Chaque matin
j’aime démarrer ma journée par un bon café et une bonne lecture, seule au lit
pendant que tout le monde dort. Puis ce matin, je tombe sur un article sommaire
sur la vie avec des architectes et je commence à rigoler toute seule, je me
retrouve. Si vivre avec un architecte peut s’avérer pénible, je me demandais
comment mes 2 enfants vivent avec une mère ET un père architecte.
Quelle
influence a-t-on sur eux, que fait-on de différents ?
En allant
réveiller mon petit pour l’école, sa collection de Lego architecture, bien alignée
sur sa table de chevet et à laquelle personne n’a le droit de toucher, me saute
aux yeux. Il a une belle collection de monuments allant du Burj Khalifa à Dubaï
à la Willis Tower à Chicago en passant par la tour Eiffel à Paris, pour ne
citer que quelques un, un tour du monde de miniatures de grandes architectures.
En juin 2011,
j’ai assisté au lancement de la gamme architecture de Lego au Bon marché à
Paris et je me souviens des maquettes inédites qui étaient exposées, de véritables
reproductions à grande échelle de certains modèles de la gamme : l’Empire
state building ou le Guggenheim Museum mais ma préférée était et restera la
Falling water, je me souviens que je suis restée un long moment en admiration
devant cette maquette rêvant du jour où je construirais ces lego avec mes
enfants.
Il est arrivé
à mon fils de passer plus ou moins des nuits blanches pour construire ses
maquettes, tout comme un grand professionnel ou un architecte en herbe.
Il est vrai
que les premiers jouets qu’il a reçu et a transmis à sa petite sœur furent les
jeux de construction en bois, car maman-papa étant architectes ils rêvent de
construire, compiler, aligner et superposer des cubes, des cylindres, des
briques et des triangles pour faire des tours ou des créations rigolotes avec
une imagination sans limite.
Le jeu de
Kapla est un grand classique à la maison
ou en cadeau à offrir aux amis. Un jeu imposé par des parents architectes
car le but étant de favoriser l’apprentissage de la géométrie, de la physique
et de la technologie tout en initiant l’enfant au monde de l’art, la création,
l’univers des formes et des volumes.
Mais pour
construire les maquettes, mon fils travail sur un bureau personnalisé, à
hauteur réglable, créé par sa maman qui grandit avec lui, tandis que ma petite
fille a un bureau en demi-cercle et un siège à 3 pieds accompagné par la
théorie de l’équilibre que je lui explique au quotidien pour ne pas perdre
pieds tout ça vient du faible qu’ont les architectes pour le mobilier design
(parfois dangereux pour les petits) et du souhait d’en posséder quelques un, la
chaise longue à réglages régulier du Corbusier, la chaise Barcelona de Mies Van
der Rohe ou la lounge chair des Eames.
Ça ne se
limite pas au mobilier, les tissus et les couleurs jouent un rôle important. Le
choix des vêtements le matin et la coordination des couleurs est un
apprentissage pour nous, l’occasion de parler du cercle chromatique, qui présente
en général les couleurs sous forme discontinue, des arcs de cercles égaux étant
consacrés à chacune des nuances que nous avons
appris en première année d’archi et des couleurs primaires couleurs qui ne
peuvent pas être reproduites par un mélange d’autres couleurs. Alors les enfants
ne peuvent que demander s’il est bon de mixer du rouge vermillon avec du bleu
cyan, du magenta ou du taupe afin de ne pas être traité de « sapin de noël
déambulant » quand ils croisent maman le matin !
L’amour de la précision
et de la perfection se transmet aussi mais parfois c’est génétique. Aimer aligner
les objets sur la table de chevet, placer la chaise dans un sens pas dans un
autre, caler son assiette dans l’axe de son corps ou même trier les livres par
ordre, passer des heures pour ranger sont aussi nos qualités et nos défauts.
Il m’arrive,
parfois, d’entendre des commentaires du genre « ton fils plie son linge
sale avant de le mettre dans le panier à linge » ou « elle met beaucoup
de temps pour faire ses dessins en classe car elle cherche la perfection dans l’exécution »
en accentuant le ton « défaut ».
L’autre jour,
nous avons reçu une amie de mon fils pour un déjeuner et un après-midi avec
nous, nous avons fait beaucoup d’activités ensemble et nous avons terminé par
un jeu de société qui s’appelle « Tic, Tac, Boom ». C’est un jeu de rapidité
qui consiste à associer des mots à un thème proposé avant que la bombe explose. Quand le thème « sur un chantier » est arrivé,
mon fils a sorti son vocabulaire de chantier : la grue, la peinture, un
pilote, une tractopelle, un lexique bien fourni qui fait référence à une
certaine expérience dans le domaine. Mais le mot le plus intéressant de la
liste fut « Ma maman ! »
Si je fais la
liste de ce que nous deux architectes transmettons indirectement à nos enfants je
ne sors pas avec que des qualités, loin de là. Certaines qualités sont un
fardeau dans la vie de tous les jours surtout avec des amis qui ne partagent
pas les mêmes notions au point de devenir des défauts pour l’entourage ou même
un manque de laisser aller à force de chercher la perfection.
Mais, en résumé
et en tant qu’architecte, j’ose espérer qu’un jour mes enfants auront une
culture architecturale par leur parent, une culture humaniste ou l’homme est au
centre de la pensée !