Quand
je conduis à Marrakech je me concentre bien sur la route, j’essaie de ne pas me
laisser trop emporter par mes pensées car la moindre distraction peut parfois être
fatale. Conduire à Marrakech c’est comme conduire dans une casserole d’huile
bien chaude avec des grains de maïs à éclater dedans. J’ai l’impression
que tout le monde contient une substance en ébullition dans son intérieur qui sous
la température et la pression éclate soudainement ! Il n’y a pas d’ordre,
je ne sais pas quel individu va sauter devant moi et d’où il va attaquer par surprise. C’est pour cela que j’ai
toujours l’impression de conduire dans une casserole de popcorn.
Ce
matin, en conduisant je continuais à penser à ce popcorn à chaque fois qu’une
moto me coupe la route ou qu’un piéton saute devant ma voiture. J’ai pensé qu’il
n’y a qu’une seule variété de maïs qui peut faire du popcorn, le maïs à éclater
car ce maïs est plus petit que la normal et à un endosperme beaucoup plus résistant.En
sachant que l’endosperme est un tissu végétal de réserves nutritives spécialisé
dans le transfert des ressources de la mère vers l’embryon et est le facteur
qui rend le maïs apte à éclater et faire du popcorn, que puis-je dire de ce que
nous parents transmettons à nos enfants ?Puis-je
utilise la métaphore du popcorn pour comprendre les réactions humaines? Un
traumatisme important durant l’enfance impacte –t-il l’enfant ou aussi l’adulte
qu’il va devenir ? Nos maladies mentales sont-elles génétiques ?
Ca me
ramène à une discussion que j’ai eu hier lors d’un café avec une amie à propos
de la série You diffusée sur Netflix et que je regarde depuis peu. La première
saison m’a beaucoup bouleversée me laissant partagée entre avoir de la fascination
ou du mépris pour le caractère principal. Je voulais arrêter de regarder cette série
pour son effet troublant mais mon amie m’a conseillée de continuer car je vais mieux
comprendre le personnage en découvrant l’origine de ses traumatismes. La série
parle d’un gérant d’une modeste librairie à New York qui a eu un coup de foudre
avec une cliente et qui décide de la retrouver sur internet. Le gérant, Joe, dangereusement
charmant, devient vite obsédé par sa cliente, il l’observe et cherche à connaitre
chaque détail de sa vie sur les réseaux sociaux, notamment ses habitudes ou ses
amis. Persuadé qu’ils sont faits l’un pour l’autre, il va tenter de renverser
tous les obstacles qui pourraient se dresser en travers de son chemin et élaborer
un stratagème machiavélique pour la séduire.La série nous offre un panel de psychologies
humaines variées. Les névroses de chaque personnage sont mises en
exergue : jalousie, obsession, sabotage, contrôle, envie, etc. Tous ces
éléments nous amènent à remettre en cause même les personnages qu’on prenait
comme référents de la normalité. À travers ces portraits, la série pose
la question des travers de chacun, des comportements sociaux malsains qu’on
peut tous avoir.
Mais si l’histoire de Joe est un concept déjà vu dans d’autres séries, il fait partie de ces serial killers qui vont justifier, sous prétexte d’une morale, d’êtres des tueurs. Sa dimension supplémentaire est son romantisme teinté de paranoïa. Le paranoïaque, souvent, explique son emprise sur une personne par le fait qu'il cherche à la protéger. C’est ce qui dérangeant dans ce personnage, il est dans cette problématique d’une justification qui est celle de l’amour. C’est un paranoïaque sensible qui est davantage dans la passion et qui veut nous faire croire que la passion viendrait excuser l’atrocité.
Le problème
remonte à son enfance et savoir plus sur son passe nous aide à comprendre le
pourquoi de ses actions : sa mère, battue par son père, n’arrivait pas à
le sortir de ce foyer violant.Joe a
en réalité tué son père à l’âge de neuf ans pour défendre sa mère après des
énièmes coups. Le profil de Joe est donc plus facile à dresser
psychologiquement parlant : on peut dire qu’il est probablement un sociopathe
qui cherche toujours des femmes à protéger comme il a voulu protéger sa mère de
son père.Puis
vient son mentor qui l’enfermait dans une cage pour lui inculquer brutalement
ses valeurs, l’amour-haine, punition-récompense, etc.
Mais si l’histoire de Joe est un concept déjà vu dans d’autres séries, il fait partie de ces serial killers qui vont justifier, sous prétexte d’une morale, d’êtres des tueurs. Sa dimension supplémentaire est son romantisme teinté de paranoïa. Le paranoïaque, souvent, explique son emprise sur une personne par le fait qu'il cherche à la protéger. C’est ce qui dérangeant dans ce personnage, il est dans cette problématique d’une justification qui est celle de l’amour. C’est un paranoïaque sensible qui est davantage dans la passion et qui veut nous faire croire que la passion viendrait excuser l’atrocité.
Alors pour finir, je me demande si l’amour fait chauffer notre équivalent humain de l’endosperme nous permettant d’éclater dans notre relation? Si malgré le fait que Joe est un sociopathe, ses motivations, ses peurs, ses espoirs, ses doutes ne semblent pas si déférents des nôtres ? Si les traumatismes de l’enfance sont la source de chaleur qui trace notre chemin sur la voie de notre développement humain ? Et si nos expériences, nos émotions, nos actions façonnent l’expression de nos gênes en permanence ?
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