour son plaisir sexuel. Même si l’histoire confirme qu’en période de crise, la liberté sexuelle laisse place à un retour à la vision traditionnaliste de la monogamie, mon sexagénaire ne pouvait pas changer car il valorise beaucoup sa liberté. Avoir quelqu’un qui lui procure le plaisir pendant le confinement est une chose mais s’engager s’en est une autre. En termes d’évasion de mariage, il est un vrai pro. A l’intérieur d’un homme comme lui il doit y avoir un algorithme établi de longue date qui l’aide à échapper aux relations avant qu’elles ne deviennent plus ou moins graves. 

Récemment j’ai fait la connaissance d’un homme charmant via des amis en commun et la semaine dernière nous avons déjeuner ensemble. J’ai eu la chance de beaucoup discuter avec lui, de refaire le monde, les relations. Il s’est avéré que c’est un ex célibataire invétéré qui s’est converti en homme sérieux dans une relation avec la femme de sa vie.

Pendant le déjeuner, il m’a décrit sa rencontre avec sa femme, plus âgée que lui, retenue aujourd’hui en France à cause des interruptions des liaisons aériennes avec le Maroc. La description était magnifique, quand il l’a vu pour la première fois il n’imaginait pas à quel point, quelques temps plus tard, elle chamboulerait sa vie avec la sienne. Il l’a décrite d’une beauté élégante, sublime, tendre, joyeuse, class, grande de taille, ancien mannequin, au point qu’en l’écoutant j’imaginais la déesse aux cheveux long avec une robe à traîne, du personnel autour, sortant tout droit d’un tableau de grand maître. J’ai trouvé ça beau à entendre car Il n’y a pas plus romantique qu’un homme qui décrit sa femme avec sa flamme pour elle, ça le rend intouchable, sincère et viril.

De son célibat, il a gardé certains réflexes, certaine liberté et quelques habitudes mais il a basculé de l’autre côté grâce à la femme de sa vie.

En conclusion, je me dis qu’il y a plusieurs types de célibataires, des heureux, des malheureux, ceux qui assument et ceux qui subissent. Il y a ceux qui ont subi des traumatismes suite à des relations qui n’apportaient que des scandales et des déceptions, ceux qui sont des bourreaux de travail et mettent leur carrière au-dessus des relations intimes, il y a ceux qui ont eu une mauvaise figure paternelle et ont peur de reproduire le même schéma et il y a ceux qui ont choisi de favoriser leur liberté à l‘engagement et la vie de famille.

Je pense qu’on va finir par comprendre, un jour, que la vie a changé et qu’il est possible pour un célibataire de vivre une vie complète, satisfaisante et sans jugement.

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