A la naissance
de ma nièce, il y a maintenant quelques mois, j’ai reçu un appel de la part de
mon frère pour m’annoncer la bonne nouvelle tant attendue et me rassurer que
maman et bébé se porte très bien. Mon bébé frère, comme on l’appelle dans
la famille car c’est le benjamin de la fratrie, m’annonce en même temps que je
serais la marraine de sa fille cet été.
Mon autre
frère avant lui m’avait aussi choisi pour être la marraine de sa fille il y a
quelques années maintenant. C’est comme une tradition maintenant, je suis celle
qui est responsable des filles dans notre petite famille.
Depuis toute
jeune mes frères m’ont toujours surnommé la rebelle, j’étais une jeune fille
qui suit sa voie, trace son sillon, garde les yeux fixés sur l’horizon, ne fait
qu’à sa tête et prend les choses très à cœur.
Donc pour moi
ce n’est pas un hasard ni une coïncidence et ce n’est pas seulement parce que
je défends les droits de la femme dans notre famille, ni parce que je m’agace
sur le simple fait d’évoquer une inégalité de sexe quand on discute ensemble,
ni parce que je m’énerve quand on parle d’inégalité d’héritage entre mes nièces
et mes neveux sous prétexte que mes nièces auront plus tard un mari qui
subviendra à leurs besoins.
Pour moi,
c’est un beau message de la part de mes frères, un message qui par-dessus
toutes les traditions ajoute un petit grain de folie, de fantaisie et un
tourbillon de sentiments. Un message qui les rassure et les conforte tant dans
le lien mystique bien plus puissant que certaines attaches consanguines que
dans l’engagement moral qui en suivra.
Ces
convictions qui me tiennent à cœur j’essaie de les transmettre à ma fille
tous les jours, je veux surtout et avant tout qu’elle apprenne à s’aimer.
C’est important.
Je ne lui
demande pas d’être égocentrique, ni narcissique ni prétentieuse, je veux juste
qu’elle n’ait aucun problème avec son image ni avec sa confiance en elle.
Je veux
qu’elle accepte la personne qu’elle est, apprenne à vivre avec ses qualités et
ses défauts et être tolérante avec elle-même.
Je veux
qu’elle se respecte et qu’elle accepte de faire ce qui est juste pour elle et
pas forcément pour le monde autour.
Je veux
qu’elle apprenne à faire confiance à sa voix intérieure et à son cœur !
Je veux qu’elle
vive en harmonie avec son corps, elle n’a pas besoin du regard approbatif des
autres.
Je veux
qu’elle se libère, qu’elle se soulage du regard des autres et du poids de leur
jugement.
Je veux
qu’elle soit la seule juge de ses comportements et de ses choix, que personne
ne pourra lui dire comment elle doit s’habiller ni comment elle doit traiter
son corps. Son corps lui appartient.
Je ne suis pas
en train de demander à ma fille de s’exhiber en publique, ni de marcher nue
dans la rue. Je ne suis pas en train de dire qu’elle ne doit pas respecter le
dress code de l’école ou du boulot plus tard ou une loi quelconque si elle
existe mais je veux qu’elle se rebelle un peu.
Mais je ne permets en aucun
cas à une prof à l’école qui n’est pas la maîtresse principale de ma
fille, ni la responsable de son show de Zumba ou de pompom
girl de venir lui dire comment elle doit s’habiller. Je ne permets
pas non plus à qui que ce soit d’autre que moi ou de son père de lui inculquer
la notion de pudeur.
A l’école américaine de mes enfants, mettre une brassière de
sport pour des filles de 7 ans afin de faire un show de pompom girls choque les
profs et surtout les américaines ou même un t-shirt noué au niveau du ventre et
montre le nombril d’une fille fait scandale auprès des américaines puritaines
et conservatrices. Ce qui est contradictoire c’est que les marocaines plus
ouverte, tolérantes et respectueuses n’ont même pas jugé la tenue inadéquate ou
portant atteinte à leur croyance.
Ça me fait penser à cette citation récente
du créateur Tom Ford(ex-Gucci) qui fait mal et qui veut tout dire :
« Quand
on shootait une campagne publicitaire, on en faisait une pour le monde, et une
autre pour le Moyen-Orient parce que leurs règles interdisent qu'un homme
touche une femme, et que tout le monde doit être habillé. Aujourd'hui
nous shootons trois versions : une pour le monde, une conservatrice, une
pour le Moyen-Orient. La version conservatrice est pour les Etats-Unis. »
Alors je veux dire à ces profs qu’on a à l’école américaine en
particuliers que le regard pervers que nous, adulte, posons sur nos enfants est
en train d’étouffer leur innocence et fabriquer des pervers obsédés.
L’innocence de nos enfants est leur regard sur la vie, leur capacité
d’émerveillement, leur confiance dans l’humanité et leur espoir placé dans la
bonté et la continuité à ressentir l’optimisme de l’enfance alors il est
interdit d’y toucher c’est ce qu’il y a de plus précieux!
Alors s’ils ont du mal avec la liberté d’expression à tous
les niveaux, intellectuel, social, corporel et religieux je leur demande de se
contenter d’apprendre patiemment que « m » et « a » se prononce « ma », de leur
faire réciter des poésies et des tables de multiplications, de leur
apprendre le respect, qu’on ne frappe pas leurs petits camarades pour bien
vivre en communauté, le reste est notre devoir de parents !