lundi 16 août 2021

Mon Liban, ma crise.

En juin dernier, j’ai pris l’avion sur un coup de tête pour aller passer les vacances dans mon pays natal. Il m'était impossible et impensable de passer encore un été à Marrakech, un été de plus loin de mon pays, mes amis et de ma famille.

La dernière fois quand j’avais quitté le pays, il y a 2 ans,  je venais d’enterrer mon père, je venais de devenir orpheline et je pensais que ma tristesse était à son apogée.


Pendant les 2 ans de mon absence, j’ai perdu beaucoup de mes proches, un nombre conséquent des habitants du village, il y a eu un événement meurtrier dans mon tout petit village perdu au fin fond du pays qui nous a causé la mort de 3 cousins, morts en défendant le village face à des étrangers dangereux et armés. Ceci à petite échelle car pendant les 2 ans de mon absence la révolution a commencé dans le pays mais aussi la Covid-19 a ravagé le monde entier. 

2 ans ont passé ne laissant derrière eux que tristesse et amertume, peine et desespoire. Pendant ces 2 ans, les enfants du monde ont suivi les cours d'école en ligne pendant que moi je suivais les nouvelles des amis, ma famille et du pays en ligne. 

Je vivais les enterrements à travers un écran, le couteau dans le cœur, je vivais les messes de pâques à travers les réseaux sociaux en priant pour que la misère de mon peuple s'arrête. Je vivais la plus grande explosion du siècle sur google pour vérifier la distance entre les maisons de mes connaissances et le port de Beyrouth, un compas et une règle à la main en mode police scientifique pour calculer le rayon des dégâts en attendant d’avoir mes proches au téléphone. Je vivais mes douleurs, mes chagrins, mes déceptions en mode avion pour ne pas les partager avec mon entourage déja noyé dans leur propre merde! 


La préparation du voyage cette fois était exceptionnelle, j’avais lu des articles sur le Liban pendant tout ce temps mais je me disais que le net a tendance à exagérer les faits jusqu'au moment ou j’ai eu mes frères au téléphone me donnant la liste des médicaments à ramener dans ma valise car ces derniers sont en rupture de stock dans les pharmacies. Effectivement ce que j’avais lu était vrai, les expatriés ne remplissent plus leurs valises de cadeaux pour la famille mais de choses indispensables comme les médicaments basiques du type doliprane, antibiotiques, anti-inflammatoires, médoc pour le diabète, le cholestérol, la pression sanguine qui sont tous en rupture de stock et qui sans eux les personnes meurent faute de soins. Certains medicaments sont vendu au marché noir mais le prix est faramineux et l’accés est difficile. Le peuple essaie de se débrouiller comme il peut, il y a eu la création de pages d’entraide sur les réseaux qui favorisent le troc de médicaments, genre je te donne 2 pilules d'anti-inflammatoire contre 3 d'antidépresseur et cela me fait tenir 1 semaine.

 

La situation dans le pays est catastrophique, du jamais vu dans l’histoire du pays depuis la première guerre mondiale, le peuple est en train de mourir à petit feu: Il n’y a pas d’essence, devenu de plus en plus rare en plus des queues de demie-journée pour remplir le réservoir de 10 à 20 litres histoire d’avoir un peu de réserve dans le réservoir en cas d’urgence. Les urgences il y en a, surtout pour emmener un malade à l'hôpital et ca si il y a encore des hôpitaux ouverts et qui ont des médicaments. A cause de l’inflation de la livre libanaise, de la pénurie d'électricité et des médicaments, du gasoil pour le générateurs d’appoint et le manque de soignants,  aujourd’hui il y a 3 hôpitaux majeures dans le pays qui ferment, les autres vont suivre. Le libanais n’ont plus accès à un service de santé correcte, n’ont plus d'électricité qui vient quelques heures par jour. Le mazout est en rupture et les générateurs d’appoint ne peuvent plus assurer le minimum vital. Les commerces, les restaurants, les boutiques ferment faute de pouvoir assurer le minimum syndical. Les boulangeries rationnent le pain dont le prix a été multiplié par 10 en quelques jours et dont le stock ne suffit pas pour tout le monde. La nourriture devient un luxe, se procurer de la viande non avariée devient mission impossible, de même pour les produits laitiers bien conservés. Le risque d'intoxication est très élevé, car les produits stockés dans les supermarchés ou les restaurants ne sont plus frais faute d'électricité, d’essence, de gasoil et autres.


En résumé, le peuple meurt à petit feu, les gens sont déprimés, anxieux et ne pensent qu'à quitter le pays et trouver refuge n’importe où ailleurs.

Le Liban connaît une crise sanitaire et humanitaire grave, il est  passé de la Suisse de l’orient à la poubelle de l'humanité. Si il y a deux ans j’avais cru que la douleur de perdre mon père était le summum de ce que une personne peut vivre, aujourd’hui je dois quitter mon pays, laissant mes amis, ma famille et mes frères dans une situation catastrophique, avec une peur de ne plus jamais pouvoir les revoir, de plus jamais pouvoir revenir car j’ai perdu tout espoir dans ce pays et dans ce peuple qui continu à acclamer cette classe politique de mafieux pourris capable de laisser son peuple périr.


1 commentaire:

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