Je me souviens
de cet extrait d’un film français où une chef dans un restaurant étoilé parlait
de la cuisine française avec un chef fraichement débarqué d’Inde. Elle lui
apprenait les bases de la cuisine française à commencer par les 5 sauces :
la béchamel, le velouté, la hollandaise, la tomate et l’espagnole.
Il lui demande :
« tu trouves ça dans les livres ? » et elle lui répond : «
Oui, mais elles servent à rien dans les livres, tu dois les mettre dans ton cœur
puis dans ta casserole »
J’adore cette réplique,
elle résume tout le processus d’apprentissage, appliquer ce qu’on apprend tout
en y mettant son cœur comme dirait Pestalozzi « apprendre avec la tête,
avec le cœur et avec les mains ».
Depuis peu, la
petite miss, en moyenne section à l’école américaine du coin, a commencé son unité
d’apprentissage sur les animaux. On en parle tous les jours, on prévoit tous
les jours après l’école des moments ludiques autour de ses films préférés et
des promenades pédagogiques aux écuries du domaine où on habite pour voir et
toucher les chevaux et surtout pour en discuter.
Les animaux
font partie de notre quotidien, les chiens des voisins, les chats dans notre
jardin, la sourie sur le t-shirt du grand frère, les chèvres qui nous donnent
du lait pour le petit déjeuner, les poules et les œufs beldi…. Tout est bon
pour apprendre et mettre en pratique une gymnastique d’éducation entre travaux théoriques
et pratiques. Il faut dire que le sujet est facile aussi.
Ce matin nous
avons fait un « art Project » comme on l’appelle dans notre jargon
familial, avec les moyens du bord ainsi que beaucoup d’imagination et nous
avons créé des animaux avec de la colle, des cuillères en plastiques et du
papier. Nous avons discuté de la forme du coq, la couleur des abeilles, la tête
d’un lion, c’était ludique et un super moment mère-fille pour lui faire oublier
le « field-trip » de l’école hier !
Depuis 4 jours je suis clouée au lit par un virus de grippe et je suis assommée par des doses de corticoïdes afin de pouvoir reprendre mes fonctions au plus vite possible car notre frigo est vide et les enfants sont, sans le vouloir, laissés à l’abandon.
J’étais KO
hier après-midi, shootée par les médicaments, suspendue entre rêve et réalité
quand la petite miss est rentrée de l’école toute excitée car elle avait une
sortie scolaire à la ferme et voulait tout me raconter. Elle devait visiter une
ferme avec sa classe et voir des animaux pour comprendre et mettre en pratique
ce qu’elle apprend à l’école.
Elle arrive
avec une boite métallique au nom de 2 filles et remplie de chocolat et de
bonbons puis me raconte que la musique était trop forte et qu’elle a pleuré un
peu. Bon moi je suis shootée mais j’arrive encore à faire une différence entre
ce qu’elle me racontait et la ferme, une exploitation agricole et d’élevage d’animaux
que j’avais en tête. Une ferme qui transforme et commercialise des produits
fermiers tels que le fromage, les produits laitiers, les œufs, les fruits, les légumes
mais pas les bonbons et chocolats kinder et autre que ma petite miss avait en
main.
Et puis la
musique ???? Quelle musique dans une ferme ??? Ce n’est pas Disney
world qu’elle devait visiter mais une ferme…. Elle doit me parler de bruitages
d’animaux de la ferme, tous les cris et sons caractéristiques des vaches,
cochons, moutons, du cheval, des ambiances de bassecour, d'écurie, d'étable et
de bergerie...
Mais la petite
miss insiste devant ma surprise et me parle de piscine, de mickey, de buffet,
de gâteau et danse…..
J’ai vite
compris, que ce que l’école nous avait vendu en « field-trip » éducatif
pour visiter une ferme et voir les animaux n’était qu’une sortie organisée par
une famille locale pour faire un anniversaire géant à leur fille avec des
enfants de l’école en tant que extra figurines car ils doivent se douter que s’ils
invitaient pour un anniversaire ils risquaient de ne pas avoir grand monde. Ils
avaient mis tous les moyens dont ils disposaient avec des animations, de la
musique, des châteaux gonflables, un énorme buffet le long de la piscine non protégée
et des invités de la famille qui ne sont même pas à l’école.
Depuis hier,
je suis indignée face à une école qui me vend un rêve et une théorie à 10000euros
l’année, une éducation qui me coute un bras, une sécurité de nos enfants quasi
nulle puisqu’ils partent en bus à une ferme sans avoir envoyé un éclaireur en
avance vérifier le programme, le lieu ni même le site dans un pays classe
alerte rouge par les hauts dirigeants.
Je ne peux que
me demander si la culture se transmet d’une génération à la suivante à la façon
d’un héritage, j’ai mal choisi ma destination !