lundi 26 novembre 2012

La notion de moitié


Régulièrement, et depuis que j’ai quitté le Liban et que j’ai obtenu la double nationalité franco-libanaise, les gens me demandent si je me sentais « plus libanaise » ou « plus française », question à laquelle j’ai souvent répondu « moitié/moitié » par soucis d’équilibre et d’équité.
 
Aujourd’hui en survolant la méditerranée, je me suis retrouvée à mi-chemin entre mon pays d’origine et mon pays adoptif, partagée entre 2 pays qui ont forgé mon identité, 2 pays qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Mon « moi-même » je l’ai construit, transforme tout au long de mon existence. Quand j’ai commencé à avoir un rôle principal dans cette transformation, je partageais ma vie a la lisière de mes 2 pays, de 2 langues, 2 cultures et c’est dans ce partage que je trouve mon équilibre, ma notion de moitié.
 
Ce qui me ramène à un matin dans le métro il y a plus d’un an quand je me suis pressée, comme tous les matin, pour me trouver une place assise afin de pouvoir lire mon cosmo tranquille car, je l’admet, il n’est pas évident de le lire debout, serrée comme une sardine et tourner la page tout en tenant la barre du milieu !
 
Donc avant de rentrer dans le wagon je repère avec l’œil d’une experte deux places libres, je fonce pour prendre la première quand une experte en la matière saute la prendre avant, je fonce et saisi la 2eme place encore libre quand je me retrouve à côté d’une énorme personne en taille et en volume. Il ne me restait plus que la moitié de la moitié de la place. Je n’étais pas à l’aise car il n’y avait pas d’équité, pas d’équilibre.
C’est comme dans un couple ou les deux moitiés égales  forment une entité à part entière et ne sont complètes, à mon avis, que unies. Il suffit que l’un d’eux parte pour que le couple se déstabilise.
 
Je reviens à mon identité, je la compare à un verre rempli à moitié par une religion, une culture, une langue voire deux, un village, des amis, des études jusqu’au jour où j’ai choisi d’immigrer en France et remplir ce même verre avec une autre culture, une autre nationalité, un autre mode de vie, une activité professionnelle….
Aujourd’hui au Maroc, je vis un blocage complet, un blocage contre un dialecte, un pays, une culture, … ce blocage serait-il le résultat d’une identité forgée, d’un verre bien rempli ?
Si je dois m’adapter cela signifierait-il que je dois vider une petite partie du verre, abandonner une partie de mes 2 cultures préférées ?
 
Je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi mon évolution-adaptation-intégration-t-elle été si positive en occident et si décevante dans le monde arabe ? Serait-il car l’occident est pour moi le symbole de l’aventure, de la liberté, de la spiritualité et du pouvoir  et que c’est la définition que je veux donner à mes deux moitiés devenues mon identité ? Ou serait-ce parce que je clame la modernité que je me retrouve déphasée ?

vendredi 9 novembre 2012

Comme une prière ou un moral bas

 
Quand nous savons qu’on risque de perdre à tout moment une personne chère, une partie prenante, décisionnaire et prévoyante de notre existence, nous savons aussi que le moral aura ses phases de spleen et de dépression.
 
Quand une amie nous annonce qu’elle vit la peine que nous vivons pour son jeune mari, ça ne peut qu’augmenter notre peine, nous enfoncer.
 
Il y a de ces jours ou tout semble noir, ou l’on se demande pourquoi on a choisi telle ou telle destination, pourquoi on perd notre vie à la gagner?
 
Mon pays d’origine et moi vivons une histoire d’amour destructeur ! Je l’adore pour son exotisme, je le hais pour son instabilité. Je l’adore pour sa sociabilité, je le hais pour sa sauvagerie.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je parle de lui, c’est peut-être parce que je lui reproche sa fragilité qui m’éloigne de lui, de ma famille.  Ma conviction-religion-éducation ne me permet pas de blâmer le bon Dieu pour ce qui me fait subir ni pour les épreuves qui met sur mon chemin. Il faut bien trouver un fautif !
 
Il n’y a pas plus triste que d’être loin de sa famille surtout quand celle-ci vit la maladie, la tristesse et la souffrance. Il n’y a pas plus dur que d’être à l’écart des problèmes au lieu de les vivre avec les autres. Il n’y a pas plus difficile que d’être partagé entre l’avenir d’une jeune génération et le destin d’une  autre qui s’éteint.
 
Mes pensées, mon âme, mon cœur et tout mon esprit sont avec toi, minute par minute, seconde par seconde, le temps ne passe plus, il s’est arrêté le 14 février 2011, le jour où tu m’as annoncé la mauvaise nouvelle.
 
Je refuse de te perdre, je souffre en silence mais accroche toi !

Un collègue qui en dit long

Hier et pour la première fois depuis que j’ai repris le travail, nous avons eu une longue et intéressante discussion autour de l’aménagement des espaces, l’utilité de certains et le rôle de la religion dans la conception.


Nous avons commenté l'utilité d'un sas et ce que peut apporter ce petit espace comme intimité, isolement et déconnection dans un pays où les "Samantha" sont interdites et où voir la poignée d'une femme relève du haram!

Il est intéressant de voir comment l'architecture, l'espace et la conception sont conditionnés par la religion ou la culture.

Puis arrive l'organisation des futurs bureaux de l'administration sur le chantier et l'installation des WC. Quand un français propose de mettre temporairement un WC chimique pour utilisation homme/femme, the collègue qui aime marquer des points essai me m'expliquer qu'ici cette solution n'est pas envisageable, les gens ne peuvent pas l'accepter.

Il me demande: "tu es sortie te balader dans les rues avant le aïd?"
Sous mon air étonné il continue: " As-tu vu les familles sur les mobylettes? Le père au volant avec femme et enfant derrière puis mouton devant? C’est ça notre culture!!! Alors essai d'expliquer que nous ne pouvons pas partager un WC sur le chantier!"

Puis il me dit:" nous venons de descendre des chameaux et vous nous demandez de monter dans des 4x4 tout de suite!" A la radio, le code du tramway passe tout le temps pour familiariser les gens avec, ils ont oublié qu’il est plus urgent de passer le code de la route ! Combien de fois je pense faire des schémas pour partager ce que je vois avec le reste du monde, combien de fois je revois dans ma tête les options d’une voiture pour intégrer camera et caméscope me permettant de tout filmer en conduisant, combien de fois j’ai pensé m’arrêter pour parler avec certaines personnes sur mon chemin juste pour comprendre ce qui se passe dans leur tête au moment du délit !

Discussion après discussion, je ne peux m'empêcher de me demander que dans un projet où femmes et hommes ne mangent pas ensemble pendant le lunch break, dans un pays où certaines exigences, normes et qualités sont des options, peut-on les obliger à suivre nos réformes à l'européennes?

 

jeudi 1 novembre 2012

Ma petite october girl


Il y a 2 semaines j'ai fêté ton tout premier anniversaire... j'ai fêté ta première année parmi nous... une année de pur bonheur... et depuis j'essaie de t'écrire un petit mot...
 

Il est impossible pour moi d'expliquer ou narrer mes sentiments pour toi, c'est à la fois espoir, bonheur et pur extase! En l'espace d'un an tu es devenue une raison pour vivre, un espoir et un moyen qui me garde en vie un être très précieux.
 
Je te reproche de m'avoir empêché de survoler l'océan pour être aux côtés de celle qui m'a mis au monde et que je risquais de perdre.
Je te reproche une grossesse fatigante, au lit et des nausées.
Je te reproche parfois d’avoir pris ton temps pour venir au monde, pour être conçue.
Mais je ne suis pas la seule, ton frère ainé te reproche le partage de ses parents et mes neveux te reprochent de les frapper car tu es la toute dernière de la famille.
 
Tu as été conçue au même moment que le cancer qui mine ma mère, annoncée au même moment que l’annonce de sa maladie ravageuse et arrivée le jour de son anniversaire.
 
Je ne peux que t’aimer !!!
 
Tu es un amour, tu es pleine de joie de vivre, charmante et sensible. Le premier mois tu as eu des fous rires, la première année tu as commencé à danser même avant d’apprendre à marcher. Tu te réveilles avec le sourire et tu te couches avec les câlins.
Tu m’as redonné confiance en moi, tu m’as aidé à aimer « les enfants », tu m’as rendu mes hormones de femmes, tu m’as fait admettre que je suis une maman.
 
Je ne peux que t’aimer !!!
 
Aujourd’hui, je te souhaite tout le bonheur du monde, une vie active bourrée des bêtises, d’expériences et de découvertes.
 
Joyeux anniversaire mon october girl!