On est encore en janvier, au début
de l’année 2014, les vacances d’été sont encore loin, mais pas pour les
libanais a l’étranger.
Car pour tous les libanais comme
moi vivant à l’étranger, l’été s’approche à petits pas. On est déjà plongé dans
le rêve des retrouvailles avec les amis, des vacances en famille. On se
demande, déjà, et comme tous les ans à la même période si on emmène ou on n’emmène
pas les enfants cet été à cause de la situation politico-économique.
Hier après-midi, je discutais
avec ma meilleure amie et pour une fois, celle qui me traitais de lâche ou
peureuse m’a dit d’une voix pessimiste : « à mon frère je
dirais, ne vient pas au Liban cet été ». En l’écoutant, mon cœur se
resserre et je flippe encore plus. C’est elle qui m’a toujours encouragé, réconforté,
remonté le moral me poussant à faire des activités, à se retrouver, à me sortir
de ma quarantaine.
Le soir venu, je me mets devant
the Voice comme prévu et à ma grande surprise je découvre une chanteuse
libanaise qui vient représenter ses origines, une jeune fille talentueuse,
charmante et apparemment connue dans mon beau pays. Elle s’est fait connaitre
pendant mes années d’expatriation. Elle a enflammé la scène de The Voice en
chantant "Khedni Maak" de sa mère elle-même star Salwa Al Katrib. J’ai
eu les larmes aux yeux et une grosse fierté, même si les mauvaises langues se
sont ruées sur les réseaux sociaux, pour moi elle a, quand même, réussi à
chanter en libanais en prime time sur TF1.
Pour un moment, j’ai chassé les
pensées nostalgiques, la mélancolie d’une libanaise qui voit son pays se perdre
et s'anéantir pour voir un Liban heureux avec souvenirs à l’heure d’un café,
un rendez-vous amoureux ou une soirée entre copains.
Aujourd’hui, j’ai déjeuné avec
une femme française très raffinée qui avait l’âge de mes parents et qui m’a parlé
pendant 1 heure de sa visite au Liban il y a cinquante ans, du souvenir qu’elle
a gardé de cette visite, du beau pays qu’était le Liban, des belles femmes, de
la gentillesse des libanais…. Elle a parlé de mon pays avec des yeux qui
brillait comme si c’était un de ses meilleurs souvenirs d’enfance. Puis elle
marque une petite pause, comme pour avaler sa salive et me préparer à écouter
la suite, avec un pincement au cœur elle me dit je refuse d’y retourner. Elle
ne veut pas changer l’image qu’elle a de ce pays surtout après toutes les atrocités
qu’elle a entendu.
Mes discussions tournent autour
de ce pays, de notre prochaine visite, de ces libanais qui nous envoient une
image joyeuse d’un pays en déchirement, en pleine transformation en paysage d’enfer !
Menant une vie aisée à
l'étranger, le Liban ne me quitte jamais : Les sentiments d'abandon et de
culpabilité côtoient la nostalgie du pays et les sensations de solitude et
d'incompréhension dans un environnement qui ne sait pas ce que signifie
vraiment une guerre.
Devant mon ordinateur, ma télé,
mes réseaux sociaux, je me demande si j’irais ou je n’irais pas au
Liban l’été prochain !