A l’époque où
j’ai passé mon permis de conduire je ne savais pas que c’était un test que
j’allais continuellement passer chaque jour de ma vie et ce jusqu’au restant de
mes jours.
Je me rappelle
quand j’étais plus jeune, j’avais une peur insurmontable en voiture au point de
rendre ma mère folle. Du coup quand j’ai eu 14 ans elle a décidé de commencer à
me donner des cours de conduite elle-même pour essayer de dompter cette peur
avant de devoir passer le permis. J’ai eu des cours avec elle tous les jours,
sur des routes proches de notre village, des routes qui passent par plusieurs
zones montagneuses avec des chaussées étroites, des courbes, des contre-courbes,
des montées et des pentes au tracé sinueux.
Ma mère était une
pro du volant, elle avait une concentration irréprochable, une position de
conduite professionnelle et connaissait les règles de sécurité par cœur notamment
celle des 2 secondes. Même si elle avait du mal à respecter les limitations de
vitesses, les autres usagers de la route et la courtoisie au volant, elle
connaissait parfaitement son véhicule, son fonctionnement et ses limites.
Vu que mon père
était souvent absent pour son travail, c’était ma mère qui nous conduisait à l’école,
en vacances, chez la famille un jour de pluie, chez les amis un jour de soleil
et parfois aux abris sous les bombardements. Elle ne laissait passer aucune
occasion pour nous rappeler, à mes frères et moi, qu’elle avait fait une
cascade avec une petite fiat rouge lors d’un rallye quand elle était jeune, qu’elle
a roulé sur 2 pneus et que surtout la conduite, pour elle, est un vrai plaisir,
le plaisir de faire crisser les pneus, démarrer en trombe et faire des dérapages
au frein à main.
Je ne peux pas
nier que je n’aurais jamais rêvé avoir un meilleur moniteur pour apprendre à conduire
et passer mon permis dès la première fois (petit clin d’œil à ma meilleure
lectrice/éditrice qui se reconnaitra en lisant cette phrase)
Depuis l’obtention
de mon permis et les cours de conduite avec ma mère, je n’ai jamais cessé d’apprendre
et de m’améliorer, que ce soit avec les copains d’archi passionnés de formule 1
qui passait des enregistrements de voitures rapides en boucle lors de nos charrette,
ou avec les copains motards qui sillonnent les routes périlleuses de la France,
la route 40 de l’Argentine et les gorges du Dades au Maroc ou avec mon mari-idéal
adepte des émissions auto-moto, turbo et de la chaine AB moteur, qui deux mains
sur le volant et deux fesses sur le baquet me raconte souvent l’évolution de modèles
automobiles mythiques.
Si toutes ces
discussions, émissions, échanges et la peur de la perte de points sur le permis
de conduire me poussent à appréhender la conduite en respectant les limitations
de vitesse, les interdictions, les dangers, les règles de stationnement etc. ce
n’est malheureusement pas le cas de tout le monde.
Tous les
matins à l’heure où je dépose mes enfants et les après-midi à l’heure de la
sortie de l’école, j’ai l’impression de repasser mon permis de conduire, de
tester mes connaissances sur les limites de mon véhicule et de réviser les règles
du code de la route.
Il m’arrive
aussi de tester ma patience et ma courtoisie envers les autres conducteurs, parents,
chauffeurs ou nounou, venant déposer ou récupérer des enfants.
Il m’arrive d’engueuler
des chauffeurs qui insistent pour se garer dans un demi-emplacement très étroit
entre 2 voitures et qui te niquent la voiture pour pouvoir ouvrir leur portière
et descendre!
Il m’arrive
aussi d’halluciner devant ces chauffeurs qui se garent du coté opposé par
rapport à l’école et qui traversent la route nationale avec les enfants pour éviter
de marcher 5 min dans le parking, vive la sécurité et la bonne conscience.
Il m’arrive
parfois de vouloir donner des cours à madame qui ne sait pas différencier entre
stationnement et arrêt, deux notions très différentes, qui n’a peut-être jamais
lu le code de la route mais qui roule en berline de luxe. Madame, qui croit, vu
le prix de la scolarité, avoir financé la construction et la survie de l’école,
veut se garer en priorité devant la porte d’accès, dans une zone non réservée
au stationnement et bloquer par-dessus le marché le passage des autres véhicules
ajoutant son grain de sel à tout le bordel que nous avons déjà sur la zone de
parking de l’école.
Bordel de
parking dans lequel on trouve plusieurs écoles : ceux qui touchent au créneau,
ceux qui foirent lamentablement, parfois de manière spectaculaire et ceux qui
ont décidé de ne pas trop se laisser emmerder et se garent comme des merdes
sans pression.
Il m’arrive
parfois de vouloir expliquer à certain que conduire est un privilège et non un
droit qu’il faut respecter en adoptant une conduite professionnelle dans le
respect des consignes de sécurité sur la route, dans le parking et surtout
devant une école.
Quel bel
exemple ces gens donnent à la future génération ! Un tour dans le parking résume
tout !
Alors, pour
conclure je dirais à tout ceux qui clament que la conduite à Marrakech est une véritable
catastrophe ou défi, à ceux qui disent que les marrakchis ne conduisent pas
mais ils se déplacent, je veux dire
venez faire un tour dans le parking devant l’école de mes enfants !