A chaque fois
que je rentre de Paris, les gens me demandent: c’était comment? Tu as profité
des soldes? C’est bien de partir un peu?
C’est vrai que
je profite pour faire quelques emplettes, pour regarder ce qu’il y a de nouveau
dans les boutiques de la capitale de la mode et pour me déconnecter de mes
obligations de la vie de tous les jours.
Il n’y a plus
de réveil à 06h du matin ni d’alarme pour récupérer les enfants de l'école, il
n’y a plus de course pour finir de préparer le repas avant l’heure du déjeuner
ni de course pour dessiner un dernier détail sur les plans avant de commencer
les devoirs, la douche et le dîner.
Ce que la majorité
ignore c’est que mon plus grand plaisir lors de mon passage à Paris, est de
retrouver mes amis, des amis avec qui j’ai passé beaucoup de temps quand
j’habitais le coin et que j’ai vu ponctuellement depuis mon départ à
Marrakech. Tous les ans c’est le même scénario, je retrouve mes amis dans mon
café fétiche, lors d’une exposition ou autour d’un petit-déjeuner et on se met
à refaire le monde, le monde de l’art, du bâtiment, de la science ou même celui
du business management!
Nous discutons
des derniers objets d’art de l’Unité patrimoniale des collections des
Amériques au musée du quai Branly, de la différence de vie entre Marrakech et
Paris, des enfants, nous discutons de l’évolution du bâtiment, des
réglementations et des grands groupes immobiliers, des personnes avec qui nous
avons travaillé, de leurs projets ou leurs déboires, nous discutons de la
fusion des grands groupes genre carrefour Fnac ou Darty et du marché économique
français ou même mondial.
Il nous arrive
aussi de discuter de la situation au proche orient, du conflit
israélo-palestinien sans trop s’attarder sur le côté politique mais sur le côté
humain, de la différence de management et de l’invasion des marchés occidentaux
par des produits de la région.
Il suffit à un pays voisin du nord ou du sud d’inclure
dans les menus de restaurants à l’étranger le taboulé, le humus,
les feuilles de vignes farcies ou d’autres plats libanais pour que
ces plats soient associés indirectement dans la tête des adeptes de ces restaurants
à l’art culinaire de ce pays. La question tourne autour de la nonchalance de
notre office de tourisme libanais ou intelligence des peuples voisins? Pourquoi
nous libanais connus pour être un peuple intelligent ne mettons-nous pas cette
qualité en faveur de notre pays?
Entre la crise
économique de mon pays natal, la critique sociale artistique incarnée par
Basquiat ou les progrès environnementaux restant à faire dans le bâtiment, le mélange
de mots devient vif et viscéral créant des moments forts de partage et de rêves
en perspectives.
Ce sont des
rencontres inspirantes qui façonnent mon chemin, la personne que je suis et
que je ramène avec moi à Marrakech.