Il
y a 5 mois, défiler dans les rues de Paris, faire les magasins, voire la
dernière collection à la recherche de la pièce phare à suspendre dans le
dressing et boire un café en terrasse n’étaient pas un luxe mais un quotidien.
Il
y a 5 mois, j’observais les tenues des working girls en traversant les
Champs-Elysées tous les jours pour aller travailler.
J’étais
contente de reconnaitre la marque des sacs à main, de la robe ou des chaussures grâce à ma notion générale
nourrie régulièrement dans les magazines ou en vitrines.
Il
y avait le plaisir de voir les autres filles habillées dernier cri ou tout
simplement resplendissante en tenue casuel.
Mais
il y avait aussi le plaisir partagé de se déhancher en robe, jupe ou jean slim
avec des stilletos ou ballerines en fonction du programme de la journée :
bureau ou chantier.
Rien
ne m’empêchait de choisir une belle tenue le jour de chantier et de troquer mes
stilletos contre des bottes de chantier dans la voiture sur le parking avant la
réunion. Ca prenait 5 minutes mais ça valait le coup !
A
Paris, il y avait une charte officieuse qui circulait entre nous obligeant
toutes les femmes à se faire belles, à avoir une tenue correcte digne des plus
grandes enseignes, dénichée dans un temple de la mode ou chez le petit chinois
rue de Belleville !
Aujourd’hui
le décor a changé, exit Paris pour une nouvelle destination. Une destination ou
les femmes se promènent en « Abaya », tenue traditionnelle que
je respecte, rien à dire.
La
« Abaya » est portée au-dessus des autres vêtements non imposés. Il y
en a des très belles et de toutes les couleurs ! Ce n’est pas le sujet. Ce qui attire mon attention c’est les variétés
de chaussons que les femmes portent dans la rue. Je ne peux m’empêcher de me
demander si c’est juste par manque de temps qu’elles ne les troquent pas contre
de vraies chaussures ou simple mode locale ?
A
ma connaissance les chaussons c’est des chaussures d’intérieurs pour un usage domestique
de confort mais ils sont tellement confortables que les femmes les portent dans
la rues. Il y a un défilé de chaussons de toutes les couleurs et les textures.
Les jours de pluie elles sortent les chaussons en plastiques ou fourrés.
Le
jour des courses, une autre tenue fait surface, celle du survêtement !
Ici, le jour des courses est un jour de sortie nationale. Toute la famille sort
faire les courses. On y voit l’homme et la femme, les enfants même de bas âge mais
surtout les grands-parents, parfois tellement fatigués de marcher qu’ils attendent
sagement sur les bancs devant la grande surface pendant que le père de famille
paie sa facture.
Le
point comment de toute la famille est le survêtement avec les baskets.
Il
y a 5 mois, porter des chaussons dans la rue n’était pas envisageable.
Il
y a 5 mois, voire toute la famille dans une grande surface n’était qu’une
illusion.
Il
y a 5 mois, voire une femme stylée en pantalon moulant avec de belles
chaussures n’était pas impossible.
Il
y a 5 mois, lire le texte datant du 16 brumaire de
l'an IX (7 novembre 1800), pris pour contrer le mouvement
révolutionnaire des "sans culottes" en France, qui interdit aux
femmes de porter un pantalon et qui les incite à demander l'autorisation à la
police pour pouvoir se couvrir les jambes dans la capitale, n’était pas sans
provoquer de fort fou rires.
Je
ne peux que hurler très fort qu’ « au nom de la mode, les femmes doivent
être des hors la loi et ça vaut le coup ! »