mardi 30 juillet 2013

Mon Beau Pays


 
Par une belle nuit d'été, sur la terrasse de notre maison familiale, lieu de rencontre entre copains, cousins et connaissances, l'apéro s’était imposé, il était prévu! Discussions et rigolades faisaient aussi partie de la soirée jusqu'au moment où la redoutable politique a pointé son nez.
L'ambiance change et se transforme. Les plus sages ne participent pas à la discussion de peur de déclencher des réactions plus ou moins prévisibles et non souhaitables. Il faut admettre qu'ici il n'y a pas de liberté d'expression. On bascule vite d'une appartenance à une autre, d'un raciste à un antisémite, à un espion ou à un traitre!
 
J’interviens, je ne pouvais pas m’empêcher, j’écoutais des propos, des avis très opposés, très partagés, très compromis par les divergences entre les dirigeants politiques du pays et de ce fait de leurs adhérents.
Je demande ou est parti le pays laïque, sans religions, où des communautés de confessions diverses savent coexister.
Ou sont parti les gens patriotiques et qui s'aiment tous au-delà de leur différence car ils partagent un seul amour, un amour pour le pays des cèdres, des villages les plus vieux au monde, des villes cosmopolites et tolérantes, de ce que l’on surnommait la plaque tournante culturelle et financière, du carrefour culturel et commercial, de la gastronomie et de la phénicité.
 
Un ami tout énervé, excité et remonté m’accuse de rêver d’un pays qui n’existe plus et qui n’existera plus jamais.
 
Je n’ai pas pu m’empêcher cette nuit de demander si dans un pays où tout est divisé, labélisé, cantonné et sectaire peut-on encore se permettre d'être chauvin et de rêver d'un seul et unique beau pays? Comment garder cet amour pour un pays qui n'existe plus même dans les rêves de ses propres résidents??
Comment ne plus reconnaitre un pays à part entière fait par une histoire, un système politique, une variété culturelle, une démographie religieuse et une géographie à faire pâlir les plus beau pays, comment ce pays a perdu son identité son idéologie ?

mardi 9 juillet 2013

Le pays du Kleenex

A la question  «  depuis combien de temps je vis à l’étranger »  qu’on me demande souvent, je réponds par 12 ans. Je ne me rends pas compte de l’impact que cela a eu sur moi, je ne réalise pas la transformation que mes réflexes innés ont subi. Je suis formatée, comme tous mes compatriotes français, par l’écologie et le respect de la planète depuis que ce sujet est devenu d’actualité, au point de dire à mon mari-idéal quand il me propose d’avoir un 3eme enfant que son projet ne tiens pas la route, écologiquement parlant, car nous sommes devenus 7 milliard sur terre et qu’il ne faut pas en ajouter.

Ce que nous traitions de radinerie à l’époque des bonnes sœurs fait la une des journaux en France aujourd’hui, expliquant à la population qu’éteindre la lumière quand on sort de la pièce, recycler les papiers et télécopies imprimés, ne pas utiliser des sacs plastiques sont des actes de citoyenneté et de respect de l’environnement dans le but de préserver la terre pour les générations futures. Ces informations sont stockées dans notre inconscient et coordonnent nos gestes. Les labels et indices écologiques ainsi que les normes iso fleurissent partout.
 
De retour dans mon pays d’origine depuis 2 semaines pour passer les vacances d’été, j’observe et analyse les gestes des compatriotes de mon autre moitié. En l’espace de peu de temps, je surnomme le pays du levant « le pays du Kleenex » (Kleenex est une marque déposée, fabricant entre autres des mouchoirs en papiers, et qui est rentrée par antonomase dans le langage courant pour désigner un mouchoir jetable en papier).
Je vois fréquemment une personne nettoyer avec un Kleenex l’eau renversée sur la table, sur le sol et sur l’étagère au lieu de la fameuse serviette lavable. Je vois une autre se servir du Kleenex comme sous-verre renouvelable 10 fois avant la fin du premier verre. Je vois d’autres laver les mains des enfants avec 5 Kleenex car un ne suffit pas au lieu de les laver avec de l’eau. Une goutte par-là, une tache par-ci, un mouchoir par-là, un Kleenex par-ci et l’opération se renouvelle à longueur de journée.
 
Ce matin, je reçois un plombier pour me réparer l’évacuation de l’évier de la cuisine. Le joint en silicone est consommé depuis longtemps, il faut le remplacer utilisant une manip très facile. Il sort sa poudre blanche, la mélange avec l’eau et commence à l’appliquer devant mes yeux. Puis pour nettoyer autour du trou il opte pour le fameux Kleenex. Il prend 4 à la fois, puis 4 autres puis 4 autres. Je suis sous le choc, les images d’arbres abattus défilent devant mes yeux et mon cerveau dénonce les pratiques forestières destructrices et la mauvaise conduite en matière d’environnement.
Les propos de Steven Guilbeault de Greenpeace me viennent à la tête : «Cela prend 90 ans à la forêt pour produire une boîte de Kleenex mais seulement quelques secondes pour jeter un papier-mouchoir à la poubelle ».
 
Choquée, j’explique au plombier que son geste c’est du gaspillage de nos ressources naturelles, qu’il y a d’autres moyens pour nettoyer le produit. Juste après c’est lui qui était choqué par mes propos ne comprenant pas mon souci dans un pays en guerre.
 
Puis le soir même je discutais de mon nouveau article avec une nouvelle recrue dans notre famille, arrivant tout droit du Canada, elle me raconte que ce jour sur la route jusqu’au village, elle a vu une belle fleur ou ce que l’innocence de sa vision et la rapidité de son imagination croyaient être une belle fleur blanche suspendue d’un arbre. Apres observation elle se rend compte que le blanc n’est autre qu’un Kleenex jeté dans la nature !
 
Je me mets après à questionner mon copain Google pour comparer mes 2 pays en matière de consommation de Kleenex et il s’avère qu’à l’heure actuelle, lorsqu’un consommateur moyen français utilise 160 mouchoirs par an, un libanais en utilise 1 200 sur la même période.
Je ne peux m’empêcher de demander s’il n’est pas temps de commencer les campagnes d’éveil en matière de protection de l’environnement et son impact sur la vie de nos enfants et petits-enfants ? S’il n’est pas temps de changer nos comportements ? S’il ne faut pas formaliser la notion de responsabilité associée à la pollution, à la biodégradabilité, au recyclage et à la tragédie des biens communs ?