Régulièrement, et depuis que j’ai quitté le Liban
et que j’ai obtenu la double nationalité franco-libanaise, les gens me
demandent si je me sentais « plus libanaise » ou « plus française »,
question à laquelle j’ai souvent répondu « moitié/moitié » par soucis
d’équilibre et d’équité.
Aujourd’hui en survolant la méditerranée, je me
suis retrouvée à mi-chemin entre mon pays d’origine et mon pays adoptif, partagée
entre 2 pays qui ont forgé mon identité, 2 pays qui ont fait de moi ce que je
suis aujourd’hui. Mon « moi-même » je l’ai construit, transforme tout
au long de mon existence. Quand j’ai commencé à avoir un rôle principal dans
cette transformation, je partageais ma vie a la lisière de mes 2 pays, de 2
langues, 2 cultures et c’est dans ce partage que je trouve mon équilibre, ma
notion de moitié.
Ce qui me ramène à un matin dans le métro il y a
plus d’un an quand je me suis pressée, comme tous les matin, pour me trouver
une place assise afin de pouvoir lire mon cosmo tranquille car, je l’admet, il
n’est pas évident de le lire debout, serrée comme une sardine et tourner la
page tout en tenant la barre du milieu !
Donc avant de rentrer dans le wagon je repère
avec l’œil d’une experte deux places libres, je fonce pour prendre la première quand
une experte en la matière saute la prendre avant, je fonce et saisi la 2eme
place encore libre quand je me retrouve à côté d’une énorme personne en taille
et en volume. Il ne me restait plus que la moitié de la moitié de la place. Je
n’étais pas à l’aise car il n’y avait pas d’équité, pas d’équilibre.
C’est comme dans un couple ou les deux moitiés égales
forment une entité à part entière et ne
sont complètes, à mon avis, que unies. Il suffit que l’un d’eux parte pour que
le couple se déstabilise.
Je reviens à mon identité, je la compare à un
verre rempli à moitié par une religion, une culture, une langue voire deux, un
village, des amis, des études jusqu’au jour où j’ai choisi d’immigrer en France
et remplir ce même verre avec une autre culture, une autre nationalité, un
autre mode de vie, une activité professionnelle….
Aujourd’hui au Maroc, je vis un blocage complet,
un blocage contre un dialecte, un pays, une culture, … ce blocage serait-il le résultat
d’une identité forgée, d’un verre bien rempli ?
Si je dois m’adapter cela signifierait-il que je
dois vider une petite partie du verre, abandonner une partie de mes 2 cultures préférées ?
Je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi
mon évolution-adaptation-intégration-t-elle été si positive en occident et si décevante
dans le monde arabe ? Serait-il car l’occident est pour moi le symbole de
l’aventure, de la liberté, de la spiritualité et du pouvoir et que c’est
la définition que je veux donner à mes deux moitiés devenues mon identité ?
Ou serait-ce parce que je clame la modernité que je me retrouve déphasée ?