mercredi 30 mars 2011

A chacun son Petrovsky

En pleine livraison de chantier, les tâches restantes à faire deviennent interminables, les journées plus longues et les esprits s'échauffent!

J'ai passé les deux derniers mois à finaliser mon projet, à travailler comme une malade pour l'examen final qui est la commission de sécurité où pompiers et agents responsables de l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite des bâtiments, nommés par la commune viennent vérifier, inspecter et tester, coin par coin, le respect et l'application de toutes les normes relatives à la sécurité incendie et l'accessibilité d'un ERP.

Un examen redoutable auquel architectes, maitre d'ouvrage et entreprises se préparent dès les premières phases du projet. Cet examen était suivi par l’ouverture au public du bâtiment, alors entre peintres, menuisiers, électriciens et plombiers qui courent dans tous les sens, l’équipe de la maitrise d’ouvrage se faisait livrer le mobilier. A notre grande surprise, autre que les lits, chaises et tableaux, nous avons vu arriver un billard et un grand piano !

Un matin, j’arrive sur le chantier, je vais à la recherche de mon rdv et pour la première fois j’entends un son que je n’avais pas l’habitude d’entendre dans ce type d’endroit, un bruit de fond qui se détache de celui de la perceuse, du marteau piqueur et de la scie qui me berce depuis des années !!!! J’entre dans le salon où nous avions stocké temporairement le piano, pour tomber sur l’équipe de la maitrise d’ouvrage en pleine performance artistique. Il faut dire que nous avons un vrai pianiste, la musique qu’il jouait détendait l’atmosphère et les équipes au moment où nous avions le plus besoin.

Pour bien couper avec le stress de la journée, dès que j’avais un moment pour moi, même assez tard la nuit, je me mettais devant ma série préférée « sex and the city » pour voyager loin, très loin, dans le monde des 4 copines trentenaires et célibataires afin de les écouter parler crument de leur vie sexuelle et de leur quête de l’amour idéal.
J’arrive à la fin de la série, là où Carrie Bradshaw rencontre l’artiste peintre Aleksander Petrovsky et commence une relation amoureuse et sérieuse avec lui. Petrovsky, un russe d’une cinquantaine d’année, incarne l’image de l’homme mature, sage, macho, romantique, attentionné et généreux. Un homme qui transforme le fantasme en réalité et qui pour plaire joue du piano à sa dulcinée. De nos jours, l’idée de jouer du piano pour charmer ou séduire nous semble révolue, peut-être nous fait-elle rêver ?

Moi aussi j’avais mon Petrovsky sur mon chantier, le jour où je l’ai surpris en train de jouer du piano, il s’est directement arrêté pour se détendre les muscles comme il jouait debout par faute d'équipements, pour changer de chanson et surtout pour me jouer un air de piano en me regardant droit dans les yeux et pour me faire passer un message qui m’a bouleversé et m'a entrainé dans mon idée du romantisme et de l'amour idéal quand j'ai soudainement réalisé que je ne vivais pas mon rêve, il manquait le banc sur lequel je suis censée venir m'assoir pour admirer le charme et la performance de mon héro, pour me blotir contre lui et écouter sa musique, j'ai surtout réalisé qu’il manquait l'essentiel, il manquait le lien que je rêvais avoir avec mon Petrovsky!!!

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