jeudi 23 septembre 2010

Cat’s Eyes


Un des plus beaux moments que j’ai vécu pendant mes vacances était lors d’un trajet en voiture avec mes 3 potes (Jimmy, Mike et Wissam) jusqu'à la boite de nuit pour passer la dernière soirée avec les copains avant le redoutable départ.
Un moment rare, court (30min), plein d’émotions, pendant lequel nous avons raconté des blagues datant de la première guerre mondiale et évoqué des souvenirs d’enfance. Des souvenirs de tout ce que l’on a pu avoir ou pu faire dans notre petit village pendant les étés quand on se retrouvait !
Les garçons racontaient les histoires de cabanes au fond du jardin, le club de sport, les histoires d’amour, les parfums que l’on a pu recevoir pour nos anniversaires et surtout mon histoire identification que j’ai pu avoir avec ma meilleure amie aux Cat’s Eyes, ce dessin animé avec des bombasses en body moulants, voleuses mais qui ne manquent pas de charme, et des cartes de Ninja (que nous avons reproduits sur carton en guise de gadget d’identification).
A l’époque j’étais une fille modèle qui n’avait le droit qu’à une heure de télévision par jour après le retour à la maison avant le coucher du soleil. Je n’aimais pas les dessins animés pour les garçons que regardaient mes frères et leur masculinité débordante comme Goldorak, ni les trucs gnangnan pour les filles comme Candy. A mi-chemin, il y avait Cat’s Eyes, un dessin animé féministe!
Cat’s Eyes parle de femmes fortes, autonomes, indépendantes, qui se construisent sans hommes. Indispensable en période de crise contre les garçons du village ! En plus, la relation entre ces trois sœurs me faisait terriblement envie… envie d’avoir une sœur, envie de vivre cette relation privilégie avec ma meilleure amie… Je m’identifiais facilement à l’une ou à l’autre.

Bon, à cet age on s’ennuyait, on été petite, impuissante, dépendante de nos parents, et on rêvait en secret de devenir adulte et de pouvoir faire des choses extraordinaires un peu à la manière des Cat’s Eyes, de ces femmes qui osent !
D’après les psychanalystes, ces exploits on les réalise à travers les aventures de nos personnages favoris, on plonge dans notre avenir et on vit à travers eux ce que l’on espère vivre plus tard ! On noue avec eux une relation fusionnelle qui se loge dans les interstices de notre emploi du temps, entre école, l’heure du bain et le dîner, dans nos moments de solitude.

Or quelle petite fille n’a pas trippé comme une dingue sur son personnage préféré, au point de l’incarner par jeu ou de relire cent fois le même livre ? Quelle fille ne s’est pas imaginée un destin hors du commun pendant que les garçons combattaient des dragons ou pilotaient des vaisseaux spatiaux ???

Mais l’histoire des Cat’s Eyes, après moult recherches sur Internet, se lit à plusieurs niveaux selon les ages avec, en filigrane, la quête du père : les trois sœurs font des cambriolages pour réunir les tableaux que leur père a peints, dans l’espoir de le retrouver. Pendant que moi j’ai passé ma vie à la quête de signes de reconnaissance par mon père quasi absent mais fort présent dans mes idéologies. C’est finalement très oedipien et ça en dit long sur moi !

« Le rêve est l'accomplissement d'un désir inconscient » Sigmund Freud