samedi 29 décembre 2018

5 min d’inattention


Je pars demain avec mari-idéal et mes 2 mini monstres passer les 2 derniers jours de 2018 dans un bled perdu loin de la civilisation, sans connexion Wi-Fi ni 3g. On va passer les 2 derniers jours de 2018 avec les amis, en connexion avec la nature et à la bonne franquette.

Pour cela j’ai préparé aujourd’hui du kibbeh, une des entrées phares de la gastronomie Libanaise que l’on retrouve traditionnellement dans le mezzé mais qui existe aussi sous différentes inclinaisons. Le kibbeh est devenu mon plat fétiche surtout après le décès de ma maman chérie. 
Elle a toujours était connue pour son fabuleux kibbeh, recette qu’elle a hérité de sa maman, ma grand-mère et qu’elle m’a donné quelques mois avant sa mort. C’était une recette passée de mère en fille depuis le déluge…. Et même avant.
Cette tradition culinaire ne pouvait pas s’arrêter chez moi, je ne pouvais pas l’accepter. Je me suis mise à la perfectionner depuis maintenant 3 ans jusqu’à devenir ma signature entre les copains et à gagner le trophée du meilleur kibbeh de Marrakech et de ma famille.
A chaque fois que je cuisine ce plat, je m’applique, comme à la veille d’un examen, d’un rendu final de projet ou d’une présentation quelconque.

Mais aujourd’hui je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la semaine dernière, à la suppression du repas de vendredi à la maison suite à une très grande cuite la veille, la meilleure de 2018. J'avais peur des 5 min d'inattention.
Les invités devait venir manger le kibbeh à la maison vendredi midi mais de peur de les décevoir et de perdre ma réputation j’étais forcée d’annuler le repas et de les orienter vers d’autres tables plus sures. Ce que je ne savais pas c’est que la veille, avec ces mêmes invités, j’ai perdu ma réputation mais pour un sujet complètement différent.

La veille nous sommes sorties comme d’habitude manger un petit coup et boire juste un verre entre copains. Nous avons commencé par un repas léger et quelques bouteilles de vins entre potes. Il y avait parmi nous un nouveau arrivé dans le groupe qui voulait faire bonne figure, relever le niveau de son frère ex-membre et rétablir une relation de bon drinkeur (mot que Google me corrige en draineur, je ne vois pas trop la différence)
Puis nous sommes allés rejoindre un autre régulier dans une des boites de Marrakech pour faire honneur à nos traditions, inutile de préciser que nous avons continué à boire, à marier les couleurs, les liquides, les cinquante autres élixirs et à mélanger les fils et les pinceaux.

Quand on est content et qu’on fait la fête, il peut nous arriver de baisser la garde surtout quand notre soldat en charge de nous surveiller se trouve à Rome.  De toute façon nous ne sommes jamais en garde face à une femme, créature considérée par les non connaisseurs comme étant faible. Notre sexagénaire, ce soir-là, ne se doutais pas de la suite des événements quand il a invité une jeune femme à notre table pour boire un verre et plus si affinité. Cette femme a essayé à plusieurs reprise de convaincre notre nouveau arrivé d’ami, que, moi, la seule fille du groupe, aime pas les mecs pendant que, moi, la seule fille du groupe dansait décemment à coté de mon mari-idéal.

Il a fallu que mon mari-idéal nous laisse 5 min pour aller faire un tour aux toilettes pour que cet intrus de jeune femme m’agrippe par le bras et utilise la danse comme arme de séduction ou invitation au flirt. Pendant 5 min, elle a mené la danse, pris des initiatives, décidé des passes et s’est lâchée sur le Kino.

Il a fallu de 5 min d’inattention pour me refaire une réputation surtout que notre sexagénaire favori a trouvé le spectacle chaud bouillant pour son imagerie mentale. Nous habitons dans une bulle, un beau domaine privé identique à un village ou rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !


vendredi 16 novembre 2018

"Le Beaujolais nouveau est arrivé !"


Je la fais courte aujourd'hui.

Depuis mon atterrissage à Marrakech et jusqu’à hier soir, je n’ai plus fêté l’arrivée du Beaujolais nouveau. Le slogan « Le Beaujolais nouveau est arrivé » n’a plus résonné dans ma tête comme quand j’ai habité Paris, où il résonnait toute la journée du troisième jeudi du mois de novembre dans les caves et les bistros français.

L'arrivée du beaujolais nouveau est une tradition fêtée depuis plusieurs années en France et dans de nombreux pays. Le troisième jeudi du mois de novembre de chaque année marque le début de la vente des premiers vins beaujolais. À précisément 0 h (soit le mercredi à 24 h), la commercialisation peut commencer. 
S'il bénéficie d'un tel engouement, c'est d'abord que le Beaujolais nouveau qui sera bu à partir de jeudi n'est disponible que sur une durée limitée. Il est en général consommé dans les quinze jours qui suivent l'ouverture de la première bouteille.
Le Beaujolais nouveau est en effet un vin primeur, jeune mais c’est aussi un vin plus festif que les autres, un vin plus convivial, un vin de soif, un vin d’amitié.

Un vin d’amitié que nous avons honoré hier avec les copains, nous avons eu l’occasion de célébrer la naissance du nouveau vin de l’année comme si on fêtait l’arrivée du printemps. Nous avons passé une agréable soirée autour du vin, du fromage, de la charcuterie et nos discussions ont vêtues la robe rouge vif, limpide, brillante, acidulée et fruitée du Beaujolais.


Nos discussions fraîches et jeunes ont décidé de changer de groupe pour passer de baronne à cochonne ou de comtesse à tigresse. Nous avons refait le monde, commenté les choix de certains proches, le fossé creusé par la différence de culture, les expériences ultérieures qui peuvent guider nos décisions aujourd’hui mais aussi comment se tromper de trou en glissant peut avoir un impact décisif sur notre vie.

Nous savions que cette soirée n’allait pas durer à l’image de la commercialisation du Beaujolais......
Mais pour l’espace d’une soirée, nous sommes redevenu jeunes à reparler des premières expériences sexuelles avec les filles, les codes de disponibilité de l’époque allant de la petite fente de la jupe pour la fille sage à la fente plus longue pour la salope, mais surtout comment  montrer aux filles la koutoubia et par grande forme leur montrer le toupkal!

Juste avant la soirée, lors du repas du midi, un ami, incarnant la sagesse et la raison, rectifiait nos expressions et transformait le jargon de l’architecte en jargon classe et noble. Quand “enculer les mouches” devient “sodomiser les insectes” et quand la sagesse refuse de rester passer la soirée avec nous les conversations partent en vrille! 

Nous n’avons pas eu le temps de se bonifier comme un bon vieux vin, nous sommes restés fidèle a l’image du vin primeur, nouveau et jeune. Enfin, le Beaujolais nouveau est arrivé, l’amour, la gloire, les déboires et les festivités aussi!!!!

Je me comprends.....

lundi 22 octobre 2018

Permis de conduire


A l’époque où j’ai passé mon permis de conduire je ne savais pas que c’était un test que j’allais continuellement passer chaque jour de ma vie et ce jusqu’au restant de mes jours.

Je me rappelle quand j’étais plus jeune, j’avais une peur insurmontable en voiture au point de rendre ma mère folle. Du coup quand j’ai eu 14 ans elle a décidé de commencer à me donner des cours de conduite elle-même pour essayer de dompter cette peur avant de devoir passer le permis. J’ai eu des cours avec elle tous les jours, sur des routes proches de notre village, des routes qui passent par plusieurs zones montagneuses avec des chaussées étroites, des courbes, des contre-courbes, des montées et des pentes au tracé sinueux.

Ma mère était une pro du volant, elle avait une concentration irréprochable, une position de conduite professionnelle et connaissait les règles de sécurité par cœur notamment celle des 2 secondes. Même si elle avait du mal à respecter les limitations de vitesses, les autres usagers de la route et la courtoisie au volant, elle connaissait parfaitement son véhicule, son fonctionnement et ses limites.

Vu que mon père était souvent absent pour son travail, c’était ma mère qui nous conduisait à l’école, en vacances, chez la famille un jour de pluie, chez les amis un jour de soleil et parfois aux abris sous les bombardements. Elle ne laissait passer aucune occasion pour nous rappeler, à mes frères et moi, qu’elle avait fait une cascade avec une petite fiat rouge lors d’un rallye quand elle était jeune, qu’elle a roulé sur 2 pneus et que surtout la conduite, pour elle, est un vrai plaisir, le plaisir de faire crisser les pneus, démarrer en trombe et faire des dérapages au frein à main.
Je ne peux pas nier que je n’aurais jamais rêvé avoir un meilleur moniteur pour apprendre à conduire et passer mon permis dès la première fois (petit clin d’œil à ma meilleure lectrice/éditrice qui se reconnaitra en lisant cette phrase)

Depuis l’obtention de mon permis et les cours de conduite avec ma mère, je n’ai jamais cessé d’apprendre et de m’améliorer, que ce soit avec les copains d’archi passionnés de formule 1 qui passait des enregistrements de voitures rapides en boucle lors de nos charrette, ou avec les copains motards qui sillonnent les routes périlleuses de la France, la route 40 de l’Argentine et les gorges du Dades au Maroc ou avec mon mari-idéal adepte des émissions auto-moto, turbo et de la chaine AB moteur, qui deux mains sur le volant et deux fesses sur le baquet me raconte souvent l’évolution de modèles automobiles mythiques.

Si toutes ces discussions, émissions, échanges et la peur de la perte de points sur le permis de conduire me poussent à appréhender la conduite en respectant les limitations de vitesse, les interdictions, les dangers, les règles de stationnement etc. ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde.

Tous les matins à l’heure où je dépose mes enfants et les après-midi à l’heure de la sortie de l’école, j’ai l’impression de repasser mon permis de conduire, de tester mes connaissances sur les limites de mon véhicule et de réviser les règles du code de la route.
Il m’arrive aussi de tester ma patience et ma courtoisie envers les autres conducteurs, parents, chauffeurs ou nounou, venant déposer ou récupérer des enfants.
Il m’arrive d’engueuler des chauffeurs qui insistent pour se garer dans un demi-emplacement très étroit entre 2 voitures et qui te niquent la voiture pour pouvoir ouvrir leur portière et descendre!
Il m’arrive aussi d’halluciner devant ces chauffeurs qui se garent du coté opposé par rapport à l’école et qui traversent la route nationale avec les enfants pour éviter de marcher 5 min dans le parking, vive la sécurité et la bonne conscience.
Il m’arrive parfois de vouloir donner des cours à madame qui ne sait pas différencier entre stationnement et arrêt, deux notions très différentes, qui n’a peut-être jamais lu le code de la route mais qui roule en berline de luxe. Madame, qui croit, vu le prix de la scolarité, avoir financé la construction et la survie de l’école, veut se garer en priorité devant la porte d’accès, dans une zone non réservée au stationnement et bloquer par-dessus le marché le passage des autres véhicules ajoutant son grain de sel à tout le bordel que nous avons déjà sur la zone de parking de l’école.
Bordel de parking dans lequel on trouve plusieurs écoles : ceux qui touchent au créneau, ceux qui foirent lamentablement, parfois de manière spectaculaire et ceux qui ont décidé de ne pas trop se laisser emmerder et se garent comme des merdes sans pression.
Il m’arrive parfois de vouloir expliquer à certain que conduire est un privilège et non un droit qu’il faut respecter en adoptant une conduite professionnelle dans le respect des consignes de sécurité sur la route, dans le parking et surtout devant une école.

Quel bel exemple ces gens donnent à la future génération ! Un tour dans le parking résume tout !

Alors, pour conclure je dirais à tout ceux qui clament que la conduite à Marrakech est une véritable catastrophe ou défi, à ceux qui disent que les marrakchis ne conduisent pas mais ils se déplacent,  je veux dire venez faire un tour dans le parking devant l’école de mes enfants !

mercredi 19 septembre 2018

Nettoyage de printemps aux portes de l’automne


Pour certains de mes amis je suis une bonne vivante, pour d’autres je suis une encyclopédie ambulante, pour certains je suis une amie fidèle, pour mes frères je suis en quête permanente de perfection. Chacun son idée de moi.
La définition de chacun de nous dépend de notre comportement avec les autres, de notre éducation, de notre rapport avec nous-mêmes. Cette image que nous véhiculons aux autres n’est autre que l’impression que nous laissons à nos interlocuteurs. 

Je considère que durant notre vie nous devons garder une image cohérente, pertinente de nous-même, une image qui reflète notre personnalité, notre identité et surtout une image porteuse de sens.
Notre image évolue et change évidement avec le temps, les circonstances et le parcours de la vie mais elle ne vire pas à 180 degrés. Néanmoins, reste toujours intactes cette essence irréductible, cette personnalité, cette intégrité et ces valeurs qui nous caractérisent.

Malheureusement ce n’est pas le cas de tout le monde.

Depuis 2 ans, des amis de longue date sont devenus des inconnus, des amis avec qui j’ai fait les 400 coups, des amis pour qui j’ai défié les volontés de mes parents, des amis avec qui j’ai eu plein de souvenirs d’enfance et qui au fil des années ont changé d’attitude. C’est facile aujourd’hui de se dire ami, surtout à une époque ou même la personne la plus esseulée du monde peut s’inventer des palanquées en virtuel. Ce n’est pas de ce genre d’amitié que je parle, mais de ceux avec qui j’ai porté le fardeau de la vie pendant mes années d’adolescence avec nos problèmes de l’époque, ceux qui sont comme des Etoiles et qu’on ne peut reconnaitre que quand il fait sombre autour de nous comme le dit Bob Marley.

Depuis 2 ans, j’ai été, plusieurs fois, invisible à leurs yeux, je n’ai même pas eu l’esquisse d’un sourire ou la bonté d’un bonjour. J’ai eu l’impression de toujours faire un effort pour communiquer avec eux et de me vider de mon énergie en leur présence. De ce fait, nombreux de mes rêves se sont brisés et la plupart de mes illusions et autres espoirs sont partis en fumée.
Le pire c’est que ce n’est pas qu’avec moi, ils ont coupé les ponts avec plusieurs membres du groupe, avec mes copines proches, avec les gens de la même communauté et avec qui on a grandi.

Que s’est-il donc passé ? Comment peuvent-ils être si différents tout à coup ? Pourquoi ne ressemblent-ils plus aux personnes qu’on a connues au début ?
J’ai essayé de chercher une justification, j’ai fouillé dans mes souvenirs en quête de signes, j’ai essayé de comprendre, j’ai fait beaucoup de recherches sur le comportementalisme humain et d’après des études approfondies de psychologie et d’analyses des comportements, j’ai compris que les gens ne changent pas mais simplement ils n’ont jamais été comme on les imaginait, nous avons juste ouvert les yeux.  

En réalité, ces personnes n’ont pas changé du jour au lendemain, elles n’ont simplement jamais été telle que j’ai pu les imaginer au départ.

Quoi qu’il en soit, j’ai accepté cette situation, j’ai nettoyé mon esprit de nos relations improductives car ils faisaient baisser considérablement mon niveau d’énergie. Leur date de péremption a été dépassée de loin.

Ce qui est merveilleux dans cette histoire, c’est que lorsque j’ai eu le courage de me débarrasser de mes vieux amis ennuyeux, j’ai retrouvé de l’espace pour attirer de nouvelles relations agréables et fortes. J’ai laissé rentrer dans ma vie de nouvelles personnes que je connaissais sans vraiment connaitre et à qui je n’ai jamais donné de chance car j’étais trop dominée par mes anciennes relations.

Du coup c’est ce que je conseille à mon autre amie d’enfance qui a souffert comme moi du changement de comportement et je lui dis que les amis c’est comme le vin : un grand cru va se bonifier avec le temps, une piquette deviendra du vinaigre et finira par nous rendre malade. Et il vaut mieux avoir peu de grands crus dans sa cave que plein de piquette……



lundi 10 septembre 2018

Équilibre


Cet été j’ai passé 5 jours à l’hôpital avec mon papa, j’ai passé 5 jours à parler de scan, d’examens, d’analyses et de taux élevés ou bas, 5 jours de recherche de l’équilibre du taux de créatinine, du diabète, du potassium et des coagulants. 
5 jours que les plusieurs médecins « tous corps d’états » enchaînent analyse sur analyse pour trouver le bon rapport, les bons résultats et par la suite l’équilibre...

L’équilibre, l’harmonie ou l’état de stabilité résulte de la juste proportion entre des éléments opposés ou forces antagonistes. Si le corps est créé avec un certain équilibre, tout disfonctionnement  peut provoquer une chute, une anomalie ou une maladie.

Comme dans la vie, le couple ou au sein d’une famille. 

Ca me ramène à une discussion que j’ai eue avant avec un architecte d’un certain âge qui  navigue entre son agence au Liban et son autre agence à Paris. 6 mois ici, 6 mois là-bas.
Il a partagé avec moi son parcours professionnel autour d’un café chez Pierre Hermé  mais aussi son parcours perso, ses aventures, sa notion du couple et sa vision de la vie. Je l’avais perdu au milieu de son monologue quand il a commencé à critiquer 2 de mes collègues de promotion qui ont bossé avec lui mais il a re-retenu mon attention ou ma colère quand il m’a dit qu’ « une femme/mère au foyer voit son homme réussir dans son travail et gagner bien sa vie devient jalouse, folle, dépressive et lui pourrit la vie. Elle ne veut pas voir son mari réussir ».
Pour lui un homme doit pouvoir bien gagner SA vie et profiter seul de ce succès en voyageant, accumulant les sorties, les fêtes et les activités annexes.

A l’écouter je suis devenue folle de rage. Ceux qui me connaissent bien savent que je n’ai pas pu m’empêcher de répondre : Equilibre mon vieux  il n’y a pas que la femme dans le couple, elle ne t’a pas forcé à te marier ni à fonder une famille. C’était un engagement mutuel des deux partis.

Une femme ne devient pas dépressive car son mari a réussi mais cette réussite peut briser un couple si elle rompt l’équilibre. C’est-à-dire la priorité est donnée au travail, aux activités annexes, aux plaisirs personnels et le tout au détriment du couple et de la famille.
C’est comme l’expérience du grand pot vide qu’on remplit de grands cailloux, de graviers, de sable et d’eau et de laquelle on tire l’importante leçon de vie sur la priorité et l’intérêt de mettre les grands cailloux en premier sinon on risque de ne jamais pouvoir les placer par la suite, ne jamais réussir car notre vie sera remplie de peccadilles. A chacun de définir ses gros cailloux.

Ces activités annexes, le travail ou les peccadilles deviennent de véritables rivales pour la femme, La “liaison amoureuse” extra-conjugale n’est pas forcément sexuelle, mais le sentiment d'abandon et/ou tromperie est le même!
Et puis, c’est facile de détruire un couple, il suffit d’oublier les priorités ainsi par la suite l’Amour avec un grand « A » commence à s’éteindre.

Quand un homme et une femme choisissent de s’unir et se s’aimer, ils choisissent, normalement, par Amour, de prendre soin de l’autre et de le rendre fier, le supporter et l’accompagner dans les difficultés comme dans les victoires.
Il y a le Soi, l’Autre et la Relation. Une triangulation qu’ils se doivent de respecter, de nourrir et de protéger. C’est le terrain d’entente (et de batailles) où on communique directement et indirectement. C’est la raison même du couple. C’est ici que se construisent les plans, les projets, l’Avenir proche ou lointain et les rêves qui y sont associés. C’est avancer ensemble en équilibre.

L’équilibre entre l’interne et l’externe. Cet équilibre n’est pas nécessairement 50-50. Il faut plutôt que les deux soient en accord et puissent se retrouver dans le milieu intime puis s’ouvrir aux autres, en ayant toujours la solidité, de l’amour et du respect via les compromis et selon les gouts et les envies.

Pour résumer ma réponse, Aucun triangle n’est parfait, il nécessite cependant 3 cotés pour pouvoir exister et un équilibre entre les différentes forces majeures.



vendredi 1 juin 2018

La limite en amitié


Il y a quelques années, j’ai rencontré deux mamans à l’apparence sympa, zen et cool. On a été amenée dans différentes occasions à se côtoyer, à discuter, à déjeuner ensemble de temps en temps, boire des cafés et parfois même refaire théoriquement le monde.
       
Ces mamans côtoyaient chacune un cercle différent avant de se rencontrer mais l’amitié de leurs enfants les a rapprochés l’une de l’autre. Chacune des mamans avait sa vie de famille, un mari qui bosse beaucoup et des enfants polis. Leur vie paraissait idéale de l’extérieur.

Ces deux femmes ont commencé à passer du temps ensemble,  à faire du sport ensemble, déjeuner tous les jours ensemble, elles ont réussi à tout partager ensemble et les enfants se voyaient de plus en plus au point de devenir des super amies! 
Plus les journées passaient, plus leur amitié se soudait laissant place aux sorties entre filles qui devenaient plus fréquentes et à l’alcool qui coulait à flots. Tout semblait aller bien pour ces deux amies, la vie leur souriait, le bonheur aussi.

Et puis un jour, j’apprends  que l’amitié que je voyais de loin s’est transformée en amour, les maris n’ayant rien vu venir sont tombés des nus, les couples se sont brisés mais un autre couple homo s’est formé. Aujourd’hui elles sont parties vivre loin et refaire leur vie ensemble.

Il y a eu dans leur comportement une sorte de compensation. Les deux femmes, qui étaient hétéro, mariés avec des enfants, sont devenues très copines, elles se racontaient tout, passaient tout le temps ensemble. Leur amitié est venu combler le vide créer par l’absence des maris et donner naissance à un amour qui lui se nourrit de présence, de communication et de partage.
Elles ont su être à l’écoute l’une pour l’autre, présente l’une pour l’autre, compréhensives et généreuses émotionnellement. Elles n’avaient pas besoin de mendier l’attention de l’autre et encore moins son amour.

Quand je parle de maris absents ou de femme absentes, ma définition va au-delà de la présence/absence physique, de l’absence pour le travail, la n’est pas du tout le sujet. Le conjoint absent se définit par quelqu’un qui n’accorde pas de l’attention à l’autre, qui ne le fait pas se sentir important, quelqu’un qui passe du temps (même peu) avec l’autre quand l’autre en a besoin et pas seulement dans son propre intérêt, quelqu’un qui s’intéresse à l’autre sans rien attendre en retour et qui accorde une place importante à l’autre dans sa vie.

La relation de mes deux amies a montré ce qu’il y a de plus simple, la personne qui mérite d’être avec nous est celle qui, ayant la liberté de choisir, se rapproche de nous, nous apprécie, nous consacre du temps et pense à nous. On dit le manque de temps n’existe pas, contrairement au manque d’intérêt !

Donc la souffrance émotionnelle fonctionne exactement comme la souffrance physique et un homme/femme absent mine son couple au risque de voir un ami, avant même d’arriver au redoutable amant, prendre sa place. La base solide des couples se fragilise avec le temps par le manque laissant le choix au partenaire de choisir entre vivre ou survire dans la relation.

Tout ceci m’amène aux questions sur l’amitié, les couples, les relations et les limites. Quand Une amitié peut-elle remplacée un amour et le transformer? La dépendance sur un ami peut-elle faire oublier la femme de sa vie et la remplacer?
Un ami malheureux peut-il influencer un autre couple par sa présence et son intrusion?

Avant on partageait des secrets, on avait hâte de se retrouver pour tout se raconter maintenant on raconte tout à notre ami, est-ce un signe de malaise dans un couple?
Et pour finir, faut-il se poser des questions sur les limites et la place des amitiés? 



samedi 26 mai 2018

Entre coup de gueule et bon sens


A la naissance de ma nièce, il y a maintenant quelques mois, j’ai reçu un appel de la part de mon frère pour m’annoncer la bonne nouvelle tant attendue et me rassurer que maman et bébé se porte très bien. Mon bébé frère, comme on l’appelle dans la famille car c’est le benjamin de la fratrie, m’annonce en même temps que je serais la marraine de sa fille cet été.
Mon autre frère avant lui m’avait aussi choisi pour être la marraine de sa fille il y a quelques années maintenant. C’est comme une tradition maintenant, je suis celle qui est responsable des filles dans notre petite famille.

Depuis toute jeune mes frères m’ont toujours surnommé la rebelle, j’étais une jeune fille qui suit sa voie, trace son sillon, garde les yeux fixés sur l’horizon, ne fait qu’à sa tête et prend les choses très à cœur.
Donc pour moi ce n’est pas un hasard ni une coïncidence et ce n’est pas seulement parce que je défends les droits de la femme dans notre famille, ni parce que je m’agace sur le simple fait d’évoquer une inégalité de sexe quand on discute ensemble, ni parce que je m’énerve quand on parle d’inégalité d’héritage entre mes nièces et mes neveux sous prétexte que mes nièces auront plus tard un mari qui subviendra à leurs besoins.
Pour moi, c’est un beau message de la part de mes frères, un message qui par-dessus toutes les traditions ajoute un petit grain de folie, de fantaisie et un tourbillon de sentiments. Un message qui les rassure et les conforte tant dans le lien mystique bien plus puissant que certaines attaches consanguines que dans l’engagement moral qui en suivra.

Ces convictions qui me tiennent à cœur j’essaie de les transmettre à ma fille tous les jours, je veux surtout et avant tout qu’elle apprenne à s’aimer. C’est important.
Je ne lui demande pas d’être égocentrique, ni narcissique ni prétentieuse, je veux juste qu’elle n’ait aucun problème avec son image ni avec sa confiance en elle.
Je veux qu’elle accepte la personne qu’elle est, apprenne à vivre avec ses qualités et ses défauts et être tolérante avec elle-même.
Je veux qu’elle se respecte et qu’elle accepte de faire ce qui est juste pour elle et pas forcément pour le monde autour.
Je veux qu’elle apprenne à faire confiance à sa voix intérieure et à son cœur !

Je veux qu’elle vive en harmonie avec son corps, elle n’a pas besoin du regard approbatif des autres.
Je veux qu’elle se libère, qu’elle se soulage du regard des autres et du poids de leur jugement.
Je veux qu’elle soit la seule juge de ses comportements et de ses choix, que personne ne pourra lui dire comment elle doit s’habiller ni comment elle doit traiter son corps. Son corps lui appartient.

Je ne suis pas en train de demander à ma fille de s’exhiber en publique, ni de marcher nue dans la rue. Je ne suis pas en train de dire qu’elle ne doit pas respecter le dress code de l’école ou du boulot plus tard ou une loi quelconque si elle existe mais je veux qu’elle se rebelle un peu. 
Mais je ne permets en aucun cas à une prof à l’école qui n’est pas la maîtresse principale de ma fille, ni la responsable de son show de Zumba ou de pompom girl de venir lui dire comment elle doit s’habiller. Je ne permets pas non plus à qui que ce soit d’autre que moi ou de son père de lui inculquer la notion de pudeur. 

A l’école américaine de mes enfants, mettre une brassière de sport pour des filles de 7 ans afin de faire un show de pompom girls choque les profs et surtout les américaines ou même un t-shirt noué au niveau du ventre et montre le nombril d’une fille fait scandale auprès des américaines puritaines et conservatrices. Ce qui est contradictoire c’est que les marocaines plus ouverte, tolérantes et respectueuses n’ont même pas jugé la tenue inadéquate ou portant atteinte à leur croyance.

Ça me fait penser à cette citation récente du créateur Tom Ford(ex-Gucci) qui fait mal et qui veut tout dire : « Quand on shootait une campagne publicitaire, on en faisait une pour le monde, et une autre pour le Moyen-Orient parce que leurs règles interdisent qu'un homme touche une femme, et que tout le monde doit être habillé. Aujourd'hui nous shootons trois versions : une pour le monde, une conservatrice, une pour le Moyen-Orient. La version conservatrice est pour les Etats-Unis. »

Alors je veux dire à ces profs qu’on a à l’école américaine en particuliers que le regard pervers que nous, adulte, posons sur nos enfants est en train d’étouffer leur innocence et fabriquer des pervers obsédés. L’innocence de nos enfants est leur regard sur la vie, leur capacité d’émerveillement, leur confiance dans l’humanité et leur espoir placé dans la bonté et la continuité à ressentir l’optimisme de l’enfance alors il est interdit d’y toucher c’est ce qu’il y a de plus précieux!
Alors s’ils ont du mal avec la liberté d’expression à tous les niveaux, intellectuel, social, corporel et religieux je leur demande de se contenter d’apprendre patiemment que « m » et « a » se prononce « ma », de leur faire réciter des poésies et des tables de multiplications,  de leur apprendre le respect, qu’on ne frappe pas leurs petits camarades pour bien vivre en communauté, le reste est notre devoir de parents !

jeudi 10 mai 2018

Décalage horaire


À l’heure où le Maroc mon pays de résidence se prépare à commencer le mois sacré du ramadan, le Liban mon pays natale se prépare pour les élections parlementaires et la France mon pays adoptif se prépare pour la fête des mères le 27 mai.
L’avantage d’avoir une double nationalité et vivre dans des pays différents c’est qu’on peut célébrer la fête des mères 3 fois par an, voter 2 fois par an et fêter pâques à 2 dates différentes. Mais aussi,  passer de l’année 2025 à l’année 1900 en quelques heures de vol!

L’autre midi,  j’étais à Paris, il faisait un temps de rêve alors je décide d’aller déjeuner seule en terrasse, de profiter de la vue sur le jardin du Luxembourg, siroter un verre de rosé froid et observer les passants. Assis à la table d’à côté, 2 hommes genre cadre sup comme on les appelle en France. La discussion était du style on se connait dans le boulot mais on ne sait rien sur nos vies perso mais quand même lors d’un déjeuner en terrasse on peut se poser des questions.
J’adore tendre l’oreille et écouter ce qui se dit à la table voisine. La discussion des 2 hommes m’intriguait car je voulais voir ou ça peut mener à l’inverse de l’autre table à droite où une dame d’un certain âge raconte à sa copine à propos de la belle villa qu’un mec lui a trouvé à Marrakech et l’offre qu’il lui a fait et qui sent l’arnaque totale vue les détails qu’elle donnait. Bon ça ne sort pas du commun et elle n’est pas la seule à être arnaquée sur des affaires à l’étranger. 

Je reviens aux 2 hommes, avant le dessert, l’un demande à l’autre : « et ta femme, elle travaille? » sans lever le voile sur cet insoutenable suspense - alors elle travaille ou pas?- je vais m’attarder sur la question elle-même qui peut sembler anodine mais qui a déclenché chez moi un gros énervement et un article! Si on imagine la même scène avec 2 femmes sur une terrasse,  est ce que l’une aurait demandé à l’autre si son homme travaille? Non elle aurait dit : « ton mec, il fait quoi? » car il est entendu dans notre société qu’un homme adulte et indépendant gagne sa vie et nourrit sa famille. Ce serait pas mal qu’il en soit de même pour les femmes.

Écouter le sujet de cette conversation me ramène à la discussion que j’ai eue avec une femme chauffeur de taxi, une femme généreuse et agréable qui aime faire la conversation avec ses passagers et qui m’a conduit de Orly à l’hôtel le jour où j’ai atterrie à  Paris.

Il s’est avéré qu’en plus d’être chauffeur de taxi, elle est élue de sa commune et chargée de l’égalité homme femme. Nous avons pu échanger sur ce sujet qui me tient à cœur. Si en France les femmes trouvent qu’il y a encore beaucoup à faire pour les droits de la femme, je les félicite car elles ont déjà fait un long chemin juridiquement parlant. La dame dans le taxi est d’origine algérienne, nous avons pu comparer la condition de la femme en Afrique du Nord par rapport à la France, pays où la femme a le droit de voyager seule avec ces enfants sans qu’on ne lui demande un consentement de son mari, pays où la femme peut porter un maillot de bains et aller à la plage, pays où la femme peut porter plainte pour agression sexuelle et avoir un suivi, pays où la femme peut donner son nom de famille à ses enfants si elle le souhaite et surtout pays où la femme peut avoir un enfant seule sans que ce dernier ne soit qualifié d’enfant bâtard  né sous X!


A l’heure où en France continue à se battre pour encore plus de droits de la femme, je ne peux que espérer qu’au Liban, ce pays tellement vanté par ses citoyens et où les droits de la femme sont plus que médiocre, je vais pouvoir un jour donner ma nationalité à mes enfants comme au Maroc, en Algérie ou en France, pouvoir un jour ouvrir seule un compte bancaire à mes enfants et pourquoi pas leur donner mon nom de famille, reconnaître un enfant hors mariage catholique et que j’ai voulu garder seule, bref exister dans l’espoir de laisser un monde meilleure à ma fille et mes 2 nièces !








mardi 8 mai 2018

La soirée des 1000 et 1 lumières




Ce que j’adore le plus c’est quand j’émerge le lendemain d’une soirée ou deux consécutives avec beaucoup d’histoires que j’ai envie d’accoucher sur papier tout de suite.

Ce matin j’émerge d’une soirée d’anniversaire, les 60 ans d’une connaissance, soirée que je peux qualifier de réussie, soirée de toutes les rencontres. Une soirée de fin avril exceptionnelle tant par son exotisme que par son temps frais et pluvieux, le tout surprenant a Marrakech.
Et d’une autre soirée au restaurant marocain très raffiné d’un hôtel royal, soirée classée sous le thème du luxe et de la madame-reçoit. 
C’était 2 soirées complètement différentes mais très semblables. 

Les efforts et moyens déployés pour recevoir étaient assez similaires, la barre était haute. Les invités étaient intéressants, cultivés, blindés financièrement et se sont déplacés à Marrakech pour l’anniversaire de leur ami, pour un peu de dépaysement et de folie. Les invités ont fait la fête jusqu’à tard dans la nuit sans chichi ni grosse tête, ils sont venus exprès pour fêter l’anniversaire et pour s’amuser. Ils ont pris l’avion des 4 coins de la France pour le weekend. 

A la première soirée, nous avons fait beaucoup de rencontres, les invités étaient détendus, relax, chic et très humbles. Nous avons voyagé de Marrakech, au Liban, en corse et aux pays de tous les artistes. Les discussions et les rencontres se multipliaient et surfaient sur les vagues de l’art, de la politique, des voitures coupées en deux, une partie pour l’aller et l’autre pour le retour dans des pays différents, des paysages corses, des courses de voitures, des accidents, du Liban vu par les étrangers et des souvenirs.
Nous avons croisés le chemin d’un compatriote libanais, installé à paris et il s’est avéré que nous nous connaissions déjà que nous nous sommes déjà rencontré quand nous étions encore à paris.
Le monde est petit, notre monde est petit !

A la deuxième soirée, nous avons été reçus dans un luxe et raffinement impressionnants. Nous nous connaissons tous entre invités, nous avions passé la soirée ensemble la veille. Pourtant le diner ne s’est pas passé comme la soirée de la veille. Mon homme-idéal était assis à l’autre bout de la table par rapport à moi. On s’est rendu compte le lendemain que nos expériences étaient très différentes, les ambiances et discussions aussi, pourtant on était au même diner avec quasiment les mêmes personnes que la veille  (à part un couple qu’on ne connaissait pas et madame qui nous reçoit) mais géographiquement mal placés autour de la table.
Pendant que mon mari-idéal parlait de sujets variés et intéressants, il me jetait un coup d’œil discret de temps en temps pour lire les expressions sur mon visage qui disaient tout vu qu’il me connait par cœur. Effectivement, j’écoutais le monologue de « madame-reçoit » sur les marques de luxes, sa vie de luxe à paris, ses connaissances de luxe dans les boutiques selectes de la ville et dans une certaine communauté de luxe en vacances au Liban ou à Marrakech qu’elle côtoie quand elle s’y rend pour ses vacances de luxe. En plus d’être madame de luxe avec 2500 personnes à son service entre personnel, domestique, infirmière et chauffeur pour l’entretenir et s’occuper de ses enfants, « madame-reçoit » est fatiguée et préconise à toute maman de faire un voyage par mois avec une copine pour pouvoir garder la tête sur les épaules et gérer le stress quotidien généré par la vie familiale et les obligations.
Je n’ai pas pu placer un mot dans son monologue de m’as-tu-vu, pour être honnête je n’avais même pas l’envie de participer alors je me suis contentée d’acquiescer en disant « waou », « magnifique », « bien sûr », « effectivement » …

Au final, nous avons eu deux soirées consécutives très semblables avec des invités communs mais très différentes par leurs ambiances et les expériences vécues. Assez bizarrement, un détail non négligeable a pu faire basculer la soirée d’un côté ou de l’autre et a pu faire toute la différence.
L’origine et la nationalité de notre hôte a pu changer l’expérience de réussie à catastrophique, de noble à m’as-tu-vu, de humble à snob et terriblement nombriliste.  

mercredi 11 avril 2018

La charrette à 11 ans




J’émerge tout doucement ce matin après une nuit de charrette avec mon fils sur son projet de science qu’il devait présenter aujourd’hui et sur lequel il n’a pas géré le temps donné par son professeur laissant tout le boulot à la dernière minute. Le travail de 2 semaines de recherches et d’expériences scientifiques pouvait être fait, selon mon fils, en 2 heures après l’école, la veille de sa présentation.
Pourtant, depuis le début de cette année scolaire il a eu plusieurs projets étalés sur 3 semaines et je n’ai pas cessée de lui expliquer la notion de temps et la gestion du travail. Il faut avouer que  cette gestion du temps faisait partie elle aussi du projet et de l’apprentissage à son âge.

L’énorme quantité de travail à fournir ne laissait pas de temps au repos, nous avons commencé la course contre la montre dès que nous avons mis les pieds à la maison après l’école.
Je m’étais préparée en avance à être charrette toute l’après-midi. J’avais déjà connu ce sentiment durant mes études d’architecture ainsi que toutes mes années de travail car les clients sont tous connus pour avoir des dates de rendu irréalisables du genre « c’est pour hier ».

« Etre charrette » est une expression intéressante, longtemps employée par les architectes avant qu’elle ne se popularise. Pour mes lecteurs qui n’ont jamais été « à la bourre » dans leur travail, « être charrette », « être en charrette », « faire charrette » recouvre le super moment où la charge de travail semble ne pas s’alléger, tandis que le délai imparti s’approche de son terme.

Je vais faire une petite parenthèse d’histoire, pour comprendre comment un antique véhicule de transport de fardeaux a fini par évoquer un retard cruel et devenir synonyme de nuits blanches mâtinées de café noir, il faut remonter au XIXe, à la section Architecture de l’école des Beaux-Arts de Paris et jusqu’à nos jours dans toutes les écoles d’architecture dans le monde à quelques détails prés. Lors de l’examen final, les étudiants devaient présenter une maquette, réalisée sous surveillance dans un atelier voisin de l’école et dans un délai assez court. Le matin de la présentation au jury, l’administration faisait envoyer une charrette pour récolter les travaux lourds, fragiles et volumineux, qui devaient arriver achevés. Pour certains étudiants, la seule solution pour terminer leur travail était de monter dans la fameuse charrette et d’y poser les dernières touches à leurs œuvres tout en étant conduits vers le lieu de leur présentation.
Un gain de temps, diraient certains… Cette scène est fameusement racontée par Zola dans L’œuvre.


Donc pour revenir à notre soirée d’hier avec mon fils, nous avons pu partager ensemble un moment de charrette particulièrement important à mes yeux.
Un moment que j’avais uniquement partagé avec mon homme et mes amis architectes jusqu’à aujourd’hui.
Un moment de montée d’adrénaline, de gestion de stress et d’action.

J’ai essayé de lui  apprendre la notion de recherche de la perfection dans les détails, les couleurs et la présentation. J’ai imposé des mouvements chronométrés sans perdre la précision ou le fil conducteur du travail. J’ai demandé des réponses aux questions demandées avec rapidité, lucidité et constance. J’ai demandé de me soumettre les hypothèses de son expérience scientifique, les questions qu’il se pose et sa théorie scientifique basée sur ses observations et expérimentations de plusieurs phénomènes corrélés.

La scientifique que j’ai toujours était s’est jointe à l’architecte que je suis devenue pour reprendre le rôle de leader en mettant la main dans le cambouis, à courir entre l’ordinateur, l’imprimante, les présentations, les fonts, le design et le grand carton allongé par terre, le coup de ciseaux, la colle et les papiers!

Aujourd’hui je suis partagée entre un sentiment de fatigue générale, de satisfaction et de stress.
J’ai retrouvé hier soir le sentiment de  mes nuits de charrette comme en architecture, de l’énorme quantité de travail à fournir en peu de temps et l’obligation d’un rendement intellectuel sous pression. Mais aussi le sentiment de grosse fierté face à mon fils qui a réussi à comprendre, analyser son travail et à bien présenter ce matin au jury qui l’attendait. Le passage devant ses profs était facile, il a fait sa présentation devant des scientifiques qui peuvent comprendre les 3 lois de newton qui fondent la mécanique classique et plus particulièrement la dynamique. Mais le plus dure était la présentation aux enfants du primaire venu assister à la « science fair » et poser des questions parfois pourvues d’aucun sens.

En fin de journée, il m’a annoncé que notre moment de partage était tellement bien la veille qu’il lui a fait oublier le stress de présenter devant un jury. Ce qui pour moi veut dire que notre charrette d’hier ne va surtout pas être notre dernière !

vendredi 30 mars 2018

Les Angles 2018 - Rien que du blanc


Il y a un an je prenais mon dernier café le matin sur le fauteuil à bascule, au bord de la fenêtre avec vue sur les Pyrénées. Dernier café en France avant le retour à Barcelone et puis Marrakech. On venait de passer une semaine de ski en bleu blanc rouge. Une semaine de glisse, de moniteurs pro, d'étoiles, d'école de ski et de pistes de toutes les couleurs. Une semaine de vin chaud, de raclette, de tartiflette et de saucisson. Une semaine de croissants aérés et croustillants qui fondent dans la bouche, de vrai croissant à la Française comme disent les enfants.



Il y a un an  on était venu découvrir la station de ski Les Angles dans les Pyrénées orientales avec un couple d'amis puis on est tombé amoureux de cette station, du petit village et des gens du coin avec leur accent du sud très réconfortant et qui, à moi, me rappelle ma très bonne amie du sud et son accent qui devient encore plus prononcé quand elle s'énerve.

Il y a un an on avait passé une semaine de glisse sous le beau ciel bleu des Pyrénées, on avait eu la chance d'avoir 7 jours ensoleillés sans le moindre nuage à l'horizon. On avait eu beaucoup de chance.
Cette année on est revenu dans la même station retrouver nos bonnes vieilles habitudes de glisse, nos moniteurs avec qui on avait gardé le contact durant toute l’année, nos pistes bien damées et nos plats goûteux dans nos restaurants favoris. Cette année le soleil n'a pas était au rdv pour la totalité du séjour, on a eu 3 jours de chute de neige, de vent fort et de brouillard. Les enfants ont découvert la neige fraiche, ils ont pu faire l’expérience des flocons de neiges sur la langue, le visage et les mains, l’expérience de la volatilité de cette neige encore poudreuse, l’expérience de cette neige qui tombe au ralenti donnant l’image d’un hiver hors du temps, en monochrome. Et il n’en fallait pas moins pour nous rendre complétement euphoriques.




Il m’est impossible de décrire cette magie qui planait sur cet endroit, sur nos vacances en famille et nos esprits mais j’ai fait en sorte d’immortaliser ce moment à jamais dans ma tête. Je n’étais pas encore partie mais j’étais déjà nostalgique.

La semaine est vite terminée, la veille du départ on sentait déjà le malaise, la douleur de la séparation, le deuil d’une semaine inoubliable. Les enfants et moi ne voulions pas retourner à Marrakech, nous voulions prolonger le séjour d’une semaine encore, peut-être d’une autre semaine après et encore une autre après.  

Le retour était difficile, j’ai eu l’impression d’être fraichement réveillée d’un superbe rêve et je n’arrivais pas à redescendre sur terre. Jusqu’à ce jour je continue à parler de cette semaine de ski avec les enfants et je suis plus que prête à retourner dans ce beau domaine et ce beau village.



mercredi 28 mars 2018

De retour, encore une fois…


Apres la transformation de mon Blog en blook je n’ai pas écrit, j’étais tellement contente et fière que j’ai consacré mon temps à la lecture et la relecture de mes textes, à revivre les expériences passées et à replonger dans le monde que j’ai quitté pour venir m’installer à Marrakech.

J’ai beaucoup d’histoires à  partager, je vais reprendre l’écriture car c’est ma libération, mon échappatoire, ma délivrance tel un accouchement. Mais il y a certaines histoire qui ne peuvent pas être publiées pour ne pas heurter la sensibilité du jeune publique ni  porter atteintes à l’intégrité de qui que ce soit…

Je vais continuer à relater des faits, transcrire mes pensées et satisfaire mes fidèles accro au « bergueg » qui scrutent mon blog le lendemain de soirée pour voir ce que j’ai écrit et comment je l’ai écrit. Certains me font remarquer, parfois, je cite « prend note, la tu as de quoi alimenter ton blog ». Récemment, lors d’un diner entre mecs pendant le dernier voyage en Uruguay et quand le plus grand moment d’imagerie mentale est arrivé, l’allusion à mon blog a fait surface, les fidèles lecteurs ont voulu me rallier d’autres lecteurs et j’ai même failli avoir certains qui me prennent des notes.

Donc après toute cette absence je suis de retour et j’espère avoir des articles à la hauteur de tout ce que j’ai déjà publié jusqu’à aujourd’hui.

Stay tuned…..