lundi 11 novembre 2019

Le dernier des Hommes


Il était mon idole masculin, mon image de l’homme parfait, l’incarnation d’une âme mature. Celui qui ne m’a jamais trahit, jamais blessé, jamais engueulé.
Quand je l’ai vu allongé sur son lit d’hôpital dans un état comateux, suspendu entre ciel et terre, j’ai compris que je suis en train de perdre l’homme qui m’était le plus précieux sur terre.

Deux semaines de coma, deux semaines de discussions à sens unique, deux semaines de visites, d’angoisse, de rendez-vous avec le corps médical, de décisions et de souffrance.
Il m’a rendu visite la nuit précédant sa mort m’annonçant que les funérailles seront deux jours après à 17h. C’était la dernière fois que j’entendais sa voix.
Je ne veux pas parler du deuil, ni de la perte, ni de la souffrance. Je ne veux pas parler de ce processus des hauts et des bas, de cette épreuve redoutable.

Quand son cœur a lâché, quand, un matin le temps s’est arrêté, j’ai cru que tout allait s’effondrer autour de moi.
Parce qu’après deux semaines passées à espérer qu’il revienne miraculeusement, il y a eu la constatation du vide, l’absence, le silence et la peine.
Parce qu’au bout de ces deux semaines, j’ai perdu mes repères, mon idole, l’homme idéal qui incarnait tous les principes du mari fidèle, du père aimant et de l’ami exceptionnel.

Malheureusement la vie ne m’a pas donné l’occasion de le connaitre beaucoup. Du moins, pas assez à mon gout. Lorsque j’étais enfant, il vivait loin pour son travail, mais il m’a inculqué la volonté d’apprendre à lire, à écrire, à devenir une bonne personne à travers ma mère et surtout pour ne pas le décevoir. Quand j’ai traversé l’adolescence, mes parents m’ont appris à réfléchir. Mais depuis peu seulement, mon père et moi, nous parlions comme des amis, nous avons pu entretenir de belles conversations ou nous nous interrogions sur des grandes questions existentielles, rions de bon cœur pour un tout et un rien et surtout au lieu de refaire le monde nous avions refait les plans de ma maison et celle de mon frère des millions de fois.

La mort de mon père a bouleverse beaucoup de choses et m’a poussé à me poser des millions de questions.
Jusqu’à preuve du contraire, j’ai perdu avec papa un mélange d’admiration, d’amour et de tendresse. J’ai perdu la seule personne qui pour moi incarnait l’originalité, l’intelligence, l’honnêteté, la fidélité, l’humour, la patience, la bonté et l’instinct paternel.
J’ai perdu la seule personne qui pour moi incarnait les meilleures qualités d’un homme.
J’ai perdu le dernier des Hommes, des vrais !


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