De retour devant mon ordinateur,
mes croquis et mes projets, je m’adonne à ma plus grande passion qui est la
conception, l’architecture. L’idée de pouvoir concevoir des bâtiments dans les
moindres détails me fascine.
Enfant, pour passer du temps avec
mon père ingénieur, je me souviens que j’allais le voir étudier des plans étalés
sur la table de la salle à manger. Je pense que ces moments passés auprès de
lui, à le regarder travailler, m’ont donné envie de faire ce métier.
Il y a aussi le mari de ma cousine,
son copain à l’époque, qui est ingénieur mécanique. Je passais beaucoup de
temps avec lui car je passais beaucoup de temps avec ma cousine. Je le voyais préparer
ses cours, dessiner des plans et il me faisait même travailler pour lui afin d’aller
vite, j’avais 11 ans à l’époque. C’était un plaisir de dessiner des câbles pour
relier les plafonniers sur les plans d’électricité.
Les plans de mon enfance
sont à jamais gravés dans mon cerveau.
Ce que cet apprentissage m’a apporté
de plus précieux, c’est la notion de qualité, le sens de l’organisation, l’attention
portée aux détails et la connaissance des moyens à mettre en œuvre pour
produire de la qualité.
Toute construction ou édification
de bâtiments, des plus petits au plus grands, est précédée par une lente et
laborieuse élaboration. Une étape d’imagination, de rêves et délires traduite
par des plans, coupes et façades tracés sur des planches à dessins ou ordinateurs
et pas perceptible à l’œil humain. Comme nous disait notre prof, seul les
oiseaux ou Dieu pourront voir le plan masse, seul un observateur situé à l’infini
peut voir l’élévation ! En ce qui concerne la coupe, personne ne peut la
voir en dehors des acteurs surréalistes des films hollywoodiens, ou les témoins
d’une guerre ou une bombe a coupé le bâtiment en deux.
Quand il s’agit de concevoir, de
former des systèmes cohérents, de donner un sens, l’architecte écrit l’espace
habitable, se raconte une histoire et s’imagine des scénarios. a la fin, il faut ajouter
arbres, voitures et personnages sur les dessins, ajouter une vie sensible, émotionnelle
qui animera cette construction mentale. C’est le moment du rendu final.
J’avais oublié ce plaisir, le
plaisir d’imaginer des vies entre les murs que nous venons de dessiner. Ajouter
une femme sur le balcon, un homme dans la chambre, une voiture dans le parking,
des enfants dans le jardin, un chien à l’entrée….
J’avais oublié le temps passé à
raconter des histoires, à imaginer les utilisateurs prendre connaissance des
lieux, les amoureux se cacher dans une grotte dans un parc public, les
histoires d’amour qui naissent entre personnes âgées dans une maison de
retraite, la femme qui cache son amant dans une armoire avec sortie sur le
balcon dans un immeuble de logements.
Un ami chez Bouygues immobilier,
encore client à l’époque, nous avait raconté l’histoire de cet architecte qui
avait mis des personnes nues sur ses coupes et façades ce qui avait déclenché
un rire hilarant.
J’avais oublié que l’architecture
n’est rien sans ambition, sans passion, sans plaisir, le plaisir de concevoir
qui n’est autre que le plaisir de créer du plaisir !