mercredi 2 octobre 2019

Ma constatation du moment

 
Je suis rentrée hier retrouver ma petite famille après un voyage rapide de 4 jours dans mon pays natal. Je suis partie retrouver mes frères et mes proches pour la messe de quarantaine (40jours après la mort) à l’intention de mon père. Une messe, une tradition, des retrouvailles et un rite qui aide à supporter l’absence et à faire vivre le souvenir de mon papa, de cet être aimé. 

Dans nos traditions, on célèbre la “messe de quarantaine” pour clôturer la période de “grand deuil” car chez les chrétiens il est reconnu que l’âme va se purifier et accomplir l’effort de détachement de l’enveloppe corporelle durant les 40 jours prévus pour son ascension vers Dieu. Le nombre symbolise la période de transition de retour sur soi qui précède tout changement profond. Ces 40 jours qui suivent un décès sont considérés comme délai nécessaire à la séparation définitive des 3 composants de l’être: corps, âme et esprit.

Pendant la messe dimanche, famille, amis et proches se sont réunis, les émotions ont explosé et les larmes ont coulé. C’était un grand moment de douleur, de souvenirs, de colère et d’absentéisme aigu.
Pendant la messe, je n’ai pas pu écouter l’ensemble des paroles, j’ai vagabondé, mon esprit a erré dans l’église et parfois au-delà des murs. J’étais dans un état crucial de survie, je voulais disparaître mais aussi je voulais terminer ma souffrance. 
Par contre quelques mots ont retenu mon attention, surtout quand le prêtre a expliqué l’évangile du jour évoquant le pardon :
« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente lui la gauche »
Le prêtre parlait du sens « littéral » de ce passage qui est une invitation à nous poser des questions, de sorte que nous puissions arriver au-delà de notre première impulsion naturelle et avoir ainsi un comportement créatif, créateur de vie, de réconciliation, de paix. C’est ainsi que le prêtre voulait peindre le Christ comme étant génial avec ses paroles provocantes, dérangeantes, ses paraboles et ses gestes significatifs. 

Dans mes moments de doute et de douleur, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au « comment résister au méchant », comment laisser les pedophiles continuer à violer des enfants,  comment laisser les gangsters agresser des banques et des tyrans tuer des innocents sous leur balles? Comment accepter qu’une belle-mère prive les enfants légitimes de leur héritage, une femme voler le mari d’une autre et briser son couple, d’un père envoyer son fils quémander? 
Pour appliquer à la lettre ces paroles faudrait-il donner un enfant de plus au pédophile, la clef du coffre au gangster, des armes aux fous furieux, un accueil chaleureux à l’amante du mari? Faut-il accepter avec joie que Dieu nous prive d’un être aimé, d’un ami ou d’un père?

Dans ce moment pénible de colère et de douleur, ainsi par expérience je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que la plus simple interprétation de ce texte reste pour moi une voix alarmante nous disant qu’après la gifle sur la joue droite, tend bien la joue gauche et attend la deuxième ne tardera pas à arriver!

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