Hier, autour d’un café avec les habitués libanais de mon restaurant, on papote comme à notre habitude quand un ami reçoit un appel téléphonique, il se lève brusquement, l’air grave, comme si l’Élysée l’appelait en urgence.
Silence autour de la table… On s’attendait presque à voir débarquer des gardes du corps.
« C’est
sûrement le gouvernement », glisse quelqu’un en riant. Chez nous cette expression
est utilisée quand la femme de quelqu’un l’appelle.
Finalement,
ce n’était qu’un appel du boulot. Mais cette petite phrase a lancé la
discussion…
Un ami,
moins familier avec l’expression, me regarde et demande :
-
« Et toi, tu n’as pas d’appel du gouvernement ? »
Un
autre lui répond du tac au tac :
-
« Mais c’est elle, le
gouvernement ! »
Alors là, non! Stop. Je rends le mandat.
Je ne
veux pas du tout ce titre.
Parce
qu’on va être honnêtes deux minutes : être « le gouvernement » à la maison, ça
veut dire quoi, exactement ?
Ca veut
dire que si la femme de ménages a fait un accident, si l'école se termine
exceptionnellement à midi, ou qu’un rdv de dernière minute s’ajoute à l’autre
bout de la ville… eh bien rien ne change à la journée et emploi de temps de monsieur.
Mais moi, en vrai, soyons clairs, pendant
ce temps, voici ma « mission gouvernementale » quotidienne :
– Oui,
le dîner est prêt : protéine, légumes et pas beaucoup de féculents.
– Oui,
les enfants sont récupérés (tous, en entier, même le cartable).
– Oui,
le chien est nourri (et pas avec les croquettes des enfants, attention).
– Oui,
les courses sont faites (et pas par Amazon, hein).
– Oui,
la machine est vidée (et la femme de ménage est à l’hôpital).
– Oui,
les shootings et posts Insta du resto sont prêts, filtrés, légendés,
sponsorisés.
– Oui,
j’ai relu mon dernier compte rendu de chantier.
– Oui,
j’ai relancé le menuisier, le BET fluides et l’acousticien (qui répondent plus
lentement que n’importe quelle administration).
– Oui,
la société tourne et les clients satisfaits.
– Oui,
l’apéro du samedi est organisé, avec olives, glaçons, playlist et même la
bougie anti-moustiques.
Et
j’arrête là parce que la liste est si longue qu’on dirait un inventaire à la
Prévert… sous stéroïdes.
Donc non, Merci.
Je ne
veux pas être « le gouvernement ».
Je ne
veux pas gérer les crises, faire les lois, organiser les sommets internationaux
ET préparer les tartines du matin.
Je ne
veux pas dormir « comme un bébé » – parce qu’un bébé, ça se réveille toutes les
deux heures.
Je veux
dormir comme mon mec : inconscient, serein, persuadé que tout roule… parce que
quelqu’un d’autre s’en est déjà occupé.
Alors à
mes amis, je dis : prenez le gouvernement, le ministère et même la République
si vous voulez.
Moi ? Je vise plus haut.
Je veux juste récupérer ma
liberté et être… la Touriste!
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